Peter Brötzmann & Sabu Toyozumi Triangle Live at Ohm 1987 No Business NBCD 160
https://nobusinessrecords.bandcamp.com/album/triangle-live-at-ohm-1987
Peter Brötzmann vient de nous quitter il y a quelques semaines après une vie animée à la pointe du free jazz « improvisé » durant des décennies. Considéré longtemps par les critiques US et Français comme un obscur troisième couteau, ce n’est que vers le milieu des années 80 qu’il commence à faire des tournées aux USA, au Japon, mais aussi en Italie et en France où un critique, photographe et ami, Gérard Rouy, le soutenait ardemment dans Jazz Magazine. Et si un improvisateur free Européen ou Américain partait jouer au Japon, il y avait là un petit batteur dynamique, jovial et passionné avec qui faire une tournée mémorable de 10 à 12 concerts. Ils y ont tous passé à la tournée en compagnie de Yoshisaburo Toyozumi dit « Sabu » : Joseph Jarman, Leo Smith, Evan Parker, John Zorn, Fred Frith, Derek Bailey, Peter Brötzmann, Han Bennink (en duo ou en trio avec Brötzmann), Fred Van Hove, Misha Mengelberg, Peter Kowald, Tristan Honsinger, Paul Rutherford, John Russell , Mats Gustafsson et Sunny Murray… Quand Coltrane et son groupe d’alors arrive à Tokyo en 1966, le saxophoniste demande à assister à un concert dans un jazz-club et en fut enchanté. Le batteur ? C’est Sabu. Il tourne ensuite en Europe avec les Samouraï dans le circuit rock (Pink Floyd, Ten Years After, Free etc... au même programme). Notre petit batteur nippon fut sélectionné par Charles Mingus lui-même lors d’une audition pour un enregistrement studio face à quinze autres batteurs. J’en ai le CD ! Sabu arrive à Chicago en 1971, juste pour voir ce qui s’y passait. Intrigué, Joseph Jarman lui demande des conseils d’arts martiaux : « Tu fais quoi dans la vie ? » - « Batteur ! » - « Il y a là une batterie, joue ! ». Les jours suivants, le voilà batteur de l’Art Ensemble sans Bowie ! Sabu joue aussi avec Braxton, Leo Smith et George Lewis. Membre de l’AACM durant son séjour, ateliers avec Steve McCall et Don Moye. Vient en Europe avec Takashi Kako et séjourne à Paris où il enregistre avec Braxton, Boulou Ferré et Glenn Spearman. Racines africaines du Jazz ? En 1978, Sabu traverse seul l’Afrique à pied, en bus ou en bateau du Caire jusqu’à Accra au Ghana en traversant la Centrafrique. C’est autre chose que de revêtir un dashiki dans un campus. Il fut aussi le « secrétaire » du plus important flûtiste de shakuhashi du XXème siècle, Watazumi Dōso et l’accompagna à Paris où celui-ci fit scandale au Théâtre de la Ville. Ses potes au Japon : Kaoru Abe, Toshinori Kondo, Mototeru Takagi, Motoharu Yoshizawa, décédés tragiquement l’un après l’autre. Il est le dernier survivant de cette fratrie sulfureuse. C’est aussi le « plus normal » de la bande. Alors, à l’époque où Peter Brötzmann s’essaie en duo avec plusieurs batteurs (Han Bennink, toujours, Sven Ake Johansson, Andrew Cyrille, Milford Graves, Willy Kellers, …), le voici enfin s’époumonant en faisant hurler son anche, tournoyer ses sons brûlants, projeter cette sonorité brute et coupante, exploser la colonne d’air, ahaner et braire avec son taragot, par-dessus les roulements et pulsations sauvages de Yoshisaburo Toyozumi. Le batteur l’avait déjà entendu avec Han Bennink à l’époque rythmes de cirque et roulements de tambour à la prussienne, il lui sert ce qui devrait pouvoir plaire à son invité avec une belle énergie secouante. Et au fil des morceaux , notre Sabu national s’enhardit, déballe des pulsations afro-centrées et centrifuges en faisant rouler ses caisses qui semblent sursauter toutes seules. Immanquablement, sa frappe, ses roulements de talking drum (Afrique de l’Ouest) ses ostinatos