Jacques Demierre & Urs Leimgruber Haekem - Wednesday 5 October 20 h
Jacques Demierre amplified spinet & Urs Leimgruber soprano sax
Contemporary improvisations (CH)
Jacques Demierre is playing a mobile keyboard instrument, the spinet, from which he coaxes the weird and unheard sound vibrations while Urs Leimgruber is exploring the tubular realities of his own soprano sax with mutual listening and sonic inventions.
Haekem Théâtre rue de Laeken 66 - 1000 Brussels in : 10€
Concert Video : https://www.youtube.com/watch?v=rpA_LkunwLI
With the support of Pro Helvetia, Schweizer Kulturstiftung and SUISA-Stiftung
www.prohelvetia.ch www.fondation-suisa.com www.haekem.blogspot.com
Urs Leimgruber & Jacques Demierre it forgets about the snow 2CD Creative Works CW 1067/1068.
https://www.creativeworks.ch/home/cd-shop/cw1067ccd/#cc-m-product-14612847032
Cela fait quelques décennies que le label helvétique Creative Works suit son petit bonhomme de chemin. Livré dans une pochette blanche 001 immaculée indiquant it forgets about the snow et les noms des deux artistes fréquemment associés, le saxophoniste Urs Leimgruber et le pianiste Jacques Demierre. « On connaît » vous allez dire, car le duo a enregistré bon nombre d’albums pointus en trio avec le légendaire contrebassiste Barre Phillips pour les labels Victo, Psi et Jazzwerkstatt. Ils ont développé un travail intense focalisé dans l’improvisation radicale et une recherche minutieuse de timbres rares avec une connivence créative unique. Mais après avoir écouté plusieurs albums les impliquants tous deux, nombre d'entre vous seront persuadés d'être en territoire connu et reconnu. Détrompez-vous ! Dans ce nouvel album dont un cd est enregistré en studio et le deuxième en live, Jacques Demierre a remisé son grand piano dont il aime à faire vibrer la carcasse en explorant les cordes, les mécanismes et les surfaces. On l’entend ici avec une épinette amplifiée alors qu’Urs Leimgruber se concentre sur la seule colonne d’air du sax soprano. L’instrument antique de Demierre est une épinette construite en 1771 à Marseille, une réplique d’un modèle conçu par le facteur Bas. L'épinette à la française ou clavecin traverso, dite en aile d'oiseau (de l'allemand) : la construction est en général franco-flamande, le plan – plus ramassé – est proche de celui d'un clavecin, mais avec un seul rang de cordes. Cette épinette possède un seul chevalet vibrant comme le clavecin et le clavecythérium. Le sillet est fixé sur un sommier rectiligne, planté de chevilles, placé au-dessus du clavier. Le clavier possède des leviers de touche de longueurs égales comme le clavecin. (cfr Wikipedia). Demierre s’en sert comme d’un objet sonore, l’amplification lui servant à renforcer la sonorité métallique comme s’il ferraillait avec l’instrument, mettant en valeur de multiples modes de vibrations, de touchers, résonances, grincements, tremblements, éclats de cordes tendues avec je ne sais quel accessoire. On pourrait croire qu’il s’agit d’un appareil électronique, d’une cithare désaccordée, ou d’une sculpture sonore très élaborée comme celles de Hans Karsten Raecke. Les deux improvisateurs établissent un curieux dialogue en sélectionnant des sons épars, isolés le saxophoniste allant au-delà de la pratique « normale » - conventionnelle de l’instrument en insérant systématiquement des zones de silence. Il ne s’agit pas d’un « phrasé » volubile ou d’un souffle continu mais plutôt des échantillons de sons curieux, pinçages d’hanche, pépiements, susurrations, aspirations, imitations d’oiseaux, harmoniques extrêmes, vocalisations dans l’anche, sifflements… et respiration circulaire dans les aigus, séquences courtes séparés par des silences marqués et les interventions de son comparse. Bruitiste, si on veut. Cette dimension bruitiste est partagée par Demierre quand il fait craquer les cordes tendues frottant le fil de cuivre qui entoure les plus graves. Le CD2 – Live enregistré à Offene Ohren / Munich contient des passages plus animés alors que le CD1 – Studio est plus expérimental ou proche de la dissection du corps improvisé. Que Leimgruber évoque quelques volatiles n’a rien d’étonnant, les cordes de l’épinette sont traditionnellement pincées par les calamus (tiges) de plumes d’oiseaux.
Dans la constante évolution de l’improvisation libre, une approche délibérément originale qui se distingue à la fois du pointillisme post SME, de la tendance AMM, du réductionnisme minimal ou lower case, etc... Voici le langage des signes sonores poétiques en écho successif, défiant les logiques et les notions de flux et de continuité. Pas de narratif, mais des sons à perte de vue comme une sculpture sonore vivante et insaisissable.
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Bonne lecture Good read ! don't hesitate to post commentaries and suggestions or interesting news to this......