18 septembre 2013

The last Derek Bailey great duo w. S.H Fell @ Trip-Tyk's Porridge


The Complete 15th august 2001 Derek Bailey & Simon H Fell Confront Recordings CD ou Download (Bruce’s Finger)  http://www.confrontrecordings.com/#!releases/c1o68



T

Qui est Simon H Fell ? Un contrebassiste d’exception, un improvisateur de première, un compositeur chef d’orchestre génial et un des plus importants activistes de la musique improvisée en Grand Bretagne, émigré depuis quelques années dans le Limousin. Derek Bailey, vous connaissez sans doute, hein le Godfather de l’improvisation libre et un guitariste unique etc… Ou vous croyez le connaître ou le reconnaître. A partir du milieu des années nonante, on le vit / fit jouer et enregistrer avec tout un chacun, d’Henry Kaiser à Pat Metheny ou Bill Laswell, Calvin Weston et Jamaladeen Tacuma, les Ruins ou Thurston Moore, Joëlle Léandre… On  a aussi ressuscité le trio avec Gavin Bryars et Tony Oxley : j’étais à un de leurs deux concerts, l’autre est publié par Incus…  hmm… Tout ça, pas toujours pour le meilleur, souvent malheureusement dispensable. Sa guitare électrique s’est d’ailleurs saturée au fil des ans .. aâh ! , l’amplification stéréo de 1974/ 75 avec Braxton, Evan Parker et Honsinger !

Heureusement, Mark Wastell eut un jour le bonheur de réunir Fell et Bailey dans le sous-sol de sa boutique 323 à Highgate et d’enregistrer encore une heure d’improvisation totale que je ne suis pas prêt d’oublier. Dans un vrai lieu londonien bourré d’auditeurs qui ont très souvent une extraordinaire expérience d’écoute de cette musique (hebdomadaire, voire quasi-journalière pour certains : Adam, Gus, George, Gerard, Tim, Tom etc…), Derek joue ici de la guitare acoustique dans son style caractéristique (harmoniques, larges intervalles post dodécaphoniques, cordes à vide et stoppées successivement) et s’échauffe : Pre –Tea 1 avant de s’éclater.  Post -Tea 1 : il se livre à une remise en question de son savoir (clichés) pour chercher l ‘improbable : on a droit à une véritable foire d’empoigne, moulinets dingues et harmoniques placées avec une finesse rarement entendues ailleurs. Il faut entendre Simon H Fell suivre ou précéder les moindres pensées du guitariste, le pousser hors des sillons prévisibles. Ses doigtés qui font le grand écart ne sont jamais pris en défaut, les idées viennent toutes seules.

Derek Bailey a enregistré une dizaine de duos aussi fascinants que différents et qui sortent de l’ordinaire. Ses collègues expriment une grande admiration pour sa capacité à renouveler son jeu dans de multiples circonstances et cela s’exprime avec la plus belle évidence dans ces duos (Evan Parker, Han Bennink, Steve Lacy, Anthony Braxton, Tristan Honsinger, Andrea Centazzo, Jamie Muir, Christine Jeffrey, Tony Coe, John Stevens, Alex Ward, Min Xiao Fen). Ce concert du 15 août 2001 est sans doute le dernier de ces grands duos, avec Seven, excellente conversation avec le percussionniste Ingar Zach (Incus). On y trouve le méthodique, l’instrospectif, le déchaîné, le synthétique, l’exploratoire, le logique, le loufoque, le rageur, le pastoral, l’imprévu, le dingue et le loufdingue. Tous les climats, suspendus au-dessus du vide ou à un train d’enfer…. Des extraits avec un son cassette avaient été publiés en CDr par Confront il y a dix ans. J’en vends une copie… si je la retrouve dans mon fourbi ! Voici la version complète présentée dans un boîtier métallique argenté format boîte à cigarettes à rouler. Fumant !!