souples multi rythmiques, la dynamique de son jeu, tout ce qu’il joue porte la marque « Sabu ». Et quelle lisibilité ! Cette rencontre inspire le saxophoniste qui donne (comme très souvent) le meilleur de lui-même avec le gros bon point qu’ils sont tous deux l’un pour l’autre : ça baigne , ça roule et ça détonne. Le sommet du concert : 7`/ Depth of Focus (14 :19), un superbe dialogue avec Brötz au taragot et 8/ Peter & Sabu’s Points (6:55), une belle embardée pour la fin au sax ténor et le batteur survolté. Pourquoi Brötzmann ? Sa démarche est centrée sur l’expression très personnelle de ses anges et ses démons avec un « expressionnisme » forcené et une puissance de souffle hors du commun, soumettant l’anche le bec et la colonne d’air à une pression gargantuesque, sauvage. Force harmoniques, cris et vociférations rendent son jeu au niveau des clés et des intervalles vraiment basiques , l’essentiel est projeté avec une énergie énorme où une relative tendresse s’insère à certains moments, quelques nuances sentimentales. C’est un lyrique tourmenté qui revendique secrètement, humblement, un statut d’autodidacte, créateur de son propre style « expressionniste abstrait ». P.B. ne s’embarrasse pas de modes savants, changements de tonalité, finasseries harmoniques (comme les Braxton, Lacy, « même » Evan Parker ou un John Butcher). Ni vraiment l’impro libre collective dans l’esprit du Spontaneous Music Ensemble, plutôt bon gros rouge (ou Chimay dans un verre 55 cl) que cup of tea British. Sans doute, Albert Ayler et Ornette Coleman l’ont sûrement influencé tout comme le mouvement Fluxus dont il fit partie. Cela dit, il a une grande admiration pour les artistes authentiques comme les précités et d’autres qui ont fait leurs preuves sur scène. Et nombre de « scientifiques » du saxophone (Urs Leimgruber, Evan Parker ou Dave Liebman) éprouvent une très grande admiration pour son travail. Car sa sonorité et son abattage sont uniques. Son message esthétique contient cette vérité : même si au départ vous n’êtes pas « fait » au niveau technique, conceptuel, oreille etc… pour devenir un « grand » musicien, lancez-vous, battez-vous, jetez-vous à l’eau, foncez, prenez votre courage à deux mains et avec de la foi, de l’énergie, vous pourrez un jour trouver votre voie et devenir un créateur « autodidacte » original, semblable à personne d’autre, reconnaissable entre mille en transcendant « l’amateurisme » (vu d’un point de vue académique) pour atteindre une expression scénique vivante et éblouissante. Un chant incandescent! À l’instar de ces musiciens traditionnels de villages turcs, grecs ou africains qui magnétisent leur public , sans être des virtuoses « musicalement éduqués ». À défaut de nous mettre sous la dent le premier concert de Peter Brötzmann avec Milford Graves (1980, Bruxelles) dont la bande n’a pu être publiée à cause d’un souci technique, nous tenons avec Triangle Live at Ohm 1987 un premier choix de l’époque grandiose des années qui ont suivi la fin du trio Brötzm Van Hove Bennink dans les derniers mois de 1976. Et avant qu’on réédite le concert du trio Brötzm – Derek Bailey – Sabu paru chez Improvised Music from Japan. À mon point de vue, leur duo équivaut esthétiquement et musicalement les duos enregistrés par Brötzmann avec d'autres batteurs. Cet album est co-produit dans la Chap Chap Serie de No Business par Takeo Suetomi de Chap-Chap Records, un label japonais qui documente la musique de Sabu Toyozumi, lequel crée une oeuvre graphique pour chacun des ses albums, comme pour ce CD Triangle . De toute façon Sabu vit sa musique avec la plus grande simplicité amicale et partage facilement la scène. Sabu a même enregistré avec moi, c’est dire !
