Paul Rutherford 1940 –
2007
Le 6 août dernier, le trompettiste Henry Lowther et une amie
de Paul Rutherford se font ouvrir la porte du domicile de ce dernier avec
l’aide d’un représentant des forces de l’ordre, celle-ci s’inquiétant de
l’absence de nouvelles. Ils découvrent son corps inanimé dans son petit
appartement du sud-est de Londres, non loin de Greenwhich. Une rupture de
l’aorte. Paul Rutherford vivait seul dans une région de la ville où
très peu de ses collègues résident.
La cérémonie d’inhumation a eu lieu le 16 août au cimetière
d’Hither Green London SE 6 en présence de plus d’une centaine de membres de la
communauté de la scène improvisée et jazz londonienne. Evan Parker et Henry Lowther ont coordonné les
informations et rassemblés les témoignages venus du monde entier. Dave
Rutherford, le frère du disparu raconta simplement comment il percevait son
frère depuis leur enfance. Martin Davidson, dont le label Emanem s’est attelé à
une quasi intégrale des enregistrements du tromboniste, prononça son éloge
funèbre. Un Paul Rutherford Memorial Concert est prévu pour le 24 octobre à Londres.
Paul Rutherford by Kris Vanderstraeten
Paul Rutherford by Kris Vanderstraeten
Un être humain chaleureux, discret, profondément aimable et doué d’un sens de l’humour exceptionnel, tel est le souvenir que Paul Rutherford laissera à ceux qui l’ont croisé sur les scènes européennes. L’histoire du Spontaneous Music Ensemble et John Stevens parue dans les numéros de février, mars et avril 2007 d’Improjazz retrace les débuts de Paul Rutherford et son rôle fondateur dans la naissance du jazz libre européen et de la scène improvisée londonienne. Si on considère que l’improvisation libre « européenne » se caractérise, entre autres, par un excès de raffinement sonore et une exploration des timbres et des intervalles créés dans l’instant en relation avec les possibilités d’un instrument acoustique (à vent en l’occurrence), on ne se trompe pas quand on désigne Paul Rutherford comme un des meilleurs exemples de cette musique. Dans une interview parue dans Jazz Magazine (août 1975), Anthony Braxton déclare que Londres est la ville « où cela se passe » et désigne trois musiciens : Derek Bailey, Evan Parker et Paul Rutherford….
Derek Bailey
lui-même salue (The Wire 1987) The Gentle Harm of The
Bourgeoisie, l’album
de Paul Rutherford publié par Emanem en 1975, comme étant LE disque de musique
improvisée libre en solo par excellence. L’article original dont le moteur,
écrivait-il, est l’imagination. Tous ses camarades étaient émerveillés par son
humour et son talent poétique cockney. Dans son jeu de trombone, tout évoquait
le timbre de sa voix chantante, son accent, son invention verbale, le rythme et
l’esprit de sa conversation de manière troublante. Parmi tous les musiciens
qu’il m’a été donné de rencontrer, je connais très peu d’autres artistes où la
personnalité et la communication verbale (et non-verbale) coïncident aussi
fortement avec la musique sur scène et de manière aussi poétique. On songe
évidemment à son ami Lol Coxhill. Les deux hommes s’estimaient profondément.
Pudiques et discrets, ils avaient aussi en commun un réel talent de chanteurs.
Il affirmait sans équivoque sa sympathie pour la cause communiste, c’était sa
manière à lui d’être égalitaire. En musique, peu lui importaient les
définitions strictes de l’improvisation contemporaine et les écoles, il était
aussi à l’aise avec Derek Bailey ou Phil Wachsmann qu’au sein des orchestres de
Mike Westbrook dont il fut un pilier durant une dizaine d’années. Avant tout,
il appréciait le talent chez les musiciens au-delà des styles. On l’entendit
avec Soft Machine et l’Orckestra qui réunit un jour Henry Cow et le Mike
Westbrook Brass Band.
Un innovateur du
trombone.
L’influence de Rutherford dans la scène improvisée des
années 70 est prépondérante et il doit être considéré comme un des innovateurs
incontournables du trombone de l’ère Ornette Coleman – Cecil Taylor au même
titre qu’un Bill Dixon, un Don Cherry et un Leo Smith pour la trompette. Trevor Watts et Paul fondèrent le groupe qui devint le Spontaneous
Music Ensemble, dénomination dont il
revendique la paternité. Ce groupe joua un rôle majeur dans la genèse du
free-jazz en Europe et de son évolution vers d’autres formes musicales. Après
avoir quitté le SME en 1967, il rejoint l’Amalgam de Trevor Watts avec le contrebassiste Barry Guy.
Cette association devient le trio Iskra 1903 avec Derek Bailey, après que Watts ait rejoint Stevens dans le SME,
une formation où Paul ne jouera plus que très épisodiquement (Frameworks
/ Emanem 4134). Paul reste très longtemps le point d’attache de Barry Guy dans
l’univers naissant de l’improvisation libre jusque vers la fin des années 70
avant que le contrebassiste ne s’associe à Evan Parker et Paul Lytton au début
des années 80. Barry Guy travaillera jusqu’en 1987 essentiellement dans la
musique baroque et contemporaine avant de se consacrer entièrement à son London
Jazz Composers’ Orchestra et au jazz libre.
