Chronologie du Spontaneous Music Ensemble 1965-1994 incluse dans mon article Spontaneous Music Ensemble and John Stevens publié par Improjazz en février et mars 2007
1 / 65/66 Débuts / Premières rencontres & retrouvailles
The Watts Rutherford Quartet avec Trevor Watts, Paul Rutherford et John Stevens se forme après un séjour de quatre ans dans la RAF, entre autres à Cologne où ils croisent un jeune Alex von Schlippenbach qui "jouait comme Bill Evans".
Le Trevor Watts Paul Rutherford Quartet devient le Spontaneous Music Ensemble à la suggestion de Paul Rutherford.
Les bassistes seront successivement l'australien Bruce Cale, Jeff Clyne, Harry Miller et Chris Cambridge. Lieu : The Swan dans Drury Lane.
LP Challenge en 1965 sur le label Eyemark avec Kenny Wheeler Trevor Watts Paul Rutherford Jeff Clyne et John Stevens.
Le SME joue au Little Theatre Club & Betterbook Basement (où officie Bob Cobbing le poète sonore) avec Watts, Stevens, Rutherford, Kenny Wheeler, Barry Guy, Evan Parker et Derek Bailey. Le LTC est un théâtre expérimental au quatrième étage d'un bâtiment à l'arrière du Garrick Theatre. John Stevens y organisera régulièrement des gigs de 1965/66 à 1974.
Break : Stevens et Parker vont jouer à Copenhagen entre autres avec John Tchicaï , Hugh Steinmetz et le groupe qui deviendra Cadentia Nova Danica (cfr album MPS SABA avec Breuker)
Selon Evan, ils étaient plus "free" et plus aventureux.
2/ 67/68 SME avec Evan Parker
Seeing sounds and hearing colours : nouvelle direction initiée par John Stevens suite à l'expérience danoise avec une diversification des instruments, des formes et des textures : Trevor y joue du hautbois, du soprano , de la flûte. Participent : Guy, Bailey, Parker, Rutherford, Watts et Wheeler.
Va-et-vient entre le LTC & Ronnie Scott’s Old Place (2 gigs par soir). Le SME se réduit au trio Watts /Parker/ Stevens puis au duo de Parker et Stevens. Le groupe devient la chose de John Stevens. Parker s'y cooncentre au sax soprano car John désire un instrument plus aigu et propice au détail pour la mini-batterie à la quelle Evan Parker a contribué en sélectionnant tambours chinois, crotales cloches et en en construisant l'infrastructure. Lieu : les Cousins dont ils se font virer suite à un gig scandaleux avec le mime danseur Lindsay Kemp, futur démiurge de David Bowie et Kate Bush.
Trevor Watts quitte le SME et fonde Amalgam avec Paul Rutherford et Barry Guy. Invités du SME : Wheeler & Bailey. Evan Parker & John Stevens jouent fréquemment en duo en1967 (Summer 1967 Emanem 4005) et successivement en trio avec les bassistes Peter Kowald, Barre Phillips & David Holland au sein du SME
Stevie Winwood introduit Evan Parker chez Island , un nouveau label. LP Karyobin pour le label Island enregistré avec John Stevens, Evan Parker, David Holland, Derek Bailey et Kenny Wheeler, preneur de son : Eddie Kramer l'ingé son de Jimi Hendrix. Présente : Yoko Ono.
Au LTC & Ronnie Scott’s Old Place , le SME joue avec Chris Mc Gregor, Dudu Pukwana, Louis Moholo, Mongezi Feza & Johnny Dyani qui se sont établis à Londres et y enregistrent.
Tony Oxley est batteur maison au Ronnie Scott's et joue avec Ben Webster, Lee Konitz, Bill Evans... Joseph Holbrooke trio ( Bailey Oxley et Gavin Bryars) donnent un unique concert au LTC.
John et Evan aux journées de Baden Baden en remplacement de John Tchicaï et rencontre avec Don Cherry Albert Mangelsdorff Fred Van Hove Brötzmann etc... Le SME est invité à Berlin en avril 68 suite à une performance dans un Arts Lab où ils enregistrent avec Yoko Ono (qui a gardé la bande)
Session avec Rashied Ali, David Holland, Peter Kowald, Stevens, Watts et Parker pour Island. Parker quitte le SME après la tournée allemande de Machine Gun avec Brötzmann en mai 68 et fonde Music Improvised Company avec Bailey, le batteur Jamie Muir et la participation de Gavin Bryars puis de John Tilbury avant qu'Hugh Davies se joigne au groupe. John Stevens rencontre une chanteuse de cabaret jazz dans un club et elle est engagée illico : Maggie Nicols
3/ SME avec Trevor Watts a/ 1968/71 & b/ 1972-76
a/ 1968/71
Berlin novembre 68 , le SME ( Trevor Watts, Maggie Nicols, Carol Ann Nichols, John Stevens) participent au premier Total Music Meeting organisé par la future FMP (Brötzmann, Kowald, Schlippenbach, Jost Gebers...). John Mc Laughlin y joue avec le SME. Evan Parker y joue avec le Brötzmann Octet. Ils rencontrent Sonny Sharrock, Gunther Hampel, Jeanne Lee, Pharoah Sanders.