Ed Jones Dominic Lash Mark Wastell Meditating with the Father, Son, and Holy Ghost Confront Records Core 03EP
https://confrontrecordings.bandcamp.com/album/meditating-with-the-father-son-and-holy-ghost
Court “extended play” compact (18 minutes 28 secondes) en référence à ce morceau de John Coltrane publié dans le LP Meditations avec Elvin Jones et Rashied Ali aux batteries, Mc Coy, Garrison et Pharoah Sanders au saxophone aux côtés de son mentor, John Coltrane en personne : « The Father , The Son and the Holy Ghost ». Rien d’étonnant de trouver ici Mark Wastell comme percussionniste, connu aussi en tant que violoncelliste, électronicien etc… , producteur pour son label Confront Records. Cet artiste catalogué « improvisateur réductionniste – lower case » et collaborateur de Rhodri Davies, Burkhard Beins, Phil Durrant etc…, n’a pas hésité un seul instant à publier à grand frais un double Cd d’un Paul Dunmall Sunship Quartet featuring Alan Skidmore sous le titre « John Coltrane 50th Memorial Concert at Café Oto » en introduisant lui-même le concert comme percussionniste avec Julie Kjaer et Ståle Liavik Solberg. Ensuite , Confront a mis sur le marché un super coffret d’enregistrements inédits de 6CD d’Alan Skidmore, le plus sincère des saxophonistes ténor « coltraniens » en Europe (A Supreme Love) . Mark Wastell est venu à l’improvisation et à la recherche sonore après avoir été un jazz-fan mordu, écumant clubs et festivals dès sa prime jeunesse. Ed Jones est un saxophoniste de jazz britannique stricto sensu qui compte en G-B, mais il joue aussi avec des improvisateurs libres. Une excellente référence à cet égard est son duo « from where light falls» (FMR) avec le percussionniste norvégien Emil Karlsen, résident britannique et co-responsable de l’indispensable label Bead Records. Mark Wastell et Ed Jones se sont joints au contrebassiste Dominic Lash pour ce présent opus, Dominic lequel ayant enregistré avec Alex Ward, John Russell, Pat Thomas, Phil Wacshmann, John Butcher, Steve Noble, Stephan Keune et beaucoup d’autres. Le but de ce trio n’est pas de rejouer Coltrane « à la Coltrane » de manière intense, polyrythmique free, explosive comme dans l’album Meditations, tel un torrent de lave extatique, mais d’en faire une relecture différente, en douceur, feutrée, en énonçant les lignes mélodiques de the Father, the Son and the Holy Ghost (soit la trilogie Coltrane, Pharoah Sanders et Albert Ayler). Jeu note à note du sax sans envolée, doigtés intimes de la contrebasse, frappes soignées des cymbales qui commentent les deux autres avec une approche éloignée du jazz afro-américain, aérée / épurée, presque minimale. Ed Jones est vraiment un artiste subtil dans son approche des riffs et mélodies tirées de cette œuvre de Coltrane. Son souffle retenu et sa sonorité crépusculaire semblent couver l’orage hard-free Coltranien sans l'allumer ; son jeu l’évoque sans le rejouer par la grâce d’accents, d’intervalles bien choisis, une démarche en clair-obscur, des courbures spécifiques de certaines notes. On se demande parfois pourquoi je fais la réclame des improvisateurs British - bien que les lecteurs assidus connaissent mon intérêt pour les scènes allemande, française, suisse, italienne, portugaise, etc… ? (NB : je suis victime des mesures douanières issues du Brexit pour faire venir des CD’s de G-B). Et bien, simplement, ils ont une imagination fertile parfois improbable et sont friands d’essayer, souvent avec succès, de faire se croiser les improvisateurs au-delà des styles, chapelles, sub-genres, en confrontant leurs façons d’improviser, leurs imaginaires, leurs marottes, leurs idées dans un gig d’un jour, un « vrai » concert ou un album. Et l’output généré par cette attitude ouverte est prodigieux, insoupçonné et remet en question bien des idées toutes faites
Yoko Miura et Gianni Mimmo Zanshou/ Glance at The Tide Setola Di Maiale SM4620
https://www.setoladimaiale.net/catalogue/view/SM4620
