Sverdrup Balance : Isla Decepción Setola di
Maiale SM3970
Lawrence Casserley signal processing instrument -
Yoko Miura piano - J-M Van Schouwburg
voice
Recorded by Michel
Rutsaert on the 26 october 2018 in Brussels in live concert at Cellule 133A
(tracks 1 & 9) and in studio at Pianos Maene (tracks 2 to 8), Brussels.
The music of Sverdrup
Balance is a merging of streams and currents as they flow down mountains,
through gorges, valleys and estuaries, across oceans, around and between
islands and beneath the surface of the seas, as they interact with the winds
that flow above and across the surface.
Three powerful streams -
Yoko Miura’s piano, Jean-Michel Van Schouwburg’s voice and Lawrence Casserley’s
Signal Processing Instrument merge into a tremendous tumbling torrent that
tears through the maelstrom. Each player has a unique musical personality that
is clearly stated, but also submerged into our collaboration. The unity and the
diversity are the essence of our interaction. The music is in constant flux, both
individually and collectively, absorbing each other’s power and sensitivity -
creating new flows on many levels.
The balance of all these
flows lies between the freedom of the players and the undertow of the rules of
engagement. We are all soloists, all accompanists and all parts of the
coalescent continuum that enfolds our compound cooperation.
The Antarctic Circumpolar Current,
flowing at 125 Sverdrups, is the largest oceanic current, flowing past, around
and through the archipelagos and islands. The currents divert, interweave, dive
from the surface to the depths and rise again unpredictably, as in our performance we are constantly shifting
the perspective between ourselves.
Volcanoes, ridges, crags and ice cliffs tower above the bays and islands, and
the ever pervasive current. In the centre, between Neptune’s Bellows and Mount
Uritorco we catch a glimpse of the calm of the caldera; a momentary respite
from the turbulent streams. This is Isla Decepción.
In Between The Tumbling A
Stillness Assif
Tsahar William Parker Hamid Drake. Hopscotch HOP 60
Alors que les publications de son label Hopscotch ont sensiblement ralenti l’allure, la musique d’Assif Tsahar se bonifie avec un réel bonheur. Il était très bon à l’aube des années 2000 lorsqu’il émergea dans le cercle des William Parker, Cooper Moore, Hamid Drake, Peter Kowald etc… Maintenant, c'est exceptionnel ! Je me souviens avoir écouté un superbe album intitulé Palm of Soul qui réunissait Edward Kidd Jordan avec la paire Hamid Drake – William Parker, une des plus géniales associations percussions – contrebasse à l’instar de Blackwell – Grimes, Elvin Jones et Wilbur Ware ou Haden avec Blackwell ou Higgins etc…. Voici un épisode supplémentaire de la saga Drake- Parker avec un souffleur de choix, Assif Tsahar. Assif a un style complètement coulé, moulé, roulé, tourneboulé dans la grande tradition VIVANTE afro-américaine, proche du Shepp du Live at Donaueschingen, de Magic of the Juju, de the Way Ahead etc… On y trouve une bonne dose de Rollins, un zeste d’Ayler, une articulation qui combine aisément glissandos et harmoniques, un aplomb sans pareil dans l’expression d’un lyrisme échevelé et le ressassement mélodique en variations sans cesse repoussées, une générosité sans calcul, un timbre chaud. Avec Ivo Perelman aujourd’hui, le légendaire Joe Mc Phee, Evan Parker et Dunmall (et d’autres, bien sûr !), Assif Tsahar fait partie de ces incontournables du saxophone ténor pour ses qualités expressives et sa détermination farouche à tirer le maximum de son biniou. Et cet album, In Between The Tumbling A Stillness associe les nombreux éléments enthousiasmants de son « discours » - souffle au sax ténor avec tout l’allant, le funk, le swing, la puissance et toutes les ondulations rythmiques de ses deux comparses. Hamid nous fait la faveur d’y mettre un feeling second line Néo Orléanais en diable quand le souffleur évoque le grand Albert vers la minute 34 du premier morceau. Ça devient fantomatique, hanté, possédé, sincèrement « aylérien » dans le deuxième morceau… physique, mordant, un cri de rage… Donc, si vous avez un faible pour l’Archie des grands jours, Sonny Rollins au Village Vanguard avec Wilbur et Elvin, les trios d’Elvin avec Joe Farrell et Garrison, Spiritual Unity et Prophecy avec Albert et Sunny, Booker Ervin avec Richard, Jaki, Roy ou Alan Dawson, rempilez ! Commandez In Between The Tumbling A Stillness chez Hopscotch. Fantastique !!
