piccola orchestra artigianale degli
improvvisatori di valdapozzo .
stella*nera
dethector spm ivan illich
non in
vendita / offerta libera e responsabile
Voici un
très beau livret écrit en bon italien qui relate un croisement d’initiatives
dans la « cascina » di Valdapozzo , une sorte de ferme artistique
utopique située dans les collines de Monferrato à proximité d’Alessandria, une ville de la plaine du Pô.
Jointes au livret co-produit par les structures stella*nera, dethector et
SPM Ivan Illich, un CD
d’enregistrements de conduites collectives de La piccola orchestra artigianale
degli improvvisatori di valdapozzo. Cet orchestre à la fois cohérent et
hybride produit une musique collective remarquable par ses jeux d’ensemble, sa
diversité sonore, le développement des idées et des propositions avec la
participation de deux musiciens de
haut-vol, le pianiste compositeur Nicolà
Guazzaloca et le clarinettiste Luca
Serrapiglio qui ont rédigé deux textes de présentation/ historique du
projet et une brochette d’activistes talentueux comme Claudio Lugo ou Sofia Erika
Sollo et des musiciens qui se définissent comme « artisanaux ».
La pratique de cet orchestre est orientée vers la coopération spontanée de musiciens/
nnes de niveaux différents dans une tentative très réussie d’inclusivité. Serrapiglio et Guazzaloca
font profiter du travail intense au sein de leurs ateliers / laboratoires
respectifs, au sein du Conservatoire A
Vivaldi d’Alessandria et à la Scuola Popolare di Musica Ivan Illich
de Bologne. Plusieurs des musiciens présents proviennent de ces laboratoires
musicaux au sein des quels ils ont travaillé intensivement. Il est évident que
la musique enregistrée est remarquablement jouée d’un point de vue collectif et
du sens profond des choses et partagée durant dix sections qui totalisent
61:15. Lisibilité, audace formelle et sonore, cohérence, émotion, alternance de
passages délicats et de moments emportés, esprit ludique, qualité de l’écoute
et auto-discipline. Une véritable démocratie participative en musique. Certains
des musiciens jouent des percussions diversifiées, du saxophone, violon,
violoncelle, claviers, piano, voix, une embouchure. Chaque participant a publié
un petit témoignage inclus dans le livret sans qu’on sache qui joue quoi. Mais peu importe, ce qui compte c’est la
musique et celle-ci est valable et témoigne de l’engagement des musiciens dans
le processus créatif.
Alberto Braida & Günter Christmann in time edition explico 16
Enregistrement
de 2010 que j’avais acquis bien tard et cité dans une chronique consacrée aux
albums Vario 41 et Vario 44 et In Time sans détailler les merveilles de ce dernier. Donc
voilà ! Publié à 120 copies en 2011, on peut espérer que cet In Time est encore disponible parce que cela vaut
vraiment la peine. 14 pièces en duo entre 6:12 maximum jusqu’à 2:32 pour la
pièce la plus courte et généralement dans les trois ou quatre minutes. Pochette
illustrée collage évoquant les panneaux de bandes fléchées noires et blanches
des autoroutes … Dites-vous que chaque CD’r est une œuvre en soi et
numéroté : les pochettes varient d’un numéro à l’autre. La forme de la musique est concentrée et
fourmille de détails, car les deux improvisateurs font mouvoir les paramètres
de jeu, le toucher des instruments, la dynamique, la vitesse d’exécution, avec
accélérations, ralentandos, …. Le pianiste attaque le clavier et les cordes de
manière faussement brutale, pinçant
simultanément les cordes en actionnant les touches. Entre chaque doigté, de
brefs espaces de silence où viennent éclore une exquise bulle de souffle
irréelle au-delà de la limite « normale » du trombone. Günter Christmann a mis au point un jeu
extrême immédiatement reconnaissable, fait de bruissements, de suraigus qui
glissent d’une note à l’autre avec une grâce infinie, de vocalisations
irréelles. Au violoncelle, on sent bien qu’il fut un funambule de la
contrebasse, comme on peut l’entendre dans ses albums des années septante (Solomüziken for Trombone und Kontrabass C/S
records/Ring Rds et Topic, Hi-FI
Thelen/Moers Music). Le style d’Alberto
Braida défie le bon goût du piano contemporain post-classique ou surtout
jazz d’avant-garde. C’est un album qui personnifie au mieux l’improvisation
libre. Il y a la fantaisie et une profonde créativité ludique dans l’instant.