Barry et lui font partie de la Co-Op, un cartel d’improvisateurs rassemblés
pour promouvoir leurs musiques et organiser des concerts. Parmi les membres,
Parker, Bailey, Paul Lytton, Tony Oxley, Howard Riley, Eddie Prévost, Stevens
et Watts.
Iskra, l’étincelle…..
Iskra 1903 enregistre pour Deutsche Grammophon en 1973 (« Free Improvisation » coffret 3 disques) et est un des premiers groupes à se détacher de la scène « free-jazz » par son absence de percussion, rôle dévolu à chaque instrumentiste, l’improvisation totale et une grande dynamique sonore. Rutherford y joue aussi du piano, son deuxième instrument d’études (Guildhall School of Music).Tout comme Barry Guy, Paul Rutherford a de solides références dans la musique contemporaine et la composition. Il écrira pour le London Jazz Composer’s Orchestra et dirigera l’orchestre. Son interprétation aventureuse et légendaire de la Sequenza pour Trombone de Luciano Berio fut reçue avec le plus grand enthousiasme. Un plaisantin avait subtilisé une page de la partition, Paul l'improvisa sur le champ comme si de rien n'était. Il en fut félicité par le compositeur lui - même.
Iskra 1903 enregistre pour Deutsche Grammophon en 1973 (« Free Improvisation » coffret 3 disques) et est un des premiers groupes à se détacher de la scène « free-jazz » par son absence de percussion, rôle dévolu à chaque instrumentiste, l’improvisation totale et une grande dynamique sonore. Rutherford y joue aussi du piano, son deuxième instrument d’études (Guildhall School of Music).Tout comme Barry Guy, Paul Rutherford a de solides références dans la musique contemporaine et la composition. Il écrira pour le London Jazz Composer’s Orchestra et dirigera l’orchestre. Son interprétation aventureuse et légendaire de la Sequenza pour Trombone de Luciano Berio fut reçue avec le plus grand enthousiasme. Un plaisantin avait subtilisé une page de la partition, Paul l'improvisa sur le champ comme si de rien n'était. Il en fut félicité par le compositeur lui - même.
Vers 1974, Bailey quitte Iskra 1903 car il ne désire plus faire partie d’un groupe
régulier. Néanmoins, les enregistrements d’Iskra1903 sont essentiels pour appréhender la maturation du
guitariste et l’évolution première de l’improvisation libre européenne. Bailey
sera remplacé dans Iskra par le
violoniste Phil Wachsmann en 1977, et cela jusqu’en 1995. Paul
invitera aussi Peter Kowald et Tristan
Honsinger pour des concerts du trio en Allemagne vers 76-77. Emanem a rassemblé
les enregistrements du trio initial avec Bailey et Guy pour le label Incus dans
un remarquable coffret augmenté d’inédits et de concerts, Emanem 4301 ISKRA
1903 "Chapter One" (1970-72). Cet album est un rare document sur le développement de
cette musique et sur les nombreuses facettes d’un groupe d’improvisation
radicales à cette époque. Les
inédits de 1971 en studio nous font découvrir un procédé curieux où les sons de
chaque instrumentiste sont captés à la fois par des micros « en
acoustique » placés devant l’instrument et à travers l’ampli de chacun.
Trois mémorables courts sets de concert lors de la tournée du LJCO en
Allemagne. C’est lors de ces concerts que fut inventée l’expression « english
disease », car ce style d’improvisation était aux
antipodes de la véhémence du free-jazz allemand, la panzer muzik. Un autre cédé « Buzz
Soundtrack »
confirme l’étendue de leur palette et l’absence de « dogmes »
chez ces pionniers (Emanem 4066). L’influence du trio Iskra est telle que Chamberpot, le trio de Phil Wachsmann, du contrebassiste Tony
Wren et du guitariste hauboïste Richard Beswick, intitule son disque « Sparks
of the Desire Magneto » (Bead 7). Le
nom Iskra 1903 fait référence à la gazette révolutionnaire de Lénine dans les années
1900 : Iskra signifie étincelle en russe, spark en anglais. 1903 parce qu’il s’agit d’un trio (03) jouant la musique du XX éme siècle (19). Le trio est baptisé Iskra 1904 lorsque s’ajoute un musicien
(Evan Parker). Iskra 1912 rassemble douze musiciens dans un studio en 72-73 avec,
entre autres, Evan Parker, Guy, Tony Oxley, Howard Riley, Maggie Nicols, Norma
Winstone, Kenny Wheeler et Malcolm Griffith. « Sequences
72-73 » (Emanem
4018) est un superbe grand ensemble sous la direction de Rutherford qui
délaisse son trombone pour l’occasion. La partition de Paul met en valeur des
espaces pour les improvisateurs.