Electric Green Birgit Ulher & Benoît Cancoin blumlein records
For the recording on May 22 2018, at kapelle 6 in
Hamburg Ohlsdorf , Andrew Levine and M/S Ribbon pair (AEA R88 mk2) plus top
mounted omni (DPA 4060) and two United Minorities browny microphones as spts,
all fed into a Metric Halo ULN-8 3D at 24 bit & 96 kHz and recorded with
Cockos Reaper. SRC by iZotope and bit rate reduction by Ditherbox Spatialize. Benoît Cancoin, contrebasse et Birgit Ulher,
trumpet, radio, speaker, objects. Ha ! Les sourdines improbables de Birgit
Ulher. Sept pièces improvisées dont l’écoute via le compact disc se trouve
contextualisée par des techniques d’enregistrement spécifiques. Ces deux
musiciens travaillent essentiellement le son, les textures, le mouvement des
fréquences, un dosage minutieux du jeu (frottements pour l’un, souffles bruissant
dans l’embouchure, grésillements radio, …) pour créer un univers hanté, où un
seul fragment vibratoire instrumental
est soumis à de nombreuses variations infimes, minimes, délicates… anodines
mais réelles car clairement perçues. Une philosophie radicale du son musical,
du détail sonore minuscule, des articulations de timbres rares qui explosent
comme des bulles de savon dans l’espace. Une chose est sollicitée ici :
l’écoute. Murmures, bourdonnement, drones, apparente insignifiance insigne du
signifiant. Le rythme est contenu entre un fragment de silence avant l’instant
précis d’un son rare tiré du tube pressuré et/ou la corde tendue et frictionnée
et son éclatement, sa vibration, le
geste de la joueuse / du joueur. Quand on presse le débit les deux voix s’agrègent…
la tension décolle ou subitement disparaît.
Ken Ikeda, artiste sonore électronique japonais installé à Londres depuis plusieurs années, promène sa silhouette dans la scène locale en inscrivant sa marque et suscitant un réel intérêt. On le découvre aujourd’hui aux côtés d’Eddie Prévost (The Whole Moon Rests in a Dewdrop on the Grass. Matchless Records MR CD 99). Tout naturellement, il forme un trio avec Daniel Kordik et Edward Lucas, responsables du présent label earshots. Earshots vient de publier un superbe vinyle solo d’Eddie Prévost, Matching Mix, et s’affirme comme un label pointu. Kordik est crédité vostok synthesizer, Ikeda DX synthesizer et Lucas joue discrètement du trombone avec un mimétisme subtil et empathique vis-à-vis de ses deux collègues. Ceux-ci forment un couple très complémentaire, dont la très grande palette sonore contraste avec un goût prononcé pour un jeu épuré et ultra-précis. Leur amplification n’envahit pas le champ sonore, mais le fragmente comme un scalpel ultra sensible. Sur ce binôme, le souffle du tromboniste s’intègre comme s’il était devenu un instrument électronique. Il parvient même à se faire passer pour un drone électro-acoustique par la magie de sa voix hululant dans l’embouchure sans dévier d’un comma de la note initiale. Sans doute, une des meilleures initiatives électroniques entendues ces dernières années (on pense à Richard Scott, par exemple). Avec eux, le temps se fractionne, sursaute, disparaît ou s’immobilise. Un bel album sans concession.