Les musiciens n’hésitent pas à couper leurs élans pour poser des questions,
chercher, raturer, approfondir, changer d’humeur, jouer avec les couleurs, les
timbres et surprendre. Le titre In time signifie tout simplement que
le travail sur le temps, le tempo, le fait de jouer à la fraction de seconde
près est la préoccupation de tous les instants car le jeu du musicien doit
coïncider avec les occurrences sonores, le relief etc… de son partenaire. Tout praticien
de l’improvisation libre (radical) se doit d’écouter Günter Christmann. Il y a
quelque chose qui apparaît dans sa musique qui est trop souvent absente
ailleurs. Par exemple : le « Noodling », mot qui veut dire
jeu continuel et linéaire à rallonges, est proscrit ici. En écoutant ceci, on
se demande si certains collègues (voire, même, nombre d’entre eux) comprennent le sens du vocable « musique
improvisée libre » et son implication dans la pratique musicale.
Christmann et Braida ont un malin plaisir à brouiller toutes les pistes dans
une série de quatorze miniatures où la notion du temps "qui dure" , s’évade
et disparaît dans une abondance kaléidoscopique de sonorités sublimées par un
sens inouï de l’épure. Alliage peu commun de l’expressionnisme (retenu) et de
l’introversion. Sachant que GC est un adepte de l’action painting, on peut dire
que chacune des 14 improvisations semblent être un tableau où les sons sont
concentrés et disposés dans la durée comme les couleurs, les traits, les
textures sur le canevas. Fantastique !
The Last Man in Europe The
Remote Viewers David Petts John Edwards Adrian Northover RV 15 http://www.theremoteviewers.com
Un groupe singulier, énigmatique, ici réduit à sa plus simple
expression : le compositeur et saxophoniste David Petts, son comparse de toujours Adrian Northover au sax soprano confronté au ténor de son camarade
, … et le contrebassiste John Edwards, au son puissant, racé et sombre. La
musique est faite de thèmes anguleux, faussement répétitifs autour
d’intervalles dissonnants qui ont celle couleur, cette marque indélébile
« Remote Viewers». Le titre « The Last Man in Europe »
fait référence au livre « 1984 »
de George Orwell. Pas vraiment jazz, la musique même si la référence est
incontournable. Ce qui compte avant tout c’est le timing particulier avec un
décalage, un soubresaut/retard infime qui rend cette musique bancale, en déséquilibre permanent, déséquilibre qui
se rattrape par de brèves incartades free mesurées au cordeau. Les souffleurs
soufflent leurs riffs à deux notes à côté de la pulsation prévisible, jouée par
la basse. Parfois on pense au Roscoe Mitchell d’avant-garde de l’époque Noonah.
La contrebasse vibrante avec un cœur gros comme çà inspire les deux
saxophonistes. Rien que pour la prestation extraordinaire de vie et de simplicité
de John Edwards à la contrebasse, on
garderait cet album dans l’étagère des curiosités indispensables. D’ailleurs ,
à l’écoute de John dans le groupe, on pense immédiatement au fabuleux bassiste
Malachi Favors de l’Art Ensemble période parisienne. Il y a quelques pièces
entièrement libres, dont une au bord du silence où David agite les clés de son
ténor et en martelle le cuivre du revers de ses ongles. Leur savoir-faire
insuffle un élément ludique qui réjouit complètement et endiable le sérieux de
leurs cadences improbables. Si les Remote Viewers ont un style très
personnel absolument unique en son genre, leurs enregistrements révèlent des
moments imprévisibles. Une musique
cubiste et poétique pour lutter contre l’ennui. Sans doute l’album-clé qui vous
permettra de pénétrer plus avant dans le
territoire secret de ce groupe pas comme
les autres. Au fil des enregistrements précédents (November Sky 2015 – RV13 ou Nerve
Cure 2011 RV9), on avait croisé, au côté du présent trio, les saxophonistes Caroline
Kraabel, Sue Lynch, le batteur Mark Sanders et la pianiste Rosa
Lynch-Northover. En trio, le diamant s’aiguise et la musique sublime
définitivement le concept.
Will Connor & Anton
Mobin Four Days for Today will be Your Lucky Day . AABA 05 middle eight recordings
Will Connor joue des percussions
principalement frottées, secouées, grattées, vibrées, assourdies et les sons de
l’espèce de sanza cosmique proviennent de la prepared chamber d’Anton
Mobin, un des plus curieux et inclassables artistes sonores de l’Hexagone.
Cette Prepared Chamber consiste en une boîte en bois dans laquelle
sont fichées des objets, tiges, ressorts, membranes, fils de fer, mécanismes
etc… lesquels sont amplifiés par des microcontacts bien placés et subtilement
amplifiés. Cela produit des sons très intéressants avec une belle dynamique qui
échappe à la logique et aux registres des instruments de musique, même quand ils sont traités
« alternativement ». Ses Prepared
Chambers sont réalisées avec le plus grand soin et sont en fait de
véritables œuvres d’art. Il donne aussi des workshops et des animations
scolaires sur la construction et la création de tels instruments. Son travail
découle de celui du génial Hugh Davies, aujourd’hui disparu et ancien compagnon
de route de Derek Bailey et Evan Parker. Anton
Mobin qui semble faire partie du mouvement des musiques improvisées et a un
talent unique, trouve des collaborateurs et des résidences à l’étranger. On
écoute cet album avec intérêt, Will
Connor créant une atmosphère percussive diversifiée autour des sons de
Mobin. Le duo fonctionnant bien (Nothing)
en s’adaptant parfaitement à la situation. Mobin travaille aussi avec
l’excellent violoniste alto Benedict Taylor, le saxophoniste JJ Duerinckx, Riipus etc... Il
est grand temps qu’on lui permette de jouer avec ces créateurs et aussi avec d’autres qui lui apporteraient le jeu et l’univers idéal pour bonifier sa
démarche et mettre ses étonnantes inventions dans une perspective insoupçonnée.
