John Butcher Dominic Lash John Russell But Everything now left before it arrived meenna – 962
https://dominiclash.bandcamp.com/album/but-everything-now-left-before-it-arrived
Un album récent produit par Dominic Lash en quartet sur son label Spoonhunt, rassemble ces trois improvisateurs avec le batteur Mark Sanders : Discerment, enregistré en janvier 2020 au Café Oto. Tout comme les derniers albums de John Butcher avec Steve Beresford (Paradise Airs/ Illuso), avec Barre Phillips et Ståle Liavik Solberg (We Met and Then/ Relative Pitch), John Edwards et Mark Sanders (Last Dream of the Morning/ Trost), Jennifer Allum, Ute Kanngiesser et Eddie Prévost (Sounds of Assembly/Meenna), Phil Minton et Gino Robair (Blasphemious Fragments/Rastascan), Sharon Gal and David Toop (Until the Night Melts Away/Shrike Records) ou Veryan Weston, Oyvind Storesund et Dag Erik Knedal Andersen (Mapless Quiet/Motvind), ce Discernement a été commenté dans ces lignes. Bien que j’essaie de diversifier les musiciennes et musiciens discutés ici, on arrive souvent à retomber sur John Butcher en matière d’improvisation libre. En fait John Butcher s’adapte « soniquement » aux formations auxquelles il contribue en évitant le flux et le phrasé du soliste au saxophone et en élargissant sa palette sonore pour s’insérer dans l’ensemble, à l’opposé du rôle acquis par les saxophonistes free comme solistes « supportés » par les autres. Il faut ajouter que la démarche de J.B. avec ces deux instruments, soprano et ténor, coïncident et découlent l’un de l’autre et vice et versa, extension de leurs possibilités sonores respectives. On retrouve cette attitude esthétique chez deux autres de ses brillants confrères, Urs Leimgruber, qui ,lui aussi joue du ténor et du soprano, et Michel Doneda dont l’absence dans les festivals français importants étonne et interloque les connaisseurs. Car tout comme Butcher, on le retrouve dans des enregistrements produits ou réalisés à l’autre bout de la planète tant son apport musical au niveau du saxophone contemporain est unanimement approuvé et reconnu. Heureusement pour ces musiciens britanniques, leur(s) scène(s) est fort inclusive et solidaire et de nombreuses personnalités maintiennent des ponts et des va et vient entre les différentes écoles musicales, créant ainsi un véritable sentiment de communauté. Aussi ce « But Everything now left before it arrived » nous permet de retrouver John Butcher avec son mentor et camarade de ses tout débuts, le guitariste John Russell, spécialiste de la guitare acoustique et de ses secrets sonores faits d’harmoniques et de clusters décomposés et réinsérés dans un narratif atonal cristallin et pointilliste. Les deux compères ont développé une musique improvisée avec le violoniste Phil Durrant qui a joué un rôle incontournable pour mettre l’improvisation radicale exploratoire entre 1983, année de la fondation du trio jusqu’en 1996. Les deux musiciens ont le don de créer un équilibre dynamique aussi contrasté qu’empathique, se distinguant l’un de l’autre au niveau des propositions sonores autant qu’ils se complètent, sans doute, par la profondeur et l’originalité de leur jeu respectif. John Russell eut un rôle tout aussi incontournable en programmant mensuellement sa série de concerts « MoPoMoSo » où étaient invités trois ou quatre groupes différents entre 1991 jusqu’à sa mort l’année dernière, après avoir déjà organisé des séries depuis 1974 sans interruption. Son ouverture d’esprit et son enthousiasme ont permis à un très grand nombre d’improvisatrices et improvisateurs émergents de se faire entendre et de créer des connections. Le contrebassiste Dominic Lash s'est révélé plus récemment aux côtés de Phil Wachsmann (Imaginary Trio/ Bead), Chris Cundy (Two Pumps Together/ Creative Sources), Axel Dörner & Roger Turner (Tin/Confront), Javier Carmona, Alex Hawkins, A,ngarhad Davies, Alex Ward, ... mais aussi Nate Wooley, Joe Morris, Denman Maroney, etc lors de son séjour New Yorkais. Bref si vous le suivez à la trace, vous allez rencontrer des artistes pointus parmi les plus remarquables de la scène actuelle avec des démarches différentes les unes des autres. La contrebasse de Dominic Lash s’inscrit à merveille dans la merveilleuse musique de chambre de ce trio.
