Mia Zabelka
Monday Sessions Creative Sources CS 320
Voici un
beau témoignage d’une pratique contemporaine du violon enregistrée en concert.
Travail très personnel sur la gestuelle et le son acoustique de Mia Zabelka,
personnalité active en Autriche et qu’on croise sur les scènes européennes. On
l'a découverte avec Maggie Nicols et John Russell dans un excellent Trio
Blurb (Extraplatte 821-2). Ces
Monday
Sessions me rassurent car j’avais trouvé son précédent opus en solo un
peu superficiel avec un son électrifié qui gommait la spécificité du violon, et
la musique disons, « expérimentale ». Et c’est bien ces possibilités
expressives sonores et kinesthésiques qui sont mises ici en valeur dans une
dizaine de pièces développant soigneusement un aspect bien typé de l’instrument. Il y aussi une intervention vocale proche de la poésie
sonore que j’apprécie vraiment (Oscillations).
Mia Zabelka va chercher des sons
inouïs, sorte de sabir de sorcière sous hypnose. Strömungen est le lieu où l’instrument gratté, percuté et frotté se
transforme en discrète boîte à bruits alien.
Imminent Disaster voit actionner
l’archet de bas en haut de manière compulsive et incarne sa dimension
expressionniste. Avec Entfremdung, on
peut mesurer sa capacité à sublimer l’instrument comme marqueur culturel et en
faire un objet sonore, à creuser jusqu’à l’extrême les propriétés astringentes
de l’archet sur les quatre cordes presque simultanément en les pressant sans
relâche laissant s’échapper des microsons hyper-aigus. Stream of Consciousness est une belle construction spontanée où des
éléments apparemment disparates s’enchaînent comme dans un rêve. Voici un
superbe ouvrage qui, s’il ne fait pas montre de la maestria violinistique
exceptionnelle des solos enregistrés de Carlos Zingaro ou de Malcolm Goldstein,
atteint le même haut niveau musical et de liberté par l’ expressivité, la
sensibilité, et un goût irrépressible pour un son brut, hanté. De la free-music
sans concession. Sans de tels albums,
mon blog perdrait sa raison d’être.
Ivo Perelman The Art of Improv Trio
Volume 1 Karl Berger & Gerard Cleaver Leo CD LR 771
Volume 2
Mat Maneri & Whit Dickey
Leo CD LR 772
Volume 3 Matthew Shipp & Gerard Cleaver Leo CD LR 773
Volume 4 William Parker & Gerard Cleaver Leo CD LR 774
Volume 5 Joe Morris & Gerard Cleaver Leo CD LR 775
Volume 6 Joe Morris & Gerard Cleaver Leo CD LR 776
Six albums
Leo, six pochettes ornées d’œuvres graphiques / picturales en noir et blanc
très expressives d’Ivo Perelman, sorte de calligraphie imaginaire et spontanée.
Ses traits vifs sur la surface blanche semblent tracés d’une main sûre à
l’instar des volutes de son jeu au saxophone ténor : tous deux portent son
empreinte secrète. Le trio semble être
le nombre d’or de l’improvisation en matière de groupes, depuis Sonny Rollins
au Village Vanguard, Bill Evans, Albert Ayler et Spiritual Unity, Ornette Coleman
avec Moffett et Isenzon, le trio Schlippenbach etc… En trio donc, Ivo Perelman seconcentre
dans les échanges avec ses fidèles : Matthew
Shipp, le pianiste avec qui il a
gravé des duos mémorables (Callas, Corpo), le violoniste alto Mat Maneri, le batteur Whit Dickey, le contrebassiste William Parker, Joe Morris à la guitare ou à la contrebasse, Gerard Cleaver qu’on retrouve
dans cinq des six volumes et Karl
Berger au piano. Ivo a enregistré récemment des albums en duo avec chacun
d’eux (sauf Parker) et certains d’entre eux cultivaient des couleurs
particulières. Je pense à Two Men Walking
avec Mat Maneri ou Blue avec Joe Morris, Tenorhood avec Whit Dickey et bien sûr les dialogues avec Shipp
dédiés à la Callas. Ce qui frappe
quand on écoute systématiquement ses albums au fil des trimestres dès leurs
