Healing Unit Please Repeat Xavier Bornens Arnaud
Sacase Paul Wacrenier Marco Quaresimin Benoist Raffin LFDS Records
From The Roots To The Sky The J.&F. Band Jaimoe & Joe Fonda avec, entre autres, Tiziano Tononi, Raoul
Bjorkenheim, Alberto Mandarini plus guests dont Daniele Cavallanti. Long Song
Records
Dániel Vaczi Multet Reticular FMR
Exultations Luca Pedeferri Setola di Maiale
Voici quatre albums de jazz plus ou moins aventureux et réussis construits
de manière originale et qui, dans le genre, sortent assez des sentiers battus. Il se fait que, comme vous pouvez le lire
clairement en haut de la présente page et de manière inamovible : je ne
suis pas un critique de jazz, ni de jazz aventureux ou encore de « free-jazz »
tout terrain, sauf pour quelques exceptions très libérées au niveau de
l’expression et des paramètres formels. Ce qui m’intéresse d’abord et je n’ai
pas le temps ni l’énergie ni la place ici de publier autre chose, c’est la musique improvisée libre
(radicale, totale, etc…). Cela dit, il m’arrive de disserter sur des artistes
historiques comme Ornette Coleman, Albert Ayler ou Paul Bley seulement pour
signaler un ou deux points bien précis qui éclairent leur œuvre de pionnier et
qui échappent à l’enfumage occultant et malabile de l’encensoir des
communicants professionnels. Ou, encore, cet extraordinaire et récent
enregistrement de Jeanne Lee et Ran Blake où leur travail de déconstruction des
formes conventionnelles les mène sur la route du chantier ludique permanent.
Donc, je reçois de plus en plus des requêtes de producteurs dont j’ai
chroniqué d’autres albums plus « improvisés » et qui souhaiteraient
que je m’étende sur leurs autres productions nettement plus jazz. Cela m’embarrasse,
car j’ai du respect pour les musiciens de qualité et de l’admiration pour le
travail fignolé et l’enthousiasme des protagonistes. Mais à chaque jour suffit
sa peine. Il m’est impossible de faire le chroniqueur de jazz tous azimuts. Mon
dada, c’est la musique improvisée libre, radicale, contemporaine, risquée ou
éventuellement le « free » free-jazz qui sort des conventions du
genre.
Please Repeat est un excellent
travail dans la veine Blue Note
créative et modale sixties tirant vers le free. On songe à Bobby Hutcherson,
Andrew Hill, Pete La Roca, Joe Chambers, Grachan Moncur et les deux albums de
Jackie McLean avec Hutch et Moncur etc… Le pianiste et vibraphoniste Paul Wacrenier a concocté une
remarquable Repeat Please Suite pour
un quintet plus que compétent et qui swingue sans effort avec légèreté. On
l’entend évoquer aussi Dollar Brand qui inspira Don Cherry (cfr Complete
Communion). Le saxophoniste Arnaud
Sacase délivre un solo free à un moment et franchement quand tu écoutes
Trevor Watts (80 ans aujourd’hui) improviser durant une heure et plus au sax
alto avec le pianiste Veryan Weston, tu te demandes quel sens cela
a-t-il ? Cette remarque mise à part, je dois dire que j’en conseille
l’écoute à tous ceux qui se délectent de jazz moderne original sans se
préoccuper de la notoriété des musiciens. Ce ne sont pas des copistes, plutôt
des artistes qui utilisent les codes d’un jazz, qui fut d’avant-garde il y a
plus de cinquante ans, avec un goût subtil et un parfum de poésie. From
the Roots to The Sky est un double album qui fait suite au projet From the Roots, soit une « rencontre »
œcuménique autour de la Great Black Music tout azimut avec des invités spéciaux,
orchestrée / organisée par le contrebassiste Joe Fonda, un artiste et soliste de la contrebasse très original.
J’ai souligné l’excellence de son travail en compagnie de la pianiste Sakoto
Fuji récemment. Un précédent album de From
the Roots incluait Anthony Braxton et Fonda fut le bassiste des ensembles
braxtoniens dans les années nonante. Deux batteurs ! Comme dans le génial
groupe The Allman Brothers Band, dont
Jaimoe (Jay Johanni Johansen) fut
l’un des deux batteurs et membre fondateur du groupe. Quelle surprise ! L’Allman
est sans nul doute la plus extraordinaire conjonction du swing issu du RnB
sudiste, du blues électrique à haute tension et de l’inspiration du jazz
moderne via Miles et Trane avec une propension à improviser comme peu dans ce
genre. La musique des Allman Brothers durant plusieurs décennies se situe au
pinacle aux côtés de Jimi Hendrix et de Grateful Dead. L’autre batteur est Tiziano Tononi, une fameuse pointure du
jazz libéré italien. Raoul Björkenheim,
un guitar slinger free impressionnant, le trompettiste Alberto Mandarini, le tromboniste Beppe Caruso et le tubiste Gianluigi
Paganelli complètent l’équipée avec quelques invités mettant en valeur
quelques morceaux. L’orchestre sonne super bien. Une remarque très
personnelle : Raoul Björkenheim use des effets électroniques et joue
musclé, mais je pense qu’en présence d’un contrebassiste mélodique aussi racé,
puissant, risqué et original que Joe Fonda, la décence voudrait qu’on joue dans
le même registre instrumental avec les doigts d’abord. Il se fait que j’adore
Jimi Hendrix pour l’utilisation de ces effets qui incarne magiquement la voix
humaine (Machine Gun : Band of
Gypsies au Fillmore). Mais tous les autres m’indiffèrent avec leurs effets électroniques.
Je suis un fan absolu de Jerry Garcia, de Duane Allman et de Dicky Betts parce
qu’ils improvisent avec les notes, les mélodies, les métriques, les harmonies
et leur imagination. Des effets, cela m’ennuie.. Derek Bailey utilisait ses
doigts et une pédale de volume (ou deux durant les 70’s) et c’est tout !
Le premier CD contient le fabuleux Dixie
Chicken de Little Feat et le second, un duo J.&F. suivi d’un quartet
durant 18 minutes et une Super Jam de 28 minutes qui renvoie en
partie à l’atmosphère de Miles Électrique. Super énergie. Exultation est un
intéressant projet orchestral du pianiste Luca
Pedefferri inspiré par la musique d’Henry Cowell. Piano et accordéon, sax
ténor, contrebasse, batterie, electronics & turntables, trompette,
flugelhorn et voix. Jazz anti–académique, une manière de Third Stream
contemporain, une démarche intelligente et nourrie par une véritable érudition
musicale qui vaut le détour. Pour finir, Reticular du Dániel Vaczi Multet, prouve encore une fois que les musiciens de jazz
aventureux des pays de l’Europe de l’Est sont informés musicalement par le rock
progressif ou expérimental, Zappa, Crimson, Can etc… plus que par le free-jazz
ou l’improvisation, car ces musiques passaient beaucoup moins facilement le
rideau de fer.
Maintenant, STOP ! Je ne suis pas intéressé pour écrire au sujet
du jazz, ni être publié dans un magazine de jazz (qui formate voire censure), ni faire "carrière" que ce soit avec ma plume ou sur scène. Il y a des critiques dont c’est
la raison d’être. Mon écriture est liée à ma pratique musicale et je n’ai
aucune ambition, si ce n’est d’avoir du plaisir.
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