NB J’ai pas encore reçu le CD par la poste , mais Bruce's Fingers, le label de Simon H Fell, m’a offert un download que je viens d’avaler d’une traite : quel plaisir !!
Si vous ne savez pas trop qui est Simon H Fell et comment il joue, pas facile de cerner le musicien. Comme SHF n’est pas obsédé par son CV, mais plutôt par la musique, je suggère que nous abandonnions graduellement des idées toutes faites : http://brucesfingers.bandcamp.com   ... Cette musique sert à çà !



Porridge Diplomacy  Ensemble Tryp-Tik  Adam Bohman Adrian Northover Catherine Pluygers. wwwtriptik.org.uk

Ces trois musiciens se sont rencontrés dans le London Improvisors Orchestra, il y a une dizaine d’années, et ont rassemblé leurs  expériences et leurs intérêts musicaux dans un trio décoiffant, excentrique et atypique. Musique contemporaine et classique pour la hautboïste Catherine Pluygers, jazz contemporain et compositions modernes pour le saxophoniste soprano Adrian Northover et le do-it-yourself from scratch pour les objets amplifiés d’Adam Bohman. Ces trois pôles constituent le gros des références musicales de base de l’improvisation libre avec l’imagination en prime, la quelle est une seconde nature chez ces trois improvisateurs. Les deux souffleurs mêlent leurs souffles avec une réelle empathie et , première constatation, Adrian a le bon goût instinctif de faire sonner son soprano de manière à ce que son timbre, son articulation et sa résonnance se marient avec la sonorité et les volutes du hautbois, instrument nettement malléable que le saxophone. Les deux souffleurs sont confrontés au capharnaüm sonique en provenance de la table d’Adam Bohman, couverte des objets amplifiés les plus hétéroclites, trouvés dans les fins de brocante ou sur la décharge, par le truchement des microcontacts collés sur la surface de la table. Le côté low-fi est accentué par le vieil ampli de guitare 20W bon marché. L’interaction entre les musiciens fonctionne à plusieurs niveaux, le fil mélodique des souffleurs semble hétérogène face à la cuisine bruissante du délirant objétiste, une personnalité réellement et complètement surréaliste. Ses collages graphiques qui ornent pochettes de CD’s et affiches du Horse Club l’illustrent à merveille. Ces trois artistes sont aussi différents qu’ils se complètent dans un synchronisme décalé et une empathie insoupçonnée au premier abord. Il y a un courant au sein de l’impro londonienne qui consiste à marier la chèvre et le chou dans des assemblages improbables. Terry Day, Steve Beresford, Phil Wachsmann, Lol Coxhill ont été coutumiers du fait, laissant l’esprit de sérieux à leurs collègues germaniques et français. Cela dit, Porridge Diplomacy  se compose de 18 pièces entre cinquante secondes pour les plus courtes et 3 ou 4 minutes pour les plus longues. Les titres improbables sortent tout droit de l’imagination de Bohman qui est aussi un poète qui utilise l’art de la découpe et le collage des mots dans un télescopage sémantique on ne peut plus british. D’ailleurs lors d’une distribution de chocolat après un concert londonien, et voulant offrir un chocolat aux feuilles de menthe au plus « british » des improvisateurs présents, l’assemblée m’a désigné Adam Bohman comme étant celui-là. Ex-cen-tri-que, sans ostentation et avec la plus confondante simplicité. En slang belge bon teint, Adam est le « king du brol » parfait. Cannibal magnetism, Furlong, Compression Mode, Talcum Chowder, Varicose Lane, Luggage Daffodils and Tungsten  défilent avec un aplomb et un naturel inimitable entraînant les souffleurs à se dépasser au point qu’on oublie qui joue du hautbois ou du soprano et lequel des deux instruments / instrumentistes intervient… en se calant sur les ponctuations des bruitages de Bohman. Le jeu de Catherine Pluygers fait preuve d’une souplesse et d’une fluidité inventive qui demande une technique haut de gamme, sans que cela ne sente l’effort et l’exploit. Une invention naturelle et organique. Adrian Northover souffle dans son sax soprano avec une réelle maîtrise : les multiphoniques et doigtés croisés. Pour ces trois musiciens attachants, l’improvisation , l’écoute et l’expression de leurs singularités musicales est un art de vivre, joyeusement oublieux de l’exégèse esthétiquante de bazar.


porrodge


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