Après le départ de Bailey d’Iskra, Rutherford et Guy se produisent en duo comme à
Moers en 1976. Il semble que le tromboniste ait une affinité spéciale avec les
contrebassistes : il joua avec Peter Kowald, Barry Guy, Paul Rogers et Torsten Müller. Durant les années 80, il se
produira fréquemment avec Paul Rogers, notamment en duo. Il en résulte « Rogues » (Emanem 4007 1988) enregistré lors
d’un concert dans un club à Birmingham.
Gentle Harm of the Bourgeoisie
Au début des années 70, Paul Rutherford initie les concerts
de solo de trombone. Son imagination et le cocktail le plus raffiné de la
fantaisie mêlée à une logique imparable de la pensée musicale font merveille.
Il utilise la voix et les multiphoniques. Sa justesse dans tous les intervalles
est proprement sidérante. Ses notes les plus aiguës, des harmoniques
difficilement jouables, qui suivent immédiatement des notes graves se situent
toujours dans les accords utilisés. Le trombone est un instrument difficile à
contrôler, sa problématique est abordée dans l’article sur Paul Hubweber dans
le précédent numéro d’Improjazz. Il faut
chanter dans l’instrument avec les lèvres pincées. A cette époque et avec
Albert Mangelsdorff, il est le tromboniste en vue de la scène du jazz libre et
de la musique improvisée européenne naissante et fait figure de libérateur du
trombone. Le grand Albert donnera ses premiers concerts solos en 1972. Et à cette époque Paul enregistre the Gentle Harm of the Bourgeoisie lors de concerts londoniens. Les
seuls autres trombonistes américains du free jazz dont la notoriété atteint le
public sont Roswell Rudd et Grachan Moncur III, entendus tous deux dans la
tournée européenne d’Archie Shepp en 1968. Joe Bowie, George Lewis et Ray
Anderson se feront entendre à partir de 1976-77. Avec la présence de
Mangelsdorff, Willem Van Mannen, Gunther Christmann, Conrad Bauer, Malcolm
Griffiths, Giancarlo Schiaffini et Radu Malfatti sur la scène, on peut déclarer
sans se tromper que le trombone libéré est une affaire européenne et que
Rutherford en est le chef de file avec Mangelsdorff. Non seulement, Paul est une
inspiration pour les trombonistes qui le suivent (Malfatti, Christmann,Yves
Robert, Wolter Wierbos, Paul Hubweber, Gail Brand), mais il éclaire la route de
quelques improvisateurs de premier plan.
Influence
Tout d’abord, son ami Paul Lovens, percussionniste,
reconnaît volontiers sa dette. Son collègue Gunther Christmann, un créateur
exceptionnel, cite invariablement Paul et Albert comme les deux phares de
l’instrument. Durant les années 70 – 80, le petit nombre d’enregistrements
disponibles sur le marché permettait une écoute approfondie et répétée des
merveilles produites par Incus, Emanem et FMP. Par exemple, les deux premiers
disques solos de Derek Bailey (Incus 2 puis 2R 1970 et Lot 74 Incus 12 1974) et
les deux solos de Paul, et cela, jusque dans les moindres détails. Entre ses
deux enregistrements solos, Derek Bailey écoute les concerts solitaires de son
ami tromboniste que la Co-Op organise et
joue avec lui dans Iskra 1903. Le guitariste l’écrira par la suite,
l’improvisateur solitaire qu’il admire le plus est Paul Rutherford. Durant
cette période de sa carrière, Bailey se concentre sur sa musique en solo dans
le but de découvrir si cette pratique aboutit à créer une musique non
idiomatique (sic !). On découvre dans Lot 74, les sons en suspens, les harmoniques
tenues, ces grands écarts entre le facile et l’impossible, entre le bruitage et
la sophistication harmonique, et l’humour caustique qui font le sel de Gentle
Harm of the Bourgeoisie (Emanem 4019), l’ultime chef d’œuvre funambulesque du tromboniste. Les
attaques de Paul et son souffle jouent
au chat et à la souris avec son invention mélodique et ses trouvailles
sonores. Cet enchaînement de sons en équilibre instable et la quête fugace de
leurs résolutions expriment le caractère insaisissable et volatile de cette
école d’improvisation. Paul Lovens, Gunther Christmann et d’autres ne s’en
cachent pas : l’imagination de Rutherford fut éminemment inspiratrice dans
leur développement. Et ils ne sont pas les seuls ! Comment agencer les
sons découverts dans le fil de l’improvisation. Christmann prendra moins de
risques en solo enregistré et se partagera avec la contrebasse puis le
violoncelle. Gunther a une qualité de son extraordinaire et son style est
intelligemment complémentaire de celui de Paul. Les deux trombonistes
participent au Peter Kowald Quintet (FMP 0050) en 1972. Radu Malfatti investigue davantage le son
et le timbre et introduit des objets dans le pavillon au détriment des hauteurs
et des intervalles dont Rutherford est le grand – maître avant l’arrivée de
George Lewis. Il est dommage
qu’aucun enregistrement solo de Radu Malfatti n’ait vu le jour pour permettre
une comparaison a posteriori. Wolter Wierbos et Yves Robert publieront bien
deux vinyls remarquables d’impros préparées quelques années plus tard, mais ils
n’enthousiasment pas autant que le Old Moers Almanach de Paul Rutherford publié par
Ring/ Moers. Il s’agit du concert solo au New Jazz Festival de Moers de 1976,
complètement improvisé et très applaudi. John Litweiler lui-même fait une
chronique élogieuse de Gentle Harm
dans le Village Voice.