Ci-dessous des photos de chambres préparées.
Rhodri Davies / David
Sylvian / Mark Wastell There is No Love. Confront Core Series / Core 01
Rhodri Davies : lap harp, table harp, vibraphone, radio
David Sylvian : voice, vocal treatments, electronics
David Sylvian : voice, vocal treatments, electronics
Mark Wastell : tam tam, cracked ride cymbal, chimes, indian temple bells,
singing bowls, metal chain, tubular bell, concert bass drum.
Textes de Bernard Marie Koltès dits de manière intimiste par David Sylvian, le chanteur et
compositeur du groupe new wave Japan,
connu pour sa collaboration avec Derek Bailey.
Je n’ai pu m’empêcher de reproduire ici les crédits indiqués de la
pochette pour que vous puissiez imaginer le sujet et l’objet de
l’enregistrement.
There is No Love inaugure la nouvelle série Core
de l’ambitieux et attachant label de Mark Wastell, sans doute un des plus
incontournables de ces dernières années pour ceux qui veulent suivre le
cheminement de la scène improvisée britannique et internationale. En gros, cet enregistrement du texte There
is No Love est sonorisé et mis en perspective par Mark Wastell et ses percussions métalliques avec la collaboration
de Rhodri Davies. Vraiment
intéressant pour ceux qui s’intéressent la démarche Ambient et aux spoken word. Mark Wastell se révèle un
percussionniste « métallique » sensible et un metteur en sons de
grande qualité usant de ces instruments par touches discrètes et aériennes. Les
sons électroniques de Sylvian sont de belle facture. Je devrais avoir le texte
en main et le lire à mon aise pour rentrer encore plus à fond dans cette
création, car ma compréhension de la langue n’est pas instantanée. Une belle
réalisation.
Chris Cundy and Benedict
Taylor Hidden Bomba LOR091
Voici une collaboration qui coule de source : clarinette basse (Chris Cundy) et violon alto (Benedict Taylor) enregistrés dans la
Francis Close Hall Chapel à l’Université de Gloucestershire. Le label, Linear Obsessional Recordings est dirigé
par Richard Sanderson, un excellent créateur sonore et improvisateur
britannique. On connaît ma prédilection pour l’alto ou viola en anglais,
l’instrument a un registre de fréquences et une épaisseur plus riches que le
violon à mon goût. Si vous n’êtes pas convaincu, recherchez le travail de Mat
Maneri, Charlotte Hug, Szilard Mezei, Ernesto Rodrigues par exemple, et maintenant,
Benedict Taylor, via leurs enregistrements et vous allez être
servis. C’est un signe indéniable de l’importance de l’instrument et de sa
spécificité toute particulière. Et donc, Benedict
Taylor a acquis un style charnu et dynamique plein de glissandi microtonaux
élancés et bruissants. Le clarinettiste basse Chris Cundy, un pilier de la scène régionale british, joue avec la
dynamique et l’intelligence requises pour dialoguer et complémenter le travail
du cordiste. Un travail épuré et stylé qui encadre son lyrisme. Une
conversation éclairée utilisant les ressources sonores et instrumentales des
deux instruments de manière égalitaire et entièrement partagée. Les huit
morceaux se succèdent et ne se ressemblent pas, si ce n’est que Chris Cundy affectionne un agrément,
une coloration qui devient récurrente au fil de l’album, comme s’il avait une
idée derrière la tête. Attentif au début de la session, l’imaginatif Benedict
Taylor apporte des éléments subtilement disruptifs dans le déroulement des
opérations. C’est assurément un excellent album dans la lignée de
l’improvisation libre dans une dimension lyrique, expressive, raffinée, sans
trop d’audaces soniques appuyées, mais pleine de de sensibilité. Il faut attendre le sixième morceau Agressive Silver Lines pour pénétrer
dans un domaine de recherche plus aigu et singulier. L’enregistrement et la
musique sont conditionnés par le lieu, une chapelle, qui tient vraiment au cœur
du clarinettiste. Bravo à ces deux improvisateurs.
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Bonne lecture Good read ! don't hesitate to post commentaries and suggestions or interesting news to this......