SME = Trevor Watts (alto), Maggie Nicols, Johnny Dyani & John Stevens augmenté sporadiquement de Bailey, Peter Lemer, Pepi Lemer, Carolann Nichols, Kenny Wheeler, Mongezi Feza, Rutherford, Norma Winstone. LP SME – Oliv 69 produit par Giorgio Gomelsky pour son label Marmalade Ingé son : Eddie Offord. Mais le centre des activités est le Little Theatre Club. John organise une soirée le vendredi et le samedi soir très tard. Derek Bailey joue le jeudi avec plusieurs musiciens parmi lesquels Jamie Muir dont l'inventivité non conformiste l'influence. John demande à Derek de jouer au premier set. En effet , il arrive souvent qu'il n'ait aucun auditeur et donc, les musiciens ont leurs collègues comme auditeurs . C'est de cette époque que provient l'habitude de partager les gigs à deux ou trois groupes afin d'augmenter le nombre d'auditeurs, d'écouter ses collègues pour favoriser les échanges.
Composition : Familie avec différents SME en studio et concerts.
Session avec Steve Swallow, Trevor et John engagée par le label ECM mais refus de John pour l'editing suggéré par Manfred Eicher.
Jam avec Lennon et Yoko Ono, John Tchicaï, Watts et Stevens au festival de Cambridge publiée par Apple (Battle of the Lions).
Débuts des workshops avec débutants et vocalistes etc..
SME / CND happenings et concerts de trente à soixante participants (Montreux Festival).
Preneur de son : Bob Brown et Trevor Watts
Amalgam : LP Prayer fr Peace (Trevor Watts Clyne Stevens et Barry Guy) pour le label folk Transatlantic qui publie aussi The People Band.
LP SME The Source (label Tangent) et naissance de Louise Stevens
et Source concerts avec Ray Warleigh, Wheeler, Smith, les frères Pyne Marcio Mattos etc….
LP So What Do You Think avec Watts, Bailey, Wheeler & Holland /Tangent.
Les pièces des ateliers Sustain et Click deviennent les morceaux du SME.
SME 1971: Julie Driscoll (Tippets) voix / T. Watts soprano / Ron Herman basse / J. Stevens perc. LP Birds of Feather pour le label Byg. Concerts en Norvège, France, Italie. Au Festival Pop de Palerme devant des milliers de spectateurs, le SME joue sous les huées en recevant des projectiles que Trevor évite en sautant de côté tout en jouant. A la fin du concert, on doit les enfermer pour leur sécurité.
Bobby Bradford rencontre le SME et enregistre le contenu de deux albums réédités par Nessa. Julie Tippetts quitte le groupe fin 1971 et le SME joue à Berlin avec Irène Schweizer, Arjen Gorter et Radu Malfatti.
b/ 1972/76 SME duo au LTC.
Extraordinaire version du SME avec Johny Dyani Trevor Watts Mongezi Fesa John Stevens qui joue au festival de Molde. Martin Davidson d'Emanem découvre ce SME + Derek Bailey au Little Theatre Club en 1972 et devient un suporter acharné du groupe et de la scène improvisée
Suite à cette évolution, le Spontaneous Music Ensemble se focalise sur le duo Stevens - Watts où les deux musiciens développent des modes de jeux basés sur l'écoute et un travail de déconstruction du rythme et des pulsations en répétant tous les jours. Trevor adopte le sax soprano, instrument fétiche de la SME music. Mais il enregistre So What Do You Think We Are ? avec Bailey, Wheeler et Dave Holland pour Tangent, label qui éditera aussi un superbe disque d'Amalgam : Innovation.
Bethnal Green & Ealing Workshops hebdomadaires : Search & Reflect. John Stevens et Trevor Watts mettent au point les techniques de workshops avec la voix, les drones, One - Two, Search and Reflect basées sur l'écoute, la perception des pulsations et la communication sensorielle. Des dizaines de musiciens y participent : c'est la Deuxième Génération : David Toop, Paul Burwell, Steve Beresford, Nigel Coombes, Larry Stabbins, Roger Smith, Colin Wood, Robin Musgrove, David Solomon, Gary Todd, Herman Hauge, Marcio Mattos, Marc Meggido, Lindsay Cooper, mais aussi John Russell, Nigel Coombes, Phil Wachsmann, Peter Cusack, Simon Mayo etc… Ces musiciens sont invités à se joindre au SME et / ou à se produire au LTC.