Années 70
When I say Slowly I Mean As soon as Possible |
Heureusement, il joue et enregistre en Italie avec le
percussionniste Toni Rusconi et
l’ineffable Mario Schiano. Les
albums A European Proposal avec Schiano, Bennink et Mengelberg (Horo HDP 35-36 1979)
et To Fall Victim of An Ice-Cream en duo avec Tony Rusconi (L’Orchestra 1980 )
témoignent de ses aventures dans la péninsule, un pays où son lyrisme est fort
apprécié. C’est vers cette époque qu’on découvre son jeu à l’euphonium. On peut
l’entendre dans les Tristezze di San Luigi de l’album Horo et dans NEUPH, son dernier vinyle en solo sorti
chez Sweet Folk & Country (SFA 092 1978 / Emanem 4118). La réédition
compact de cet album contient deux solos de trombone inédits et enregistrés à
Rome et à Pise, par coïncidence. Passé inaperçu et mal distribué, NEUPH est un remarquable enregistrement
en multipistes qui démontre à souhait les talents de compositeur du tromboniste
et de sa capacité d’invention face à lui-même par la grâce de la technique. Des
pièces enthousiasmantes pour trois ou quatre trombones, deux euphoniums, un ou
deux trombones et euphoniums. La vitesse de la bande est parfois accélérée sur
une des pistes et un morceau fait entendre un chien. La respiration bruyante de
l’animal (« neumpf »)
donnera son titre au disque. On est noyé dans le Rutherford et on prend alors
conscience de l’extrême personnalisation de la voix rutherfordienne. Chefor
est un superbe solo
d’euphonium. Sur cet instrument, sa voix est identique à celle qu’il a au
trombone : on le reconnaît indubitablement. C’est assez étonnant,
l’euphonium est un instrument à pistons. On croirait presque entendre son
trombone. En fait, comme Lester Young quarante ans auparavant au sax ténor, il
s’est complètement approprié l’instrument : vous entendez du Rutherford. Paul est un musicien naturel et chez lui la moindre
note est travaillée avec cette marque de fabrique inimitable. Nombre de ses
collègues trombonistes ont une enveloppe sonore plus anonyme et un phrasé moins
éminemment personnel. Bien sûr, Mangelsdorff a un style unique, une projection sonore ahurissante et sa
technique est extraordinaire, mais il ne battra jamais Rutherford sur son
terrain : la dentelle, le souci du détail et des sauts de registres et de
rapides changements d’intensité et de volume font de Paul un maître incontesté
de la nuance. George Lewis est sans conteste un virtuose qui évoque un Art
Tatum qui se serait mis au trombone, on ne trouve pas chez lui cette
personnalisation du timbre et cet accent particulier qui font dire que Paul a
une voix unique à l’instar de Steve Lacy et de Lol Coxhill, deux êtres tout
aussi pudiques et réservés. Sa personnalité pourrait évoquer la singularité et
le lyrisme sincères d’un Chet Baker cockney
|
Paul Rutherford, alors au faîte de sa notoriété, est un
musicien fort demandé : solos, duo avec Barry Guy, Globe Unity
Orchestra, ICP tentet de Misha Mengelberg, Brötzmann Octet, Mike Westbrook,
Fabbrica Occupata du pianiste
italien Giorgio Gaslini (avec Ponty, Lacy, Oxley), festival FMP à Berlin etc…
Il joue en duo avec Paul Lovens et le titre de leur album « When
I Say Slowly I Mean As Soon As Possible »
est assez explicite d’un des nombreux paradoxes de cette musique (Po Torch
3). Michel Portal manifeste la
plus grande admiration pour son travail, les deux musiciens figurant dans le
même coffret « Free Improvisation »
de Deutsche Gramophon, le clarinettiste français au sein du New Phonic Art où
excelle un autre grand tromboniste du domaine contemporain, Vinko Globokar.
Mais petit à petit, les contacts et les relations du
musicien vont très lentement s’effriter. Bien qu’il soit un musicien qui prend
son travail avec sérieux et enthousiasme, il est réservé et relativement timide
et déteste s’imposer auprès des organisateurs professionnels. Ceux-ci
remplacent de plus en plus fréquemment les coopératives de musiciens et les
bénévoles inconditionnels de cette musique. Il prend l’habitude de boire avant
et après les concerts et cela empirera avec ses séjours fréquents en Allemagne
(des tournées de verre à bière d’un demi-litre). Cette propension affectera
inévitablement ses relations avec certains collègues.
