Albert Ayler Spiritual Unity : 50 ans ……
50 ans de jazz libre et d’improvisation libre depuis le 14 juin 1964. L’an zéro du
free-jazz, celui de la liberté « totale », lorsque le trio d’Albert Ayler, Gary Peacock et Sunny Murray
joua au Cellar Café de NYC pour la toute première fois après avoir joué ensemble avec Paul Bley. Le mois suivant, l'Albert Ayler Trio enregistre Spiritual Unity, le premier album de
jazz d’avant – garde du premier label consacré à cette musique, ESP. Spiritual Unity est par
excellence le disque-manifeste du nouveau free-jazz qui a largué ses amarres
tant pour la forme que pour le son. Eclatement de la rythmique et de la
scansion, vagues de sons multirythmiques de Sunny Murray, phrasé complètement
outré de la basse en toute indépendance du batteur, autonomie de chaque
instrumentiste, changement abrupt de
registres du souffleur et du bassiste, cohésion irréelle, travail sur le son du
saxophone aux moyen de techniques alternatives complètement intégrées aux
motifs mélodiques et aux intervalles choisis. Albert Ayler souffle très fort pour obtenir ces cris dont ilcontrôle les timbres, les glissandi avec une facilité et une souplesse
déconcertantes. Il a créé ce son « Ayler » en deux ou trois ans et
mis à part John Coltrane, aucun
autre saxophoniste ne dégage une telle émotion, une telle puissance, celle qui
transformera pour toujours la vie de milliers de musiciens et d’auditeurs. Tout
ce qui relie la New Thing aux
conventions du jazz et aux critères occidentaux est éclaté et évacué.
Singulièrement cette musique « d’avant-garde » a un solide pied dans
la musique populaire et les airs de fanfare et évoque l’imagerie de l’Eglise
Noire. D’ailleurs, quelques mois auparavant, Ayler a enregistré une série de
gospels traditionnels, publiés seulement vingt ans plus tard. Certains de ses
thèmes sont inspirés du foklore suédois. On peut dire aussi que l’improvisation
libre collective totale que développèrent ensuite les Européens trouve dans cette aventure un point de départ
indubitable.
Le 10 juillet 1964, Arthur Jim « Sunny » Murray,
pénètre dans le Variety Arts Studio à NYC, loquace, dégingandé, imposant… suivi
de près par le contrebassiste Gary
Peacock et sa compagne Annette. Plus introverti et discret que son
camarade, il attend patiemment l’arrivée d’Albert
Ayler, un musicien sorti de nulle part que Cecil Taylor et « Sunny »
Murray ont rencontré en Scandinavie
durant l’automne 1962. Après avoir partagé la scène à Copenhagen, Ayler joue
avec le groupe de Taylor à New York avec Murray, Jimmy Lyons et Henry Grimes. Dans
le même club, Paul Bley, John
Gilmore, Gary Peacock, Paul Motian partagent l’affiche et, de fil en aiguille, après
avoir joué avec Bley et Sunny Murray, échangé les bassistes, Henry Grimes, qui part en tournée européenne
avec Rollins et Don Cherry, contre ce nouveau venu, Gary Peacock… Ayler forme son
trio qui cristallise toute sa quête et son expression.
Le producteur, Bernard Stollman, un jeune avocat, veut
lancer un nouveau label de disques dédié entièrement à la Nouvelle Chose, ESP. Le nom du label fait référence à l’espéranto, une langue synthétique.
Un nombre croissant de jeunesmusiciens accourent de toute l’Amérique pour révolutionner le jazz depuis qu’Ornette Coleman, Don Cherry, Charlie Haden et Edward Blackwell sont apparus au Five Spot devant le Who’s Who du
jazz de Gunther Schuller et John Lewis à
Coltrane, Max Roach et Dizzy.