Solo de piano (Yoko Miura), solo de saxophone soprano (Gianni Mimmo) et duo piano saxophone. Un concert réussi à la Fondazione di Piacenza et Vigevano le 5 novembre 2022. La pianiste Yoko Miura vient annuellement en tournée en Europe (France, Belgique, Suisse, Finlande, Italie, Grande-Bretagne) et y rencontre des improvisateurs : Ove Volquarz, Jean Demey, Jacques Foschia, Gianni Mimmo, feu Teppo Hauta-Aho, Janne Tuomi, Charlie Collins, Lawrence Casserley, Jean Bordé, et moi-même et cela depuis plus d’une douzaine d’années. Elle ajoute à son jeu épuré et gracieux, des passages au mélodica. Elle propose ici une dimension mélodique et des dissonances subtiles avec un superbe toucher et une coordination main gauche – main droite originale. Un remarquable dosage des accents, des silences, des résonnances, crescendo de faible amplitude, répétitions d’intervalles polytonaux, réitération de fragments mélodiques qui s’emboîtent ou se déboîtent. Une musique hiératique remarquablement construite avec des structures minimalistes dédiée ici à son ami Teppo Hauta-Aho, une sommité de la contrebasse et un compositeur contemporain important en Finlande auquel Braxton a fait appel pour diriger son orchestre. Un peu de Moussorgsky, peut être. Elle a adopté cette démarche après avoir été victime d’un terrible accident qui l’a laissé inanimée et l’a poussée à reconsidérer son apprentissage du piano, la direction de sa musique et sa propre voix. Gianni Mimmo sort tout droit de l’école Steve Lacy et démontre ici l’intensité lyrique de son souffle admirablement fluide, calibré et structuré, profondément chaleureux et timbré révélant à merveille l’expressivité sonore spécifique de ce saxophone droit, « conique » difficile à maîtriser. Il compte parmi les spécialistes les plus remarquables de l’instrument, lequel sert souvent d’instrument d’appoint pour nombre d’autres saxophonistes. Sa performance solo emprunte des commpositions à Monk, Mingus, Jimmy Rowles et de lui-même dans un magnifique Turning Page Medley. Ancrée dans le jazz contemporain le plus classe, sa sonorité solaire méditerranéenne et son pendant lunaire illuminent la salle du concert et le public. Il revisite ces compositions avec une belle inspiration et des apartés et de subtils « extempore », aussi puissants que délicats. Évidemment, on songe immédiatement à Steve Lacy duquel il se rapproche irrésistiblement, avec sa magnifique sonorité et cette précision. Mais, une fois le duo rassemblé, c’est une autre facette de sa personnalité qui, bien que basée sur l’expérience lacyenne, le singularise, avec ses notes tenues, ses montées dans l’extrême aigu bien au-dessus du registre normal du soprano au moyen de larges et subtils intervalles, basées sur une complexe superposition d’harmonies dont il sélectionne adroitement chaque note avec une précision et un lyrisme magnifique. Jouer ainsi n’est pas donné à tout un chacun qui possède un sax soprano. Et le duo atterrit dans une version libre de Round about Midnight, signée Thelonious Monk et Cootie Williams, et incluse dans la suite Further towards the Light et dont je peux résister à vous confier les paroles signées Bernard Hanighen :
It begins to tell
'Round midnight, midnight
I do pretty well, till after sundown
Suppertime I'm feelin' sad
But it really gets bad
'Round midnight
Memories always start 'round midnight
Haven't got the heart to stand those memories
When my heart is still with you
And ol' midnight knows it, too
When a quarrel we had needs mending
Does it mean that our love is ending
Darlin' I need you, lately I find
You're out of my heart
And I'm out of my mind
Let our hearts take wings'
'Round midnight, midnight
Let the angels sing
For your returning
Till our love is safe and sound
And old midnight comes around
Feelin' sad
Really gets bad
Round, Round, Round Midnight
Chapeau bas pour le beau « comping » réalisé par Yoko Miura, le son profond et le balancement de ses notes graves, son détachement un peu hiératique et ses idées sorties tout droit de la « lettre » monkienne et distillée adroitement dans une autre logique. Ce n’est pas « la révolution esthétique », mais c’est un album superbe d’une plénitude significatrice, émotion, sensibilité, recueillement, élan apaisé... Une fois le spectre de Round Midnight évanoui, le lyrisme de Gianni Mimmo fait encore merveille avec une autre structure polymodale face à l’obstination épurée des ostinato cristallins légèrement mouvants de Yoko Miura. Comme Steve Lacy s’en est allé il y a déjà presque vingt ans, n’ayons plus aucun scrupule à ressentir du plaisir, à jouir de la gâterie musicale distillée par cet admirable enregistrement.