Derek Bailey l’invite dans la fameuse Company Week de 1977 avec Braxton, Lacy, Leo
Smith, Bennink, Altena, Honsinger, Parker, Coxhill, … Mais Paul ne peut
accepter l’engagement car il s’est promis ailleurs et ne désire pas revenir sur
sa parole, il est le fair-play personnifié. Mis à part une date de Company en 1979, le guitariste ne fera
plus jamais appel à lui, alors que son nom figure en qualité de membre
« absent » dans la promotion et sur les pochettes des disques du
groupe à géométrie variable. Les premiers concerts de Company ont à l’époque un écho considérable, en raison de la
nouveauté de la formule. Et la présence de Braxton, Lacy, Leo Smith et Han
Bennink est un solide argument. Rien de tel pour un improvisateur que de jouer
dans Company en raison des
contacts nouveaux et de la visibilité que les rencontres de Derek Bailey
suscitent.
Aussi, Paul est complètement dénué de prétentions,
considérant sincèrement son apport considérable sur la scène comme l’équivalent
des contributions de ses collègues plus modestes. Il n’affiche pas de free –
improv attitude caractéristique comme
Bailey, Bennink, Lytton jeune, Malfatti, Beresford, David Toop et certains
collègues plus jeunes. Sa personnalité n’est pas assez fashionable pour certains journalistes.
L’année suivante, il tourne au sein du Mike Westbrook
Brass Band en France et en Italie (Goose
Sauce /Original
records). Mais ce sera sa dernière saison chez Westbrook et il quittera ensuite
le Globe Unity d’Alex von
Schlippenbach vers 1979, après avoir participé au Globe Unity Special avec Steve Lacy entre 1975 et 77. Ces deux
orchestres contribuaient à lui donner une visibilité et à nouer des contacts
fructueux. Avec Evan Parker, il se joint au duo Paul Lytton – Paul Lovens
vers1977, mais cette formule peine à trouver des débouchés. Leur concert final lors du Free Music Festival du WIM de 1977 à Anvers était complètement hallucinant : nous étions morts !!
Euphonium
|
A partir de 1977, il entame une collaboration avec le
pianiste Fred Van Hove en duo et
ensuite au sein de ses Musica Libera. On retiendra l’album MLA
BLEK avec Marc Charig et Radu Malfatti chez FMP / SAJ. Ce groupe fera une tournée interminable en Italie en
1979. MLA Blek est un des rares témoignages de la musique des groupes de Van
Hove entre 1977 et 1988. Cette collaboration coïncide avec l’arrivée du
violoniste Phil Wachsmann dans la nouvelle édition d’Iskra 1903, le violoniste étant aussi un des
principaux partenaires de Fred Van Hove. On retrouvera Paul dans le ‘t
Nonet de Van Hove dans les années nonante.
J’eus l’occasion de les entendre en duo en 1977 et en 1987.
Quelques années plus tard, son trio avec le bassiste Paul
Rogers et le batteur Nigel Morris joue à Paris et en Allemagne, ainsi qu’au
festival de Bracknell en 1983. Ogun publie l’enregistrement de Bracknell sous forme de
cassette, GHEIM (pour great honky european improvised music / Emanem 4103). La musique a malgré tout un parfum
free jazz, car Paul se fiche des étiquettes, il surfe comme un diable sur le
drive tendu par la paire Rogers /Morris. La cassette Ogun passe inaperçue dans un univers
professionnel jazz en voie de corporatisation et de béatitude soporifique. Il
suffit de lire les Jazz
Magazine de cette époque, qui recyclent des
articles consensuels parus aux USA.
Paul joue de plus en plus en Grande-Bretagne pour des
cachets maigrichons. Son nom apparaît de moins en moins dans les catalogues de
disques. Un peu chez FMP, à peine chez Incus ou Nato, jamais chez Hat Hut etc…
Il y a une solide concurrence au trombone et les organisateurs préfèrent
sensiblement la musique swingante et plus musclée de Ray Anderson et son BassDrumBone ou le Joseph Bowie de Defunkt. Ou les exploits « athlétiques » des
frères Bauer. Iskra 1903 fait une tournée anglaise vers 1983 avec Barry Guy et Phil
Wachsmann. Chacun des musiciens est muni d’un dispositif électronique (Iskra 1903 Chapter Two Emanem 4303 triple cd). Cette
musique préfigure l’évolution vers l’Electro Acoustic Ensemble d’Evan Parker auquel Guy et Wachmann collaboreront
douze ans plus tard. Paul multiplie les collaborations avec George Haslam, Paul
Rogers, Howard Riley, Lol Coxhill, Marcio Mattos et Eddie Prévost. Le superbe
concert enregistré aux Holywell Music Rooms d’Oxford par le génial Michaël Gerzon (décédé
depuis) en est un bon témoignage (The Holywell Concert / Slam 302 1990). Il s’agit de
solos et de duos en compagnie de Lol Coxhill, du pianiste Howard Riley et du
sax baryton George Haslam. Avec Eddie Prévost, le percussionniste d’AMM, il met
en boîte un superbe Premonitions (Free Jazz Quartet /Matchless). Ce Free Jazz Quartet, auquel se sont joints le saxophoniste Harrison Smith
et l’exceptionnel et méconnu violoncelliste Tony Moore, recèle une musicalité
infinie.