sorties, c’est la capacité du saxophoniste brésilien à improviser dans
d’infinies variations, sa voix chaleureuse détaillant les nuances du registre
aigu de l’instrument avec une qualité chantante, passionnée unique, tellement
lyrique et amoureuse de la vie qu’il ne donne pas l’impression de se répéter. Gerard Cleaver, un batteur puissant
croisé dans de nombreux groupes, se fait ici un discret poète des sons, des
vibrations rythmiques avec une rare réactivité sensible et intuitive. Le but
premier d’Ivo Perelman est de créer une conversation à trois où chaque participant
improvise en permanence sur un pied d’égalité, le saxophone vis-à-vis de la
basse, de la batterie ou du piano, plutôt
que de souffler en soliste accompagné ou propulsé par les autres musiciens. La
conséquence est que son jeu s’est transformé, devenu moins éruptif depuis
l’époque où il enregistrait avec Rashied Ali avec une énergie expressionniste
égale à celle d’Albert Ayler. Il faut avoir entendu For Helen F (Boxholder
038/039) pour se rendre compte de l’existence de ce brûlot incandescent. Sans
doute certains des albums précédents sembleront musicalement plus achevés, on
pense au Counterpoint avec Morris et
Maneri, à Two Men Walking, aux duos précités avec Matt Shipp. Mais cet
art de l’improvisation en trio en six volumes lui permet de chercher d’autres
chemins dans les méandres du souffle et des notes étirées, altérées, ces
étoiles filantes au firmament de l’inspiration. Des décennies après Ben
Webster, Don Byas, Getz, Coltrane, Ayler, Sam Rivers, Ivo Perelman renoue avec
cette inspiration illuminée, cette sincérité libre de tout calcul qui dit
l’essentiel en renouvelant incessamment sa quête. On trouve là une démarche évoquant
l’Archie Shepp des concerts enflammés (Three
For A Quarter One For A Dime, Impulse), la virulence revendicatrice en
moins. Le Shepp des sixties était
littéralement emporté par sa section rythmique projetant le son vers l’audience
comme s’il haranguait une foule. Le référentiel du cri de Shepp vient
clairement du preaching des pasteurs de l’Eglise Noire des discours enflammés
de Malcolm X. Si Perelman a en commun avec le vétéran du free-jazz une
incroyable aisance dans l’inspiration mélodique, il joue dans un registre
nettement plus détendu et complexe en s’adressant avant tout à ses deux
partenaires, sans parler de son extrême facilité dans l’aigu, où il fait
chanter les notes les plus hautes de manière aussi unique que Stan Getz la
saudade avec Astrud Gilberto. C’est avant tout la qualité d’écoute mutuelle et
la finesse des réactions au sein du trio qui est au centre de leur message
musical. En effet, et c’est bien là la différence avec le free jazz initiatique
de la génération Ayler /Shepp, outre le fait que la musique de Perelman et
ses partenaires est entièrement improvisée (sans thème écrit, ni motif
mélodique ou rythmique récurrent), le message que celle-ci transmet se situe plus
au niveau des relations entre chaque musicien comme s’ils incarnaient l’antidote
au marasme sociétal actuel. L’écoute, le dialogue, la compréhension doivent
être au centre des relations humaines pour que la société évolue positivement. La musique de Shepp comme elle est documentée
dans le brûlot enregistré Live At Donaueschingen en 1968 était un
cri de guerre contre l’injustice raciale,
une dénonciation virulente contre les souffrances infligées à son peuple… Shepp étant
le leader incontesté, les autres servent son discours. Chez Perelman, même s’il
est le personnage central, chacun est soliste à part entière, les hiérarchies
sont effacées (même si c’est le son du sax ténor qui attire l’écoute) et les
autres ont tout le loisir et la liberté de s’exprimer : la seule
contrainte est d’écouter en permanence et d’interagir au mieux.