La nouvelle musique a convaincu des critiques comme Nat Hentoff et des musiciens comme Charles Mingus
qui engage Eric Dolphy. Miles Davis fait la fine bouche, il déclare qu’EricDolphy se marche sur les pieds. Les critiques officiels comme Dan Morgenstern prennent vite ce mouvement en grippe. Coltrane chez Miles, Ornette, Dolphy et le Cecil Taylor de Jazz Advance et de Air avaient sérieusement contribué à
déplacer et à étendre les repères et les structures du jazz moderne. Mais avec
Albert Ayler et Sunny Murray, tout vole en éclat. Là où le groupe de Cecil Taylor exploite jusqu’au bout lesstructures harmoniques, et pour s’en convaincre il faut écouter toutes les permutations
et métamorphoses proches du texte bop parkérien (Charlie Parker), mais très subtilement avancées, de Jimmy Lyons, le son d’Ayler projette un
vibrato inouï, un son à faire réveiller un mort. Ses morceaux parlent d’esprits
ou de fantômes (Spirits et Ghosts) ou encore de sorcier (Wizard). Avec une puissance de souffle
hallucinante, un bec énorme et un vibrato sorti d’un rêve éveillé, Ayler exprime une foule d’émotions contenues en faisant exploser les notes, sifflerles harmoniques avec un contrôle du son aussi instinctif que magistral. Le batteur Sunny Murray, fait complètement éclater la structure rythmique du drumming jazz et révolutionne le concept de tempo en libérant les cellules rythmiques qui se meuvent quasi indépendantes les unes des
autres en accélérant ou ralentissant des pulsations sous-jacentes à un flux quisemble incontrôlé.
Mais voilà qu’Albert Ayler entre dans le minuscule
studio. Le preneur du son installe le matériel, Stollman avait cru que la session allait être enregistrée en stéréo, mais comme il est tout heureux de pouvoir parler avec
Annette, rire avec Murray et discuter de détails, il ne s’est pas aperçu que la
session est en fait enregistrée en mono. "J'en fus horrifié !" dira-t-il.
Ghosts, Wizard sur la première face, Spirits et Ghosts
2nd Variations sur la
deuxième, en mono. En MONO ! ! Et donc, lorsque vous trouvez devant
une copie de Spiritual Unity publiée sur le label d’origine ESP sous le n°
1002 avec la mention MONAURAL et qu’elle est à vendre,
que ce MONAURAL ne vous effraye pas.
C’est le GRAAL intégral !! Le
vrai son du free – jazz tel qu’il a été vécu à l’époque. Tout comme la poésie doit être lue et sentiedans sa langue d’origine et qu’elle perd sa saveur un fois traduite, ce qui a été enregistré en mono doit vous être servi en mono, du moins la gravure sur le vinyle. Si vous le foutez en stéréo, c’est du faux stéréo. Vous écoutez cela au
casque et si la musique devient plus aérée vous entendez la perspective de
l’enregistrement, sa balance, de manière curieuse. J’y reviendrai.
Et les copies historiques decet album ESP 1002 sont en mono et rien d’autre.
Toutefois, face au phénomène
grandissant du free-jazz et à l’intérêt croissant en Europe, ESP concède des licences à des maisons de disques européennes. Très vite le label Fontana propose une édition britannique mixée en stéréo (Fontana - UK SFJL933)et ESP distribuera par la suite des éditions stéréo
« améliorées ».
Et là demeure un mystère.
Lors du mixage en stéréo de Spiritual
Unity, on a travaillé sur les bandes originales, sauf une ! Les deux variations de Ghosts qui ouvre et ferme l’album sont devenues l’hymne de
l’humanité selon Don Cherry, qui
partira en tournée avec eux un peu plus tard. Wizard est bien dans la tonalité à la fois hyper lyrique et tumultueuse, explosive et étonnamment décontractée de la musique du trio.
Mais Spirits ! ? Spirits, c’est bien le titre clé de
l’album Spirits enregistré en février 1964 avec Murray, Henry Grimes,un bassiste du nom d’Earle Henderson et un excellent trompettiste, Norman
Howard. On rebaptisera le disque Witches and Devils selon le titre du morceau qui ouvre l’album et qui laisse poindre un instant la mélodie de Ghosts. Ce Spirits-là est un thème enlevé typiquement aylérien avec une
mélodie caractéristique et moins connu que Ghosts,
mais à l’époque ce Spirits est au
centre de tous les concerts d’Ayler et a un véritable air de famille avec les Ghosts et les Wizard qui fleurissent dans Spiritual Unity.
On retrouve d’ailleurs les
intervalles caractéristiques des improvisations de ce morceau dans celles du
jeune David Murray en 76/77.
