Paul Hubweber & John Edwards Where’s My Girl ? NurNichtNur 1220721
Duo trombone - contrebasse ! Le tromboniste Paul Hubweber et le contrebassiste John Edwards ont partagé de magnifiques concerts et sessions avec le percussionniste Paul Lovens depuis plus de 20 ans au sein du trio « PaPaJo ». Trois albums atypiques relatent leurs explorations sonores spontanées : PaPaJo (Emanem 4076) , Simple Games (Cadence Jazz Records 1209) Spielä (Creative Sources CS 340 2CD). Suite à la défection définitive de Paul Lovens pour des raisons de santé, les deux comparses persévèrent en duo, démontrant ainsi de profondes affinités humaines et musicales. Cette combinaison instrumentale contrebasse – trombone est assez inhabituelle, mais il y a quelques sérieux antécédents.
Par exemple, Paul Rutherford et Barry Guy firent des concerts en duo (comme au festival de Moers en 1976), Radu Malfatti et Harry Miller enregistrèrent deux LP’s : Bracknell Breakdown (Ogun 320) et Zwecknagel (FMP – SAJ 34), Rutherford et Paul Rogers ont à leur actif Rogues (Emanem 4007 CD) et George Lewis et Joëlle Léandre, "Transatlantic Visions" (Rogue Art ROG 020). Et surtout, il y a Carte Blanche de Günther Christmann et Torsten Müller (FMP 1100) pour sa musique aussi volatile que précise et concentrée. Et voilà notre ami Paul Hubweber, un inconditionnel de Rutherford, Christmann, Malfatti et Lewis qui réalise une synthèse unique de toutes les idées et illuminations qui ont germé dans les recherches audacieuses et révolutionnaires de ces pionniers du trombone libéré et de l’improvisation radicale. La contrebasse et le trombone offrent tous deux des latitudes expressives exceptionnelles dans l’exploration de sonorités et nos deux amis s’entendent à merveille à nous esbaudir par l’étendue extraordinaire de leurs registres et de leurs capacités expressives. Et cela, en maintenant un fil ténu, mais sensible, avec le jazz « qui swingue encore » tout en divagant outre mesure. La voix de Paul H. chantant dans l’embouchure peut se faire lyrique même en exploitant des intervalles inusités. Les doigts puissants et agiles du contrebassiste font trembler le sol et la caisse de l’instrument avec des pizzicatos telluriques, carrément mingusiens quand le besoin se fait sentir. Son engagement constant se matérialise dans un flux de frictions, filetages, frottements boisés, vibrations tactiles, arpèges sauvages qui propulsent le souffleur au-delà du surnaturel dans des collisions soniques. Paul Hubweber n’a de cesse de camoufler le timbre de son trombone et de faire rugir (ou voiler, frétiller, exploser etc..) la colonne d’air avec une aisance et une frénésie irrésistibles, cisaillant timbres et couleurs, la compressant avec ses lèvres folles, projetant des explosions de tubulures multidimensionnelles ou un paisible sustain vocalisé. Le contrebassiste dévale ces cascades de notes, comme le ferait un danseur, sur la touche fragile sur laquelle claquent de virulents, mais prosaïques, slaps du jazz de bon-papa. La résonance des cordes de la contrebasse dévoilent des rebondissements soniques élastiques, le chant du coeur qui bat, la sève instantanée et intense des parties ligneuses du gros violon qui chante ou vibre sous la puissance de l’archet ou hoquète au col legno. C’est tout simplement phénoménal ! La paire nous offre un majestueux parcours à travers de multiples occurrences ludiques que je n’arrête pas d’écouter et réécouter, le matin, l’après-midi et le soir. Tout simplement essentiel, infiniment chaleureux et sans aucun équivalent. Étant un fana de Rutherford et des autres, je me le passe le matin, l'après midi et le soir NB : J'ajouterai le lien audio une fois paru.