Autre
particularité de Perelman : il a quelque chose de Lol Coxhill dans
l’insistance à plier quasi toutes ses notes, à en altérer les intervalles de
manière homogène sur toute la gamme. Et puis, si on écoute avec attention, se
révèle l’insoupçonnable cheminement entre les particules sonores renouvelant
plage après plage, disque après disque, la raison d’être de ses six
volumes : si la démarche spontanée de Perelman est intarissable, on ne
s’en lasse pas. Même s’il faudra bien quelques semaines pour en mesurer
l’étendue. Il m’est difficile d’épiloguer plus avant sans que je me répète, mon
blog ayant déjà tenté de décrire, décrypter et commenter ses
enregistrements…. Là où l’improvisation
libre et le jazz free se rencontrent !
Simon Nabatov Trio picking order Leo CD LR 765
Simon Nabatov est omniprésent sur le label Leo
d’abord pour son grand talent de pianiste et aussi parce qu’il est
originaire de Moscou avant d’avoir émigré à New York avec ses parents et étudié
la musique à la Juilliard School. Leo nous a fait découvrir les improvisateurs
de l’ex-U.R.S.S. (Ganelin Trio et Sainkho Namchylak) et s’est attaché à les
publier sans discontinuer. Donc, on ne trouve pas moins de 20 albums de Simon Nabatov sur le catalogue Leo avec
des partenaires comme Frank Gratkowski, Nils Wogram, Matthias Schubert, Mark
Dresser, Ernst Reyseger, Phil Minton, Tom Rainey, Mark Feldman, Han Bennink,
Luk Houtkamp et tout çà depuis 2001, année où il avait initié sa présence sur
le label avec l’excellent Nature Morte en compagnie de Phil Minton,
Frank Gratkowski et Nils Wogram. Il peut s’estimer heureux, si on compare le
nombre d’albums de Fred Van Hove, le pianiste préféré des praticiens et
connaisseurs de la free music européenne, ces vingt cinq dernières années. Simon Nabatov est un pianiste virtuose
absolument remarquable avec un background classique impressionnant et une
capacité à improviser dans différentes directions entre jazz d’avant-garde et
improvisation libre avec l’éclairage de la musique contemporaine. Les musiciens
avec qui il a travaillé intensivement sont des artistes passionnants comme le
saxophoniste et clarinettiste Frank Gratkowski et le tromboniste Nils Wogram. Récemment,
il collabore avec des artistes de musique traditionnelle. Ici, picking
order est un trio piano basse batterie somme toute classique et ses
partenaires sont de solides musiciens. La musique très libérée (par rapport au
jazz contemporain), à la fois dense, lisible, intelligente et parfois
ébouriffante (quel pianiste !), requiert l’attention sans répit avec une
réelle exigence. Il y a çà et là des choses audacieuses (même par rapport au
free-jazz). Le tandem contrebasse batterie de Stefan Schönegg et Dominik
Mahnig joue très professionnellement avec une certaine finesse, comme des
jazzmen qui se mettent à improviser le plus librement possible tout en
maintenant une forme de construction qui respecte le gabarit du trio piano-
basse-batterie et avec des réflexes issus de cette pratique. Mais pour
quelqu’un comme moi qui recherche l’originalité et l’invention et qui a été
biberonné dans la musique de Fred Van Hove, Irene Schweizer, Paul Lovens, Paul
Lytton, Maarten Altena, Evan Parker, Derek Bailey, Paul Rutherford, Gunther
Christmann, Phil Wachsmann, Roger Turner etc… je trouve ce jeu en célérité un
peu sans saveur, même si l’énergie n’est pas feinte. Je ne vais pas vous faire
le coup du «je ne m’intéresse qu’à la
musique improvisée non-idiomatique», car ceux qui parcourent mon blog
savent que j’ai des goûts assez variés. Mais je préfère toujours l’originalité,
le risque, l’imagination, la fantaisie, la recherche personnelle, le musicien
qui ne ressemble à aucun autre, etc… La
technique instrumentale ne suffit pas à mes oreilles. Gageons que ses musiciens
mûrissent et trouvent leur propre voix/voie créative. Sinon cela s’écoute avec
intérêt et pour quelqu’un qui veut s‘initier au jazz libre / à l’improvisation
à travers le piano, c’est une bonne porte d’entrée vers ces univers.