Un mois auparavant, le trio
Ayler / Peacock / Murray avait donné un concert extraordinaire au Cellar Café trois semaines avant l’événement historique appelé Révolution d’Octobre et organisé
sous la houlette de Bill Dixon. Le
premier festival d’importance consacré uniquement à la free music. Outre Ayler
et son trio, il y a Milford Graves, Paul Bley, John Tchicaï, Roswell Rudd,
Archie Shepp, Jimmy Giuffre, Dixon et John Coltrane venu en spectateur dans
le public. Coltrane est complètement bouleversé par Albert Ayler. Il pressera
d’ailleurs Bob Thiele, son producteur, de signer Albert Ayler sur
Impulse ! Dans ce concert du Cellar Café, le premier du trio, Ayler, Peacock et Murray jouent, avec un
équilibre rare de violence agressive et une totale décontraction, la
suite : Spirits, Wizard, Ghosts en deux variations… autour d’un Prophecy
énigmatique. Les
mélodies de chacun des morceaux ont des intervalles en commun qui permettent de
connecter les improvisations entre chaque morceau et de les mélanger. La
musique de ce moment incontournable fut publiée par ESP au moment même où le label mettait la
clé sous le paillasson en 1975 : Prophecy ESP 3030, avec, sur la
pochette, une photo du dernier concert d’Ayler à la Fondation Maeght, publié
par le label Shandar. Prophecy est quasi passé inaperçu en Europe et c’est en 1979 seulement, que j’en trouverai une copie japonaise après avoir cherché vainement Spiritual Unity
ESP 1002 ou même une simple réédition, comme le Fontana Stéréo britannique que je trouverai encore dix ans plus tard pour une somme tout à fait modique.
Alors, Spirits ??
Qu’a t’on fait avec les
bandes ? Les a t-on
mélangées ?
A t-on perdu la bande
originale de Spirits ?
S’est-on trompé de
morceau ?
Albert Ayler
a-t-il demandé à ce qu’on le remplace par un autre morceau plus introspectif
pour créer une dimension différente ?
Car le Spirits qui se trouve sur l’album Fontana britannique stéréo et les autres rééditions ultérieures est en fait une version d‘un morceau plus lent, à la mélodie similaire d'un morceau qu’on peut entendre dans l’album Ghosts a/k/a Vibrations sous le titre de Vibrations. La batterie de Sunny Murray y est
plus clairsemée et se contente de colorer un véritable duo intimiste entre le saxophone ténor et la contrebasse, Peacock y jouant sa contrebasse à l’archet. Seulementune écoute attentive au casque révèle une perspective stéréo artificielle, vu
qu’il s‘agit au départ d’un enregistrement mono. Par la suite presque toutes
les éditions ultérieures (Fontana UK, Base, Zyx, Abraxas etc..), y compris le CD ESP officiel proposent ce « Spirits »
plus court (6’48’’) qui ressemble aussi à Saints, un autre morceau que le Spirits
d’origine dont on retrouve la mélodie dans les morceaux intitulés Spirits dans plusieurs albums. De même, ce faux Spirits utilisé par les éditions respectives d’ESP /Calibre Via ou d’ESP CD 1002 sonne encore différemment de
celui du vinyle Fontana… Pour ajouter au mystère, une édition vinyle de Spiritual Unity publiée par ESP dans les années soixante paraîtra avec cette autre plage intitulée Transfiguration. . Par contre la réédition française parue sur le label E.S.P. Explosive en 1970 (référence 538.107 "licence ESP DISK - Édité par Productions et Éditions Sonores coordination artistiques Hervé Bergerat") contient la version initiale de Spirits sur la face B, identique à celle du vinyle ESP 1002 MONO !!
Questionné,Bernard Stollman ne se souvient plus du tout de ce qui aurait pu se passer. Cela nous laisse libres pour l’interprétation de ce mystère.
Questionné,Bernard Stollman ne se souvient plus du tout de ce qui aurait pu se passer. Cela nous laisse libres pour l’interprétation de ce mystère.
Seul, le label japonais Venus
rééditera l’album avec les « deux » versions de Spirits en 1996. Le morceau de la première version s’intitule Vibrations dans l’album Ghosts
a/k/a Vibrations, publié du vivant d’Ayler à la même époque. Don
Cherry complète le trio dans une tournée mémorable qui tourneboula nombre de
musiciens et d’auditeurs à Rotterdam, Copenhagen, etc... On retrouve aussi ces Vibrations
dans les Copenhagen tapes publiées plus récemment par le label Ayler. Ces enregistrements de
Copenhagen figurent en partie dans la boîte Holy Ghost publiée par Revevant. On y trouve aussi la rencontre
avec le trio de Cecil Taylor à Copenhagen en 62 et la suite inédite du concert
du Cellar Café.