Joëlle Léandre et Paul Lovens Off Course ! Fou records FR CD 41
https://fou-records.bandcamp.com/album/off-course
Contrebasse et percussions une combinaison instrumentale qui fait sens, ces deux instruments étant associés dans la section rythmique de la musique de jazz, qu’il soit « Chigago », « Swing », « Be-bop », « Modal » ou « Free ». Mais en tandem, c’est une autre affaire. La grande dame de la contrebasse fait ici équipe avec le farfadet de la percussion improvisée, cadet de la génération des pionniers européens (Brötz, Evan, Bennink, Derek, Stevens etc…) pour une rencontre sonore pointue, avec une belle dose de focus et de perspicacité épurée. Enregistré en 2013 aux Temps du Corps à Paris en 2013, ce concert compte dans les quelques duos de Paul Lovens documentés alors qu’il quitte définitivement la scène pour des raisons de santé. La sortie récente de Tetratne avec le guitariste Florian Stoffner et de Nephlokokkygia avec le souffleur Hans Koch par le label Ezz Thetics démontre à souhait que ce percussionniste en fin de carrière n’avait pas fini de nous étonner, ne fut-ce qu’avec son sens profond de l’essentiel. Ces frappes sélectionnées dans l’instant pour exprimer le poids, la densité et le rebond des objets percutés, égratignés ou frottés, les éphémères vibrations qui soulèvent le silence, cette poursuite de l’improbable, ces cascades métaphoriques de l'évidence exprimée définitivement. De même, Joëlle Léandre s'est impliquée dans des duos de haute tenue avec Derek Bailey, Steve Lacy, Irene Schweizer, Lauren Newton (etc...) sortant la contrebasse de son rôle parfois étriqué d'instrument de "support" pour lui conférer une musicalité évidente en libre parcours. Avec Joëlle, Paul a trouvé une partenaire qui partage cette capacité optimale de dialogue, accouplée avec un sens de la proportionnalité du geste en traçant une trame limpide, des oscillations ludiques du timbre des bois et cordes de son gros violon. L’attention auditive et humaine de Paul Lovens ouvre tout le champ sonore à la sonorité de la contrebasse qu’elle contribue à mettre en valeur tout en tirant avantage de cet espace et ses silences, et lui (Paul) pour insinuer toute sa science de la percussion libérée des tics et des tocs et rendue à l’état de nature, sauvage et merveilleuse. Paradoxalement hyperactif avec un sens inné de l’épure où chaque instant compte et brille. Des sons vocaux de Joëlle Léandre expriment le non-dit qui anime ses entrailles. On aime à la suivre furetant entre les scintillements des cymbales qui s'éclipsent dans le silence et se créer des passages secrets dans une belle trame narrative. Les vibrations de la contrebasse charment et fertilisent les micro-frappes obsédées de son acolyte. Une communion ouverte sur l'infini. Un chant intime, un équilibre choisi. Dure-t-il 32 minutes (Off Course !) et 6 minutes 6 secondes (…where else.), ce CD courte durée nous permet de nous repasser encore et à nouveau tout le cheminement de cette conversation musicale (sonore, émotionnelle, improvisée) inédite sans nous embarquer dans les grandes longueurs d’une écoute interminable. Tout est dit dans le temps qu’il faut pour le jouer, le distendre, le compresser et nous livrer une belle invention d’instants ludiques. Pour ceux qui aiment à être documenté au-delà du raisonnable, je signale l'existence d'enregistrements réunissant une contrebasse et une batterie dans le cadre de la libre improvisation : Léon Francioli et Pierre Favre "Le Bruit Court" (LP L'Escargot 1979), John Edwards et Mark Sanders "Nisus" (Emanem CD), Peter Kowald et Tatsuya Nakatani "13 Definitions of Truth" (QuakeBasket CD) et les sessions publiées par Damon Smith avec Bob Moses ou Alvin Fiedler. Avec ce Off Course ! providentiel, on tient un très beau document !
Lol Coxhill, John Russell, Veryan Weston, Sabu Toyozumi: MUSASHI as THE WATER ~Live at St.Mary Magdalene Church, 2005 Chap Chap Records CPCD-022
https://www.chapchap-music.com/chap-chap-records/cpcd-022/
Track 1.Bodv Awareness I ~Veryan Weston + Lol Coxhill (6:24)
Track 2.Body Awareness II ~Veryan Weston + Sabu Toyozumi(erhu) (7:03)
Track 3.Body Awareness III ~Sabu Toyozumi + Lol Coxhill (6:42)
Track 4. MUSASHI as THE WATER ~Weston ,Toyozumi ‚Coxhill,Russell (10:39)
Track 5.Song for Joanna Russell ~John Russell+ Sabu Toyozumi (6:02)
Track 6. Song for Ulrike Coxhill-Scholz ~Lol Coxhill + John Russell (4:07)
Track 7. Direct System ~Weston,Toyozumi ,Coxhill, Russell (3:32)
Veryan Weston - tracker action church organ. Lol Coxhill - soprano saxophone Sabu Toyozumi - percussion/ erhu John Russell - acoustic guitar
Recorded by Martin Davidson at St. Mary Magdalene Church - Welwyn Garden City in England on 24th August 2005
Takeo Suetomi of Chap-Chap contacted me about to write some notes about this very fine set of recordings of our great friend, the drummer Sabu Toyozumi meeting three of our dearest British improvisers in St Mary Magdalene Church in Welwyn Garden City almost seventeen years ago. Two of them are now gone, but are staying deeply in our hearts and minds : the late acoustic guitarist John Russell and the late soprano saxophonist Lol Coxhill. The pianist Veryan Westonselected a very nice church organ in the aforementioned church in his hometown, the instrument being an air and tubes – tracker action keyboard organ in total acoustic mode.