SO{U}NDAGES Annette Giesriegl & Udo
Schindler Creative
Sources cs319 cd
J’avais reçu
un paquet de cd’s Creative Sources
tellement copieux que je n’ai pu faire la chronique de toutes les choses
vraiment remarquables dans les deux mois de leur réception. Donc, je me rattrape
avec un duo voix – clarinettes des autrichiens Annette Giesriegl et Udo
Schindler avec de nombreux mois de retard alors que Creative Sources a déjà produit des dizaines d’autres albums.
Annette, sur la photo de pochette chante dans un micro et Udo embouche une
clarinette contrebasse. On l’entend aussi à la clarinette basse, au sax soprano
et au cornet. Il s’agit d’une première rencontre lors d’un concert au festival Klang & Kunst à Vienne en novembre
2014 et le cd contient son entièreté dans l’ordre où cette musique a été jouée.
Il y a cinq pièces : la première de 6’ en guise d’échauffement (j’entends
qu’au tout début la voix d’Annette n’est pas entièrement assurée). Ensuite
trois longs développements (12 :48, 13 :53 et 10 :57) et un
final de 5 :15. Les excellentes notes
de pochette sont rédigées par Veryan
Weston avec qui la chanteuse a collaboré, il y a quelques années (Different Tessellations Emanem 5015).
Comme le souligne Veryan Weston, Udo construit sa musique au départ des
propriétés de chacun de ses instruments et Annette travaille le son de sa voix
en se référant avec une vraie flexibilité aux propriétés sonores des
instruments de son partenaire. Elle utilise tout l’éventail de ses nombreuses
possibilités vocales en les développant de manière très intelligente par
rapport au cheminement du souffleur, et l’imagination est vraiment le moteur de
sa démarche. L’écoute profonde est au rendez-vous tout autant qu’une réelle
indépendance de chacun par rapport à l’autre. Donc très peu de mimétisme
premier degré et c’est au niveau des détails, des intentions, du second degré,
et de la finesse que cette écoute est palpable. Certains supporters acharnés de
la free-music se focalisent sur les artistes réputés / notoires parmi lesquels
certains nous inondent d’albums qui ne nous apprennent plus grand chose (même
si on adore). Peu essayent de prêter une oreille curieuse à des artistes quasi
inconnus tels que le duo de SO{U}NDAGES.
Même si Udo Schindler ne fait
pas montre de virtuosité, il fait plus qu’assurer, inspirant la réelle fontaine
vocale, intarissable d’idées neuves, qu’incarne Annette Giesriegl, celle-ci étant à la fois une véritable stratège
et tacticienne sur la durée en offrant toute la gamme de ses phonèmes,
vocalises, harmoniques, effets vocaux etc.. quasiment sans se répéter durant
les trente-huit minutes du concert et en conservant une logique interne très
précise et des timbres personnels. C’est avec la technique du chant diphonique que
le concert se clôture et j’apprécie sa manière de faire varier cette approche
vocale (il faut savoir le faire), ce qui, sans cela, serait un gimmick.
Quoi qu’on
puisse dire « au niveau technique » (beaucoup croient que c’est
facile de chanter « en délirant » *), on trouve dans cet album une
qualité fondamentale : savoir gérer au mieux son bagage musical, sonore et
l’improvisation au fil des secondes de manière que la musique fasse sens et que
chaque moment renouvelle ce qui a déjà été dit. Un vrai plaisir !!