Finalement grâce à
l’insistance de Martin Davidson du
label Emanem et à son expertise technique, ESP publiera bientôt une nouvelle
version de Spiritual Unity avec
cinq plages et les
deux « versions » de Spirits.
Pour ceux qui voudraient déjà se plonger dans l’atmosphère de Spiritual
Unity avec le Spirits d’origine et connaître le
bouleversement émotionnel intense que cette pièce unique achève et nous achève
complètement entre deux Ghosts d’anthologie, rien de tel que
l’album Prophecy et son
atmosphère extraordinaire qui s’ouvre justement
sur Spirits
et la contrebasse géniale de Gary Peacock.
D’un point de vue
discographique actuel et purement pratique, il faut, pour écouter toutes les prises de ce concert, utiliser
aujourd’hui le CD ESP où Prophecy est couplé avec (et après) Bells
(une face de vinyle ESP transparent de 1965) et extraire la suite des inédits du
Cellar Café de juin 64 dans la très lourde et coûteuse boîte Holy
Ghost, aujourd’hui indisponible.
L’an zéro du free jazz au Cellar Café, le 14 juin 1964, restera toujours
pour moi l’album merveilleux « Albert Smiles with Sunny » (CD In
Respect 39501) parce qu’il réunit les morceaux de Prophecy et les 43 minutes supplémentaires des bandes du
concert dans un double CD (avec la
vitesse exacte des bandes originales) et qu’il nous plonge le mieux possible
dans la folie aylérienne et l’équilibre magique de ce trio de rêve. I Had
a Dream. C’est avec cet album qu’on entend les gémissements de Murray
en arrière fond, le chassé croisé entre
les thèmes et les improvisations qui s’enchevêtrent. Ces grognements dans le
grave qui s’échappent en harmoniques suraiguës volatiles. La pratique de
l’improvisation, le sentiment que rien n’est acquis et que tout reste à faire.
Rien que les parties de contrebasse de Peacock et le flottement créé par les
vibrations des cymbales sont absolument uniques. L’instinct de la réussite
immédiate et l’évidence de l’instant magique. Dans le deuxième disque, Ayler
invente des permutations imprévisibles pour introduire un énième Ghosts dans une « autre
variation ». Jamais plus dans l’histoire enregistrée d’Albert Ayler, ses
capacités d’improvisateur, son génie du saxophone ne s’exprimeront avec autant
de fraîcheur, d’invention et d’audace
que lors de ce concert du 12 juillet 1964. C’est aussi le meilleur moment
d’appréhender la paire Peacock – Murray et leur conception d’indépendance et de
complémentarité.
ESP et Bernard Stollman considèrent ce disque comme étant un Bootleg, car Stollman représente la
succession de la famille Ayler (et de
Sun Ra) et qu’il n’a pas donné son
accord pour cette publication. L’initiateur de cet album n’est rien d’autre que
Sunny Murray lui-même,
instrumentiste improvisateur et contributeur incontournable de cette musique.
Son avis mérite d’être considéré : cette musique est collective et le
système des droits d’auteur est en décalage avec la pratique de la musique
improvisée. Les thèmes sont d’Albert Ayler bien sûr. Et la musique, elle, elle
est de qui ?? …. Sur quelle partition est notée la partie de batterie de Sunny ??
En outre, son complice est Harmut Geerken, activiste et musicien proche de John Tchicaï, Sun Ra, Don Moye, etc... Une personnalité impliquée dans la scène dans le bon sens du terme. Scandaleusement, Sunny disparaît complètement dans le livre passionnant qui documente le coffret Holy Ghosts et retrace la vie d’Albert Ayler. Quand on demande à Paul Lovens, le prince de la percussion improvisée radicale, de citer ses sources musicales, Sunny Murray est le premier nom qui lui vient à la bouche.
En outre, son complice est Harmut Geerken, activiste et musicien proche de John Tchicaï, Sun Ra, Don Moye, etc... Une personnalité impliquée dans la scène dans le bon sens du terme. Scandaleusement, Sunny disparaît complètement dans le livre passionnant qui documente le coffret Holy Ghosts et retrace la vie d’Albert Ayler. Quand on demande à Paul Lovens, le prince de la percussion improvisée radicale, de citer ses sources musicales, Sunny Murray est le premier nom qui lui vient à la bouche.