John Stevens se joint à Free Space avec Terry Day, Herman Hauge, John Russell, Nigel Coombes etc…
Deux concerts réguliers chaque semaine au LTC : SME duo + trio avec Kent Carter, Evan Parker ou Derek Bailey (cfr CD Dynamics of the impromptu FMR) et des dizaines de groupes où se mêlent les jeunes musiciens et les pionniers dont Chris Mc Gregor, Lol Coxhill. Preneur de son : Martin Davidson. C'est de ce bouillonnement de groupes interchangeables de la "seconde génération" qui a inspiré Derek Bailey dans la création de Company.
A Records label de Watts et Stevens : SME For You to Share 1970 & Amalgam Plays Higgins & Blackwell.
Label Emanem : SME Face to Face qui sortira en 1975 alors que groupe avait encore évolué, The Crust de Steve Lacy avec Bailey et Stevens, Love’s Dream de Bobby Bradford avec Watts, Stevens et K Carter et tournée de ce quartet avec Amalgam , le groupe de Trevor. Amalgam se compose de Trevor Watts, Stan Tracey puis Keith Tippett, Lindsay Cooper, Kent Carter, Terry Quaye, Watts et Stevens. Album Innovation pour Tangent.
1974 Concert à l' ICA 14 jan 74 : SME : Bailey Parker Watts Kent Carter et John Stevens ( cd Quintessence Emanem).
SME/SMO += à St John Smith’s Square Church janvier 75 et LP du concert SME/SMO += sur A Records.
1976 SME =TW + JS + Roger Smith. Amalgam devient électrique et John lance le groupe « jazzrock » Away à partir du personnel d'Amalgam qui continuera avec le batteur Liam Genockey et ensuite le guitariste Keith Rowe. Trevor quitte définitivement le SME.
4/ 77 / 94 SME String / avec Roger Smith & Nigel Coombes.
77 SME String : ColinWood violoncelle, Nigel Coombes violon, Roger Smith guitare espagnole, John Stevens SME percussion kit
LP SME Biosystem Incus. Colin Wood quitte en 1978.
John Stevens a beaucoup d’autres projets hors de SME : Away, Dance Orchestra, Splinters avec Pete King, PRS (avec Simon Picard & Paul Rogers), Freebop avec Gordon Beck , Folkus, Detail avec Dyani & Frode Gjerstad, Fast Colour avec Dudu Pukwana, Pinise Saul, Annie Whitehead, Nick Stephens et Ernest Mothle.
Sessions au pub the Plough à Stockwell avec Barry Guy, Watts, Parker, Mike Osborne, Brötzmann etc…. Le trio Watts /Guy/ Stevens enregistre les deux LP No Fear & Interaction (Spotlite) au Riverside studio + Endgame avec Riley (Japo). Disques chez Vinyl en Allemagne dont l'extraordinaire Chemistry avec Ray Warleigh, Trevor Watts, Kenny Wheeler et Jeff Clyne, sans doute son plus beau disque de "jazz".
1981 SME / SMO en concert à Notre Dame Hall et LP de ce concert sur SFA avec Watts, Maggie Nicols, Rutherford, Coxhill, Riley, Nicols, Coombes et Smith. (Trio and Triangle Emanem)
Les concerts du SME se raréfient durant les années 80.
John tourne avec Charlie Watts, Courtney Pine, Dyani et ses groupes.
90’s : nouvel intérêt, mais Coombes quitte en 92 après l'enregistrement de Surfaces (CD Konnex ou ReSurfacing Emanem).
Duos avec Bailey “Playing” et Parker “Corner to Corner”
92 SME : John Butcher / Smith/ Metcalfe Stevens
93 : Karyobin réédité par Chronoscope
May 94 : Concert Conway Hall LMC Festival: SME trio avec Butcher au sax ténor, Roger Smith et Stevens SME-kit A New Distance CD Acta réédité par Emanem.
Last Detail avec Kent Carter et Gjerstad. Keep on Playing en duo avec Gjerstad.
Novembre 94 : décès de John Stevens.
1995 Martin Davidson entreprend son programme de rééditions et d’inédits du SME et de Stevens sur le label Emanem.
FOR JOHN STEVENS
After a well-meant eulogy
which tries to be specific
but almost reduces you
to everybody's virtues
and after you've been rendered down
to a handful of ashes and bonedust,
It is finally time to drink your
local, a closed world
of noise, and smoke,
and booze, and awkward humour.
'tis chucking-out time
it hasn't really happened:
this is a gig, no more. And you?
Stuck in the traffic somewhere,
Cursing God and man.
Out in the night, though,
the truth makes itself known to us:
you have been indispensable,
but now we must learn to manage.