Un Quartet de rêve
et la seconde vie d’Iskra 1903
J’invite personnellement Paul Rutherford à se joindre au groupe d’Evan Parker avec Paul Lytton et le contrebassiste Hans
Schneider lors d’un festival en Belgique. La présence de ce bassiste dans le
groupe est à imputer à mon inexpérience d’alors à fixer les dates. Il en
résulte un exceptionnel enregistrement, Waterloo 1985 (Emanem 4030), la présence d’Hans
Schneider créant un autre équilibre que celui du trio avec Barry Guy. La
succession miraculeuse des échanges en trios, duos et quartets durant une seule
pièce de 65 minutes en fait un morceau d’anthologie à une époque où cette
musique était refoulée par les médias spécialisés et les festivals. Coxhill et
Van Hove sont au même programme et les musiciens présents sont appelés à jouer
dans différentes formules. Paul Rutherford est sans doute le souffleur le plus
qualifié pour s’intégrer pleinement avec ces trois personnalités
incontournables. Suite à ce concert, le trio Parker / Guy / Lytton augmenté de
Rutherford effectue une tournée en Suisse et en Allemagne (cfr la page précédente One Four and Two Twos / Deux à Deux font Quatre).
Heureusement pour Paul, son ami Barry Guy remet sur pied le London Jazz
Composers’ Orchestra avec l’aide du label zurichois Intakt
et d’organisateurs suisses. Il est naturellement appelé à en faire
partie, comme ses copains Paul Dunmall et Simon Picard, deux extraordinaires saxophonistes
ténor qu’il a contribué à introduire dans la scène. Simon est le fils de John
Picard, un excellent tromboniste de jazz et le modèle de Paul à ses débuts. Le
LJCO tournera régulièrement de 1987 à 1996 et enregistrera des pièces montées
particulièrement exceptionnelles. Iskra 1903 reprend du service sur la lancée
(Frankfurt 1991 Emanem 4051). Une musique de dialogue qui prend le temps de se
développer et qui fait appel à tous les paramètres : harmonie, métrique,
contrepoint, fugue, exploration sonore, constructions et déconstructions,
invention mélodique, espacements, gestes et phrasés, écriture automatique et
refus des clins d’œil trop évidents. Tour à tour aérienne ou convulsive,
immobile ou volatile, minimale et puis complexe, poétique ou austère, chantante
ou bruitiste, elle impose sa plénitude et son faux détachement avec limpidité.
Le jeu de Barry Guy y est particulièrement ouvert et espacé. Son rôle attentif
et mesuré dans ce trio permet de corriger l’image du contrebassiste hyperactif
dans l’esprit des observateurs, telle qu’elle a été répandue par la visibilité
du fameux trio avec Parker et Lytton. La fin abrupte des 13’09 de 903/2 (Iskra 1903 1992 Maya Mcd9502) interrompt un rêve éveillé comme par enchantement.
Peu d’improvisateurs parviendraient à s’intégrer parfaitement au trio
chambriste de Barry Guy, Paul Rutherford et Phil Wachsmann. Son goût pour les
grands ensembles se manifeste par son propre Iskrastra qui donnera quelques concerts au
milieu des années nonante.
Tragique.
Mais la santé de Paul devient inquiétante. Lorsque le LJCO cesse ses activités, Paul Rutherford a de moins en moins de travail et tombe malade en 2001. Son ami Paul Rogers est complètement désespéré de voir comment son mentor a évolué. C’est tragique. Paul est hospitalisé et est forcé d’arrêter sa consommation d’alcool qui lui ruine l’existence. C’est assez difficile pour lui, car il travaille dans un bar du sud – est de Londres pour gagner sa vie. Il souffre aussi de voir le monde changer vers toujours plus d’individualisme. Victime d’un accident, il a des difficultés à se maintenir debout longtemps et son temps de pratique journalière au trombone se réduit sensiblement à cause de la fatigue et de la douleur. C’est un instrument physique qui nécessite une bonne condition et deux à trois heures d’exercices journaliers pour maintenir la technique à ce niveau. Sa qualité d’émission est exceptionnelle, on distingue le moindre coup de lèvre avec la plus grande précision. Ses collègues trombonistes sont ahuris de constater que la détérioration de son état physique ne diminue en rien ses capacités alors qu’il peine à se déplacer. Au sortir de sa convalescence en 2001 / 2002, son jeu et ses idées avaient perdu un peu de leur brillance, mais l’émotion et la tendresse restaient intactes. Il réalise à quel point, l’état d’ébriété l’empêchait d’écouter lorsqu’il jouait. Aussi, le souvenir d’un émouvant concert avec Harrison Smith, Marcio Mattos au violoncelle et Eddie Prévost à la batterie au festival Freedom of The City. En 2004, deux solos entendus montrent qu’il a récupéré toute son énergie. Il semble revivre. Depuis 1995, Martin Davidson d’Emanem a entrepris son programme de rééditions et d’inédits de notre tromboniste et c’est fort heureux pour son moral. Son dernier album solo, Trombolenium (Emanem 4072) sort en 2002 et contient des extraits de concerts des années 90. Très peu d’organisateurs répondent à ses appels alors que les cédés Emanem de Rutherford se vendent bien au Royaume-Uni, à New York, en France ou dans le Bénélux. Il a très peu de concerts payés, à peine trois ou quatre par année. C’est un non-sens absolu : les ventes de ses cédés prouvent qu’il est sollicité par le public et les festivals le boudent. Même absent des scènes, Rutherford parvient à écouler une quinzaine de titres dont deux coffrets triples dans un marché de plus en plus saturé. Il est évident que Martin Davidson n’aurait jamais produit autant de compacts s’ils ne s’étaient pas vendus rapidement. En effet, Emanem n’est pas subventionné et son catalogue compte aujourd’hui plus de cent cinquante numéros quasiment tous disponibles.