Si les Stollman ne sont pas
contents, qu’ils publient un double album digne de cet événement incontournable
et éphémère ! A notre déconvenue, le propriétaire des droits de quatre albums
historiques incontournables que sont My
Name is Albert Ayler, Spirits, Goin’Home et Ghosts, néglige de les
faire publier : DA Music les a
rachetés au fameux Alan Bates de Black
Lion. Tout au plus, Spirits a été
réédité en vinyle par Klimt. Alors
que de nombreux musiciens surproduisent, ces quatre merveilles manquent
cruellement à l’horizon. Rassembler les albums Spirits, Ghosts, My Name is Albert Ayler, Going Home et le concert du Cellar Café ferait un coffret extraordinaire digne de celui
d’Ornette Coleman chez Rhino et cela éclipserait le touffu boîtier chic Holy Ghost.
La parution de Spiritual
Unity à cinq plages vient donc bien à point.
En se plongeant dans l’écoute de ces albums, on réalise à
quel point la musique d’Albert Ayler à cette époque était en mouvement
perpétuel et qu’elle reste toujours éminemment actuelle. Elle personnifie à la
fois la lucidité des poètes et l’irrationnel des croyants, la révolte et la
solidarité, l’invention et la maîtrise du son. Le travail de Gary Peacock y est
un modèle du genre, quasi inégalé. Ayler a eu une évidente influence sur un Peter Brötzmann, mais aussi sur Coltrane lui –même , qui a transformé
son jeu en conséquence. Ecoutez certains de ses albums enregistrés l’année
suivante, comme Sun Ship, Transition
ou les First Meditations, et vous
pourrez le constater. Pour Steve Lacy,
écouter Ayler a été un intense moment de remise en question fondamentale. Sur
un album solo paru récemment récent (Avignon
and After vol 2), il y a un morceau qui découle entièrement du jeu aylérien
reconstruit par ce structuraliste méticuleux. John Stevens et l’Art
Ensemble lui dédieront certains de leurs disques (Lebert Aaly !!). Joe Mc
Phee est apparu sur scène vêtu d’une aube et son album solo Tenor est proche de l’esprit et du style
aylérien. Sans oublier les Flowers for
Albert d’un très jeune David Murray. Ou encore Charles Gayle et Ivo Perelman. En France, on pense à Daunik Lazro. A propos du son
particulier d’AA, il faut noter que peu parviennent à souffler aussi fort tout
en évitant la dureté quasi-inévitable. Il y a une dimension mélodique implicite
dans ses sonorités inouïes, un lyrisme absolument unique. Entendant Ayler lors de
la tournée avec Cherry, Peacock et Murray, Ben
Webster déclara qu’il avait rêvé à plusieurs reprises de jouer en criant à
la manière de son cadet. Quant à Stan
Getz , il avait accordé la plus haute estime pour le son et jeu de son
saxophone lors d’un blindfold test paru dans Jazz Hot ! Personne d’une
affabilité phénoménale, Albert aimait jammer en s’invitant souvent sur scène en toute amitié et était au-dessus de toute
forme de prétention, ni ne manifestait jamais le moindre orgueil. Jamais une
réflexion qui ternit parfois les rapports entre les musiciens. Personne
extrêmement sensible, le sort que lui a réservé le show-biz l’a fait souffrir
et les problèmes d’équilibre mental de son frère Don n’ont fait que renforcer
sa fragilité. En 1970, on retrouva son corps dans l’East River sans qu’on
puisse expliquer objectivement le malheur qui lui est arrivé.
Extrêmement généreuse et
défiant les catégories, sa musique nous parle toujours aujourd’hui. Ecoutez !
PS : Pour ceux qui se posent la question y-a-t-il un musicien contemporain dont le son se rapproche de celui d'Ayler, aussi brûlant etc ..... ??
Je suggère le saxophoniste brésilien Ivo Perelman : Ivo Perelman Double Trio : Suite For Helen F. avec les contrebassistes Dominic Duval et Mark Dresser et les batteurs Jay Rosen et Gerry Hemingway. Boxholder Records BXH 038/039 .....
PS : Pour ceux qui se posent la question y-a-t-il un musicien contemporain dont le son se rapproche de celui d'Ayler, aussi brûlant etc ..... ??
Je suggère le saxophoniste brésilien Ivo Perelman : Ivo Perelman Double Trio : Suite For Helen F. avec les contrebassistes Dominic Duval et Mark Dresser et les batteurs Jay Rosen et Gerry Hemingway. Boxholder Records BXH 038/039 .....
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