Fortunately, I witnessed the creative process of these four genuine improvisers in various degrees while organizing their concerts in Belgium and also performing - singing with three of them at different occasions. We eventually made some recordings myself together with John Russell and with Sabu Toyozumi. This recorded meeting of these four improvisers took place in a church and we can be grateful for that, as we avoid the so-called “bourgeois beast”, as Mr Weston describes a grand piano, for the very Catholic (or, as we are in United Kingdom, Anglican Christian) acoustic air church organ with trackers. This instrument is at the core of one very important musical project of Mr Weston, Temperaments, with the Australian violinist Jon Rose, along with different kind of keyboards period instruments and the use of somewhat rare unconventional tunings. But the specific aim for this concert and Veryan himself was to adapt into the instrumental configuration to make it fresher, more fluid and uneven. Around the time of this concert, Veryan Weston shared a recording session with Derek Bailey and a brass trio of the late Ian Smith, trumpet, Sarah Gail Brand, trombone and Oren Marshall, tuba which went out as the Daybreak CD on Martin Davidson’s Emanem label. Coïncidentally, there is another Emanem CD of Lol Coxhill and Veryan Weston, Worms Organising Archdukes where one can listen to a duo of soprano saxophone and positive organ and the recording engineer of this Welwyn Garden City encounter is the same Mr Martin Davidson which Emanem label issued also the two Temperaments double CD's which are sort of incredible masterpieces of madness.
Sorry for this lengthy explanation, this is just to show that it was not a kind of novelty act on the side of the pianist. As the four players aren’t actually “a band” (as it happens often in free improvisation), the musicians manage to perform in two quartets and in five different duets, in order to display their current duos. Indeed, Lol Coxhill and Veryan Weston became great friends around 1969, meeting at the legendary Little Theatre Club and played as a (legendary) duo ever since. John Russell and Sabu Toyozumi travelled back and forth each year between their respective countries, for touring together in Japan and U.K, and even in Brussels, meeting also many other players. Indeed, Sabu Toyozumi is never more happy when he can make new musical acquaintances just for the cheer pleasure to play with like-minded human beings or friends out of any sort of touring agenda. In his native language, “Kosai Yujyo “ he says (Enjoy Friendship !). John eventually organized one or two Sabu Toyozumi Meeting with Brits improvisers in London. I will add that John Russell organized monthly improvised music concerts from 1974 without any stop, until he passed in 2019 (Who else ?). Fortunately, we have now the most convincing recorded duo ever of Johnny Guitar Russell and Sabu-San : “Song for Joanna Russell” which is the perfect cherry on the cake for the Sabu – John album “Empty Spontaneity” recorded in Japan in May and June 2013. So, each duet recorded here seems to be the quintessential meeting of the spirits between of these four great players with Sabu Toyozumi swapping his drumkit for the Chinese fiddle “er-hu” for the occasion to play with the organ. I mention that Sabu recorded once a lengthy piece of more than 40 minutes with another organist afterwards, Peer Schlechta and his fiddle, in a trio with also clarinettist Ove Volquartz. This uncommon recording was issued by Julien Palomo’s Improvising Beings in the Kosai Yujyo double anthology CD with John Russell and myself among others. In this Musashi Cd, Sabu and Lol are duetting three pieces with each of the other players although John and Veryan are playing two pieces either with Lol and Sabu. And I feel that the presence of Lol Coxhill, a visionary poet on his own right, imbues the whole proceeding. As a saxophonist, he is perhaps the weirdest and more genuine specialist of the soprano instrument of which he is bending any note in his own Coxhillian microtonal system. That goes quite well with the eerie sustained sounds of Veryan’s pipe organ. Sound explorations and melodic suggestions are fitted by his own unique voice into a one-man breathing topology of sounds, textures, notes, curves, harmonics, contorted spirals, mouthpiece bitings and reed articulations and these are completely morphed in to Sabu’s playing in their duo (Body Awareness Three). The title track Musashi As The Water sounds like a perfect demonstration of what enjoyable collective free improvisation is all about : unexpectedness, whimsy, clear-cut interaction, spontaneity, divergent actions. Although each player is a master improviser, Lol Coxhill seems leading the dance without to obtrude. More, he is opening the proceedings. After this nice all fo(u)r all extravaganza, this is a great time when John and Sabu are reaching other realities, the former schreeching the strings and the latter even making percussive sounds with his own mouth cavity. The other part of this Russell set of duets is a wonderful far-out dialogue with Coxhill, both asking questions without answers in a kind of witty sarcastic way. After such magistral duets, the quartet conclusion is foraging further in any direction with still a glimpse into the first quartet and some lunatic behaviour.
After having followed and supported these four musicians along decades, I can’t dream to find out a collection of their musical inspirations reunited in this Musashi as The Water album. As they say in French : l’eau a coulé sous les ponts, but this is never the same river twice. P.S. : These are my own notes written for this wonderful album.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Bonne lecture Good read ! don't hesitate to post commentaries and suggestions or interesting news to this......