Mais la santé de Paul devient inquiétante. Lorsque le LJCO cesse ses activités, Paul Rutherford a de moins en moins de travail et tombe malade en 2001. Son ami Paul Rogers est complètement désespéré de voir comment son mentor a évolué. C’est tragique. Paul est hospitalisé et est forcé d’arrêter sa consommation d’alcool qui lui ruine l’existence. C’est assez difficile pour lui, car il travaille dans un bar du sud – est de Londres pour gagner sa vie. Il souffre aussi de voir le monde changer vers toujours plus d’individualisme. Victime d’un accident, il a des difficultés à se maintenir debout longtemps et son temps de pratique journalière au trombone se réduit sensiblement à cause de la fatigue et de la douleur. C’est un instrument physique qui nécessite une bonne condition et deux à trois heures d’exercices journaliers pour maintenir la technique à ce niveau. Sa qualité d’émission est exceptionnelle, on distingue le moindre coup de lèvre avec la plus grande précision. Ses collègues trombonistes sont ahuris de constater que la détérioration de son état physique ne diminue en rien ses capacités alors qu’il peine à se déplacer. Au sortir de sa convalescence en 2001 / 2002, son jeu et ses idées avaient perdu un peu de leur brillance, mais l’émotion et la tendresse restaient intactes. Il réalise à quel point, l’état d’ébriété l’empêchait d’écouter lorsqu’il jouait. Aussi, le souvenir d’un émouvant concert avec Harrison Smith, Marcio Mattos au violoncelle et Eddie Prévost à la batterie au festival Freedom of The City. En 2004, deux solos entendus montrent qu’il a récupéré toute son énergie. Il semble revivre. Depuis 1995, Martin Davidson d’Emanem a entrepris son programme de rééditions et d’inédits de notre tromboniste et c’est fort heureux pour son moral. Son dernier album solo, Trombolenium (Emanem 4072) sort en 2002 et contient des extraits de concerts des années 90. Très peu d’organisateurs répondent à ses appels alors que les cédés Emanem de Rutherford se vendent bien au Royaume-Uni, à New York, en France ou dans le Bénélux. Il a très peu de concerts payés, à peine trois ou quatre par année. C’est un non-sens absolu : les ventes de ses cédés prouvent qu’il est sollicité par le public et les festivals le boudent. Même absent des scènes, Rutherford parvient à écouler une quinzaine de titres dont deux coffrets triples dans un marché de plus en plus saturé. Il est évident que Martin Davidson n’aurait jamais produit autant de compacts s’ils ne s’étaient pas vendus rapidement. En effet, Emanem n’est pas subventionné et son catalogue compte aujourd’hui plus de cent cinquante numéros quasiment tous disponibles.
L’Europa Jazz du Mans
accueille un extraordinaire RottoR avec Keith et Julie Tippets et
Paul Rogers (The First Full Turn 1998 Emanem 4026).
La cohérence de ce quartet sur une durée aussi longue (une
pièce de 53’) est la démonstration irréfutable que l’expression Instant
Composing n’est pas
un vain mot et que l’expression inventée il y a quarante ans par Misja
Mengelberg s’applique à merveille à cette aventure de rêve. Mais pourquoi, mon
Dieu, n’a-t’on pas fait plus souvent appel à ce groupe ? Parmi ses rares concerts de ces
dernières années, on dénombre un duo avec Keith Tippett à Istanbul, un solo à
Bruxelles, un concert avec Bailey à Sheffield, un Rottor à Ulrichsberg, un quartet avec Van Hove, Rogers et
Lytton à Berlin et quelques dates avec le Globe Unity ressuscité. Au Royaume-Uni, les budgets culturels
pour cette musique sont maigrichons alors que des dizaines d’improvisateurs
britanniques s’exportent aisément en Europe et en Amérique et gagnent leur vie
à l’étranger. Paul essaie de se ressaisir et fait des mini-tournées aux USA en
2002, 2004 et 2006 (Chicago 2002 en solo et avec Vandermark, Coxhill, Kjell Nordeson,
etc..). Il fera quelques concerts avec le saxophoniste Ken Vandermark (Hoxha / Spool). Invité au Vision
Festival 2006, il joue une seule fois
durant l’après-midi, comme s’il était un « semi-professionnel
local ». Un disque d’ iskra³
sort chez Psi avec Lawrence Casserley et Robert Jarvis ( live signal processing
et électronique). Le groupe jouera une seule fois au FOTC 2006. Sans cachet, comme souvent à Londres.