Une démarche d’impassibles explorateurs des résonances et textures cachées dans les recoins et marges de leurs instruments. Chacun truste plusieurs des composantes essentielles de la musique instrumentale : sonorités, influx des pulsations et cadences, interrelations harmoniques, et des variations de formes et de suggestions mélodiques dans tous les ordres et désordres possibles et imaginaires. Une musique aussi abstraite que gestuelle tout comme les gestes s’expriment visuellement dans la peinture abstraite. Leur parcours sonore kaléidoscopique durant ce concert du 10 décembre 2010 lors du GIO Fest III à Glasgow nous livrent une masse de détails, d’éclairages, de perspectives, d’atmosphères parmi les plus variées tout en maintenant en permanence la cohérence profonde du son d’ensemble du groupe , collectivement et individuellement. Cinq pièces dans les 9,5, 7, 6 et 11 minutes et quelques sont enfilées avec l’aplomb d’une œuvre d’un seul tenant. Leur concentration et leur minutie nous attire dans ce culte innocent et bienfaiteur de l’écoute intensive. Le va et vient irrégulier et circulaire du plectre de John Russell ébauche des épures d’arabesques alors que les vibrations de la colonne d’air du soprano ou du ténor sont carrément compressées, fragmentées, étirées voire tire-bouchonnées en spirales elliptiques ou bourdonnements bruitistes. Les frottements et manipulations des cordes, de la touche du contrebassiste procurent un effet de sympathie sonore et de liaison subtile entre les deux instruments rattachant les deux improvisateurs volatiles à la terre ferme. Quand il semble qu’on ne l’entend pas, la présence de Dominic Lash se fait sentir et quand son jeu s’impose dans le champ auditif c’est pour mettre en valeur ses camarades. Glissandi soyeux et vibrants ondoyants comme le souffle de la terre, matière malléable à souhait à l’opposé des crissements et cliquetis métalliques de John Russell qui se métamorphosent en soubresauts frénétiques quand les lèvres du souffleur aspirent l’anche et le bec dans de curieux sifflements d’oiseaux de nulle part. Leur imagination les mènent où ils s’égarent et leurs tournoiements trouvent toujours l’issue imprévue, la conclusion surprenante. Une intéressante réunion au cœur d’une communion sonore réussie.
Patrizia Oliva Roberto Del Piano Stefano Giust That is Not So Setola di Maiale SM 3830
https://www.setoladimaiale.net/catalogue/view/SM3830
Voici un album que j’ai reçu sur le tard alors qu’il a été publié en 2019.
Le patron du label à la batterie, Stefano Giust, le bassiste (électrique) des groupes du pianiste Gaetano Liguori depuis un demi-siècle, Roberto Del Piano. Une chanteuse diseuse inspirée et très convaincante, Patrizia Oliva, voix fragile, élégante, suggérant la mélodie. Session impromptue le 30 -09-2018dans le foyer d’un squat hors-norme de citoyennes et citoyens sans abri niché dans une gigantesque tour au creux des anneaux autoroutiers qui ceinturent l’agglomération milanaise, Aldo Dice 26X1. Cette résidence citoyenne est le fruit du travail intense de trois associations : Clochards Alla Riscossa and Comitato Diritto Alla Casa di Milano soutenue par Unione Inquilini. Ce projet animé par les sans – abri eux-mêmes est complètement différent de ce que propose les autorités institutionnelles pour faire face à l’urgence de la pénurie de logement critique à Milan alors qu’il existe des milliers de km2 disponibles dans des tours vides, les « palazzi ». Les notes de la pochette imprimée en 2019 indique qu’Aldo Dice héberge 43 familles, 227 hôtes dont 54 sont des mineurs d’âge. Il doit y en avoir bien plus à l’heure qu’il est. Bon nombre d’entre eux travaillent et ont des revenus, d’autres sont pensionnés et tous mettent leurs compétences et leur savoir-faire au service de la communauté. Les repas (excellents) sont préparés et servis sur place par ces citoyens – militants. Chaque mois, ils récoltent environ 400.000 € pour leurs services sociaux grâce au soutien populaire et plusieurs artisans et entrepreneurs locaux contribuent en les assistant à construire des appartements dans les étages de la tour. Leur capacité à faire face aux situations relève de l’exploit militaire. Lorsqu’ils furent éjectés du jour au lendemain du « palazzo » de la RAI 3, leur transfert dans l’actuel complexe de tours dont ils ignoraient même l’existence se fit en 24h !! Clochards à la rescousse livre quotidiennement des repas aux sans abri dans les quartiers de Milan. Au premier niveau de la tour, un espace commun sert de restaurant de foyer d’animations et accueille des concerts de musique improvisée dont celui qui fait l’objet de cette belle parution. Robert et Stefano assure subtilement une ossature rythmique – sonore à la pérégrination chantée – parlée de Patrizia Oliva qui révèle ici tout son talent de chanteuse – diseuse qui défie l’espace et le temps avec un goût sûr pour la suggestion mélodique et des harmonies complexes dans la veine d’un Robert Wyatt. Patrizia invente sa narration dans l’instant et les titres reflètent la réalité vécue par les habitants du lieu au plus près de leur réalité. Vivre Sur le Sol, Ricordati Bambino, Identità Ploverizzata, Synchronicity, Il Sole Splendido della Note, Raccontami del Cielo. L’enregistrement réalisé par Walter Molteni a cette réverbération caractéristique et l’atmosphère de cette structure en béton. Il s’en dégage une véritable poésie. La question de l’art engagé a souvent fait sourire les vrais artistes. Ici, la démarche des musiciens rencontre l’urgence et le quotidien, les émotions et l’expérience de ceux qui les écoutent avec une réelle pertinence et un grand respect. Ce faisant, Patrizia Oliva s’affirme comme une des plus puissantes chanteuses de la scène improvisée. Ces deux camarades s’inscrivent parfaitement dans ce projet en ayant l’intelligence et le feeling idéal. Une ou deux interventions en solo du bassiste illuminent le parcours. Une petite merveille sans prétention créée de toutes pièces par trois artistes solidaires et généreux pour coïncider avec le lieu et les personnes qui les accueillent. Dialogue, droits humains, amitié, solidarité.