Santi Costanzo Autocracy of Deception Vol. 1 Setola di Maiale
J’avais reçu cet album de guitare ’’solitaire
’’ il y a de nombreux mois et l’ayant écouté et apprécié, il n’était pas rentré dans ma sélection à
chroniquer pour
la simple raison qu’il sortait de
mon objectif autour de l’improvisation libre. Santi Costanzo s’est crédité prepared and unprepared guitar live
electronics. Comme on peut l’entendre sur le premier morceau Improv 1 The Painters Wife, Santi est un solide guitariste avec une belle technique digitale et un
sens de la cadence impeccable. Son album présente successivement et
alternativement des morceaux intitulés Improv
numérotés de 1 à 4 et sous titrés the Painters Wife, Eternal Absence, Burning
Like City et Abstraction
numérotés de 1 à 7 et sous-titrés Diver Asphyxia, Untitled, The
Professional Dummies , etc… Les Improv sont des improvisations sur des
structures mélodico – rythmiques originales et vraiment fouillées. Les Abstractions font état de recherches
sonores intéressantes et elles sont nommées ainsi parce qu’elles évitent le contenu
mélodique tout comme l’art
abstrait évite la figuration. Certaines Abstractions
font usage de l électronique et de
multiples effets et transforment les fréquences disponibles sur une guitare et
tous ses mécanismes comme un objet producteur de sons. Toujours est-il que son
travail est vraiment intéressant et excellemment joué avec de l’inspiration même si ce n’est pas vraiment ludique ou
enjoué, ni très improvisé selon mes critères. Les afficionados de guitare
électrique pure et intense vont se régaler. L’art de Santi Costanzo
se situe à un niveau nettement supérieur que celui de nombre de performers
guitaristes que j’ai été amené à devoir supporter en me demandant comment c’était
possible qu’ils se fassent engager, dans des lieux ou des événements où ma
candidature de chanteur improvisateur n’a aucune chance. Plusieurs
bons points, donc.
John Wolf Brennan Nevergreens solo piano Leo Records
Pianiste de Jazz irlando-suisse atypique à mi-chemin entre
compositions à programme et improvisations libres, John Wolf Brennan est une
valeur sûre du catalogue Leo Records tout comme son collègue Simon Nabatov et n’est pas à son coup d’essai en matière de
récital de piano en solo : la pochette intérieure du digipack nous montre
neuf autres pochettes de ses neufs autres albums solos. Pianiste irlandais
installé en Suisse, JWB travaille en profondeur un matériau mélodique à consonance
folklorique et modale en instrumentiste consommé. Il exploite avec talent des
successions d’arpèges et de doigtés qu’il saupoudre ou même pervertit par de
savants décalages ou bien se lance sans embûche dans des cadences complexes et
trépidantes. On l’entend aussi au mélodica, à l’arcopiano, au pizzicatopiano,
ou au préparé. Une musique très bien faite qui en vingt compositions traverse
un paysage – univers du piano intéressant, illustre une démarche réfléchie et
démontre un talent indéniable. En ce qui me concerne, je préfère écouter Fred
Van Hove, Alex von Schlippenbach, Veryan Weston, Matthew Shipp, Paul Bley,
Nicola Guazzaloca etc… Un excellent
pianiste.
Jaz. Drevo – cycles and lullabies Giovanni Maier Boris Janje
Cene Resnik Palomar Records 5
Trio violoncelle Giovanni
Maier, contrebasse Boris Janje
et saxophone ténor Cene Resnik.
Enregistrement de Iztok Zupan, un soutien inconditionnel du nouveau jazz et des
musiques improvisées en Slovénie et ailleurs, comme photographe, ingénieur du
son et producteur du label Klopotek.
Et avec quelqu’un
comme Zupan, j’ai la
puce à l’oreille
pour ainsi dire. Et cet album est une belle surprise d’inventivité et de cohérence raffinée. Deux cordes
souvent jouées à l ’ archet
créent une trame subtile dans la quelle s’insère les volutes racées du saxophoniste dont le son
se marie parfaitement avec le timbre des cordes frottées. Six improvisations avec un caractère mélodique
affirmé, des envies microtonales assumées et des entrelacs polytonaux autour
des huit à dix minutes. Musique lumineuse, poétique et camériste qui prend le
temps d’inscrire ses
marques avant de s’aventurer dans
des tuilages dont les
accents staccato se télescopent irrationnellement. Chaque nouveau morceau
apporte des éléments complémentaires, des audaces ludiques, des timbres plus éclatés,
une articulation plus volatile au niveau du jeu, une approche plus improvisée,
des valses hésitations propices à l’invention sonore. Notre intérêt s’aiguise
et l’écoute en devient de plus en plus
animée, ravie : notre éventuelle distraction se dissipe et les
traces sonores s’impriment dans notre sympathie, notre mémoire. Le lyrisme
véritable s’installe. Ils en profitent
pour surnager entre timbres étirés et allusions balkaniques imaginaires, sans
forcer le trait dans un climat d’apesanteur. Un travail original et méritant, à
la fois suave et clair obscur.
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