Mais Paul Rutherford passe de l’enthousiasme à l’abattement
désespéré. Il avait rêvé d’une fête musicale basée sur le partage, un potlatch
ouvert à quiconque a du talent et de l'enthousiasme à offrir. Et à la fin
de sa vie, il reçoit un mépris indifférent : pas même une réponse polie
lorsqu’il sollicite un concert.. A leur âge, des artistes comme Paul Rutherford
ou Lol Coxhill n’auraient plus à devoir quémander. Pour des trombonistes
comme Paul Hubweber, Gail Brand et Jeb Bishop, Paul Rutherford est le musicien
par excellence. Son vieux camarade Trevor Watts, à qui Paul avait téléphoné
quelques mois auparavant et pour la première fois depuis de nombreuses années,
me confia qu’il le sentait très loin sur la pente du désespoir. Aussi sa santé
chancelle à nouveau comme durant ce dernier concert à Berlin où il a fallu le
soutenir jusque sur scène. Il fit tout le concert assis.
Adieu !
Lors du Freedom of The City 2007 au Red Rose, je croise Paul une dernière fois, le
temps de me dire brièvement l’air courroucé : I don’t have
any concert in the year to come ! Les
improvisations du trio de Marcio Mattos au violoncelle, Veryan Weston au piano (droit) et de notre tromboniste (67 ans) sont
merveilleusement spirituelles, dynamiques, multidimensionnelles. De
l’improvisation libre « classique » de haute volée que certains
tiennent pour un fait acquis voire « dépassé ». Peu y parviendraient
aussi bien. A la fin du concert, il avait le sourire aux lèvres. Paul Rutherford
a toujours été émerveillé par la bonne musique, quel que soit le style et
l’esprit dans lequel elle est jouée, et cela avec le plus grand respect pour le
talent, l’inspiration et l’imagination. Cet homme ne comprenait que le langage
de l’amitié sincère. Sa disparition touche profondément ceux et celles qu’il a
croisés sur sa route. Adieu Paul, et merci pour tout.
PS : A ne pas manquer : Solo in Berlin 1975 / Emanem 4144 , un solo absolument passionnant....... LE SOLO de Paul. Le dernier chef d'oeuvre est THE ZONE avec Torsten Müller (basse) et Harris Eisenstadt (percussion), enregistré à Santa Fé en janvier 2006 (Konnex KCD 5176). Passionnant et requérant de bout en bout ! Le tout dernier est un duo avec le percussionniste Sabu Toyozumi, The Conscience (No Business), qui s'affirme comme un enregistrement indispensable. Sans oublier Are We Diego ? avec Ken Vandermark, Torsten Müller et Dylan Van der Schyff (WhirrBoom).
Il semblerait qu'avec le contact de ces autres musiciens et hors de son quartier de Blackheath, Paul ait retrouvé un véritable renouveau. Aussi, Matchless a publié un deuxième album du Free Jazz Quartet avec Eddie Prévost, Tony Moore et Harrison Smith, Memories for the Future. Un groupe excellent avec une musicalité surprenante. |
Il faut absolument écouter SOLO IN BERLIN 1975 Paul Rutherford.. label Emanem 4144 .... et TETRALOGY une compilation solo quartet avec Martin Mayes, George Lewis Melvyn Poore à Actual 81 en solo au Pisa Jazz Festival 1978 et le trio avec Paul Rogers et Nigel Morris Emanem 5202 .
RépondreSupprimerle trombone est l'instrument à vent par excellence de la révolution sonore et improvisée radicale en Europe entre la fin des années 60 et la moitié des années 80. Paul Rutherford, Albert Mangelsdorff, Gunther Christmann, Giancarlo Schiaffini, Malcolm Griffith, Radu Malfatti, Conrad Bauer, Alan Tomlinson, Hannes Bauer, Willem Van Mannen, Wolter Wierbos, Yves Robert, Paul Hubweber, Sebi Tramontana, Hillary Jefferies, Gail Brand, Martin Muche, Angelo Contini....
RépondreSupprimerError, this is Matthias Muche, not Martin , discussed in decembre 2012 as trombonist in the trio MTZ in two great recordings , Sator Rotas and Excerpts of anything , both on Creative Sources, also more than noticeable, the work of jazz trombonist Nils Wogram and another Mathias : Mathias Forge.
Supprimerhello dear readers , please tell me what do you prefer : a new review More Accent on Tenor Sax ?? John Stevens and SME ??
RépondreSupprimerobjects music .........??