Funeral-rites are the start
of a slow letting-go.
Memory is salvage, or invention;
and bereavement, a powerless fury.
by RICHARD LEIGH
Guests.
Le père du British Blues, « Le » Mime, Le Mac et l’Architecte.
Une tradition bien ancrée dans le monde du jazz consiste, pour les musiciens à l’affiche, à inviter des artistes présents dans la salle durant un passage en club, généralement vers la findu concert. John Stevens l’a poussée à un point ultime de sophistication provocante et aventureuse. Durant l’été 67, le SME, réduit au duo Evan Parker & John Stevens, assure la première partie du duo Alexis Korner (guitare et chant) et Victor Brox (cornet et chant) au club « Les Cousins ». C’est dans ce club et au LTC que le concept de la SME – Music vit le jour et où le duo rencontra Peter Kowald. Alexis Korner est le personnage central du revival du Blues en Angleterre. Il invita Muddy Waters et Otis Spann à s’y produire, fut le coresponsable de la fondation des Rolling Stones, et ses enregistrements sont remarquables …
En 1967, tout comme John Stevens avec le free-jazz, Korner s’émancipe des contraintes formelles du blues pour en donner une version « free ». Pour clôturer le concert les quatre musiciens forment un quartet surprenant avec guitare, cornet, sax et percussion. Dès le départ, si la SME music marque une coupure avec les conventions du (free) jazz, c’est aussi un processus ouvert et cette jam en est l’illustration.
Lors d’une soirée aux Cousins, Stevens invite l’extravagant mime Lindsay Kemp à se joindre au groupe. Kemp deviendra le maître à penser de David Bowie et Kate Bush, ses élèves, et se taillera une réputation sulfureuse avec ses créations décadentes, orgiaques et sanguinolentes et son homosexualité théâtrale. On imagine le trio Kemp – Evan Parker – Stevens un soir d’août 67 ! Le mime fait un sort d’un mannequin de plâtre qui se trouve près de la scène en le détruisant complètement et transforme le club en foutoir. Le SME se fait évidemment virer illico des Cousins.
A la même époque, John McLaughlin habite à Ealing dans la même maison que la famille Stevens. Comme Jack Bruce, Graham Bond et beaucoup d’autres, il joue au Little Theatre Club. Il essaye volontiers de jouer « free ». Fred Van Hove se souvient avoir fait un concert avec John McLaughlin à Malines vers 1967 (avec Peter Kowald et Barry Altschul). Lors du premier Total Music Meeting de novembre 1968 à Berlin, le Spontaneous Music Ensemble est au programme avec John Stevens, Trevor Watts, Maggie Nicols et Carol Ann Nichols (aucune relation de parenté). Trevor se rappelle très bien de deux chanteuses « inexpérimentées ». John McLaughlin se joint au groupe et une photo de Maggie et du guitariste prise lors du TMM 68 se trouve sur le site de la chanteuse. Au même programme, le Peter Brötzmann Octet (avec Evan Parker), et la présence de Pharoah Sanders et Sonny Sharrock dans le public.
Quelques années plus tard, au pub The Plough de Stockwell (le deuxième quartier général de Stevens après le Little Theatre Club), John Stevens, Stan Tracey, Ron Herman et Trevor Watts chauffent la baraque un vendredi soir. Un jeune couple, Paul Shearsmith et Ann Mc Donald sont en train de vider des pintes de bière sous le charme de la musique. Soudainement, ils se mettent à crier, complètement ivres, en essayant de dialoguer avec les improvisateurs. Après un dernier verre, John Stevens leur demande s’ils jouent tous les deux d’un instrument. Paul Shearsmith a bien un vieux cornet fuité dans un coin et aucune formation musicale, mais répond à l’invitation. La semaine suivante, sur la scène du LTC, il se rend compte qu’il lui est très difficile de contrôler les sons. Il achètera un meilleur cornet pour suivre les ateliers de Stevens à la Rochelle School de Shoreditch durant années 72/73. Ann et lui deviendront des piliers du Little Theatre Club. On peut l’entendre dans le disque Together Again (Face Value FVR 001) avec Roger Smith, Alan Smith, Jerry Bird et Robin Musgrove, des anciens des ateliers de John. Depuis cette époque, il est architecte de profession et c’est ainsi qu’il est connu par les improvisateurs de sa génération (« Paul Who ? » -«The Architect ! » -« Oh Yes ! »). Lors de l’hommage rendu à John Stevens par le Gathering au Freedom of The City 2003 (un incroyable assemblage d’une trentaine de performers et improvisateurs !), j’entendis Paul Shearsmith souffler des perles aux moment les plus opportuns avec une rare émotion. Comme quoi, John Stevens n’a pas perdu son
temps.
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