Hideaki Shimada October Variations scätter digital
https://scatterarchive.bandcamp.com/album/october-variations
Scätter archives est un label atypique exclusivement digital dirigé par Liam Stefani , lui-même un excellent improvisateur électronique. Scätter a documenté des concerts de Lol Coxhill et Pat Thomas, Adam et Jonathan Bohman, Mark Browne, Xavier Charles, The Recedents, IST, Olaf Rupp & Thomas Lehn, bBb (Olaf Rubin & Martin Küchen, Edward Lucas & Daniek Kordik, etc… Avec Hideaki Shimada, Scätter a réalisé un vrai scoop : violoniste japonais d’envergure, Shimada a construit une œuvre hybride intitulée October Variations et intégrant l’improvisation à une forme composée d’une durée de 21 :30. Concevant ces Variations d’octobre de juin à décembre 21, le musicien joue lui-même les violons, l’alto, le violoncelle, la contrebasse, le piano, l’électronique et des bandes magnétiques en multipistes. Un travail de haute qualité réalisé avec un sens du moment musical, de superbes nuances et une vision de la forme vraiment originale. Un collage subtil de différents motifs, approches sonores et instrumentales, idées musicales, combinaisons instrumentales concentrées en brèves mini-sections de plusieurs secondes, se succèdent dans la durée avec plusieurs fils conducteurs qui alternent, contrastent, s’imbriquent et se répondent. L’attention de l’auditeur est continuellement sollicitée par la richesse du matériau sollicité et leur interaction dynamique. Le multitracking peut se révéler ennuyeux, maussade, collagiste ou molasson, mais ces October Variations, malgré leur titre passe-partout se révèlent incisives, denses, concises et d’une efficacité orchestrale redoutable. Une œuvre remarquable !
Ola Rubin & Martin Küchen https://olarubin.com/bbb/ scätter digital
https://scatterarchive.bandcamp.com/album/tape-1-no-passion-so-effectually-robs-the-mind-of-all-its-powers-of-acting-and-reasoning-as-fear
https://scatterarchive.bandcamp.com/album/tape-2-an-event-has-happened-upon-which-it-is-difficult-to-speak-and-impossible-to-be-silent
https://scatterarchive.bandcamp.com/album/tape-3-necessity-is-the-plea-for-every-infringement-on-human-freedom-it-is-the-argument-of-tyrants-it-is-the-creed-of-slaves
https://scatterarchive.bandcamp.com/album/tape-4-one-must-lie-like-the-devil-not-timidly-not-for-a-time-only-but-boldly-and-always
Extrait de leur site:
bBb makes everyday music for distracted times. Influences from near and afar blow in and over - and out again. Most of it pulls through the narrow neck of the sopranino sax and the emerging sounding facets of the trombone vault, but also almost archaeologically colored sound-bearing artefacts are displayed and dissected in real time.
A crack and a bang - and then jazz like a glowing blanket thrown over everything.
Ola Rubin and Martin Küchen make music for our leaking Now - both trying closing the gaps and intensively listening to the hard metaphysical rain that the present is flooded with .... Original acoustics.
Ola Rubin: trombones, multi band radio, selected reeds, mutes
Martin Küchen: sopranino saxophone, multi band radio, mutes, drummings
Tape series 1-4 recorded on a two track reel to reel tape machine using recycled magnetic tapes. Released on the Scatter label
Quatre albums d’un duo atypique travaillant dans une direction esthétique à l’écart de toute « école » au sein de la galaxie improvisation. Expressive, expressionniste, bruissante, bricoleuse, rebelle, sauvage et très réjouissante. Titres à coucher dehors comme la musique , en fait. Bric à brac du free - jazz, basse - cour, dialogues de gallinacés picorant sur un fumier organique, recyclage écologique (duos enregistrés sur des bandes magnétiques recyclées),que sais je encore ? Rien...
À découvrir en payant la somme que vous désirez.
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