PS Le duo de Yoko Miura et Gianni Mimmo a déjà enregistré Departure (Setola di Maiale) et Live at L’Horloge avec le batteur Thierry Waziniak (Amirani), ainsi qu’un album avec Ove Volquartz , Air Current (Setola di Maiale), une discographie en crescendo couronnée par ce magnifique Zanshou Glance at The Tide. Félicitations à Setola di Maiale et à l'infatigable Stefano Giust.
Mia Zabelka Duos with Alain Joule & Tracy Lisk Setola di Maiale SM 4630
https://miazabelka.bandcamp.com/album/duos
La violoniste autrichienne Mia Zabelka créditée ici « vocals » s’affirme dans l’univers des musiques improvisées et expérimentales. Son album de Duos est partagé en deux performances : The Poetics of Sharing avec le violoncelliste canadien Alain Joule « with percussive extension » (27 :07) et Contrapuntal Empathy avec la percussionniste U.S. Tracy Lisk « cymbal bowing » (26 :19). Chacun des trois musiciens est aussi crédité « composition ». La musique ferraille, crisse, grince, siffle, percute. Alain Joule amplifie / modifie son violoncelle en le connectant physiquement à un (ou des) éléments percussifs métalliques. Une activité fébrile, excitante et saccadée emporte le flux des deux improvisateurs avec une belle intensité, les archets percutant et battant les cordes, les aigus sifflent, s’étirent acides, corrodant l’acoustique. Des variations pointent ici et là et on entend Mia s’exclamer brièvement dans cette empoignade énergique. Au fil des minutes, leur pandemonium baisse de deux crans pour rechercher un brin d’empathie sonore « naturelle », le violoncelliste s’épanchant dans les graves avec de super glissandos expressifs et contrôlés. Vers la fin, ce sont les boyaux acoustiques frottés en tournoyant les archets ou même ceux-ci sursautent en lâchant des vrilles elliptiques, un brin sadiques, sinueuses avec des entrecroisements de contrepoints , de vibrations métallisées et des vocalises phonétiques …. Le dialogue se renforce enfin et surprend par la simultanéité de leurs interventions vif-argent… leur rage ludique qui s’échappe en finale. Duo convaincant et tonique.
Contrapuntal Empathy : Le violon évolue dans une approche contemporaine qu’on pourrait qualifier de sérielle face à une percussionniste mystérieuse dont on devine mal « comment elle joue » , sorte de micro percussion assourdie. Par instants, Mia y ajoute des vocaux free qui se pointent sans crier gare. Au fil des minutes, son jeu à l’archet s’enhardit, arrachant des contorsions d’aigus en glissandi avec une sonorité expressionniste, acide, des battements frénétiques percutant les cordes simultanément avec les frappes et rebondissements de Tracy Lisk sur les peaux. Celle-ci joue de manière très active tout en maintenant une dynamique et un volume sonore réduit afin de laisser largement l’espace auditif suffisamment « aéré » afin que l’auditeur puisse entendre le moindre détail du jeu hyperactif de sa partenaire. Le thème et les intervalles du départ ressurgissent successivement avec des intervalles précis créant une heureuse continuité. Le sciage frénétique et le scratchage des cordes du violon avec l’archet (qui encaisse ?) trouve un écho dans les frottements de cymbales, les glossolalies et phonèmes sauvages de Mia Zabelka s’unissant à ses pizz et à l’activité batteristique free de Lisk. Un bon point de départ pour ces deux créatrices qui auront tout avantage à continuer leur collaboration.
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