Good Bye Red Rose Tony
Marsh & Chefa Alonso Emanem 5043
Situé à
l’arrière d’un pub fameux de la Seven Sisters Road, à deux pas de la gare de
Finsbury Park, le Red Rose Comedy Club était une salle à l’acoustique parfaite
où John Russell (et Chris Burn) a organisé un concert mensuel de 1991 à janvier
2008. Un nombre incalculable d’improvisateurs et d’artistes ont pu y présenter
leur musique, car d’autres événements y avaient élu domicile bien avant
l’existence du New Vortex à Dalston, du Café Oto, d’Iklectic et d’ Hundred Years Gallery. J’y ai
croisé Hugh Davies, Adam Bohman, Terry Day, Lol Coxhill, Steve Beresford
dans le public. Le dernier concert de clôture avant que le local fut transformé
en luna park par le nouveau locataire du complexe, eut lieu le 20 janvier 2008
et Good
Bye Red Rose nous livre deux beaux échanges entre la saxophoniste soprano
espagnole Chefa Alonso et le batteur
Tony Marsh enregistrés à cette
occasion. Les autres morceaux datent de la même année. Trois improvisations au Flim
Flam de 9 :51, 9 :03 et 15 :57. La dernière plage est
consacrée un extrait de concert à Huesca. Survolant les pulsations
croisées de ce maître des rythmes et des timbres du batteur aujourd’hui
disparu, Chefa Alonso s’aventure
dans un tourbillon de notes éblouissant et chaleureux, aux intervalles étirés, sinueux
, à l’attaque du son à la fois franche et fugace, souvent en respiration
continue. Le batteur Tony Marsh est
un vieux routier du jazz qui nous a quitté trop tôt. Cet incontournable de la
scène londonienne a joué intensivement
avec Evan Parker, Elton Dean, Marcio Mattos, Paul Dunmall, Neil Metcalfe, Lol
Coxhill, Nick Stephens, Chris Briscoe, Didier Levallet, etc... Avant de nous quitter, TM a
enregistré un Tony Marsh Quartet
assez particulier et intriguant avec le flûtiste Neil Metcalfe, la violoniste
Alison Blunt, la violoncelliste Hannah Marshall dans un registre musique de
chambre / improvisation libre (Quartet
Improvisations psi 11.06) et curieusement Stops (Psi 10.07), un album intitulé à son seul nom mais en duo avec Veryan
Weston à l’orgue d’église (Stop Organ
en anglais). Comme quoi il ne faut pas trop cataloguer les improvisateurs et
coller une étiquette « free-jazz » parce qu’on a entendu très souvent
un batteur dans des formations archétypiques « souffleur – basse –
batterie ». Donnez-lui l’occasion de publier des albums à son nom et il
vous sort des choses atypiques comme ces Quartet
Improvisations et ces Stops.
J’aime
particulièrement ce Goodbye Red Rose parce que c’est un excellent exemple d’un
percussionniste issu du jazz qui
s’adonne à l’improvisation totale en étendant ses techniques de frappe tout en
restant dans le cadre du jeu de batteur « conventionnel ». Il fait
chanter les fûts et démultiplier rythmes et pulsations en toute
liberté. Le développement de l’improvisation libre fin des années 60, début des
années 70’s etc… nous a fait découvrir des percussionnistes qui altéraient
radicalement les paramètres de la percussion tant au niveau des instruments,
des techniques et des sonorités : Paul Lovens, Paul Lytton, Eddie Prévost,
Roger Turner, Lê Quanh Ninh. Tony Marsh
reste fidèle à la conception établie de la percussion, mais son jeu a une
réelle consistance, une urgence, une lisibilité, crée un dialogue – échange
avec sa partenaire. Il se révèle aussi énergique que respectueux de la
dynamique requise pour établir un équilibre à poids égal avec la saxophoniste. Celle-ci
s’engage dans un jeu serré et lyrique d’une réelle complexité, comme celle des
harmonies qui sous-tend le choix de ses notes, cette course en avant vif-argent
et ses croisements de doigtés particuliers. Elle ne se départit pas d’un choix
assumé de fausser intentionnellement ses notes de manière à créer un réseau
microtonal, homogène sur la durée entre les différentes hauteurs et clés. On songe bien
sûr à Lol Coxhill, si on veut chercher une comparaison, en précisant bien que Chefa Alonso, qui a eu un rôle
déterminant dans la scène improvisée en Espagne, a son langage propre et qu’une
fois l’avoir entendue, sa voix musicale nous reviendra en mémoire. Le duo
renouvelle son jeu et les trames sur lesquelles il développe ses improvisations.
Excellent et propre à mettre le feu aux poudres au Red Rose.
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