Simon H. Fell R.I.P (13 janvier 1959 – 28 juin 2020)
Suite à une intervention médicale, le contrebassiste Simon H.Fell nous a quitté, laissant son épouse Jo et ses proches camarades musiciens dans une profonde tristesse. Tous les musiciens et musiciennes avec qui il a collaboré sont unanimes pour reconnaître ses compétences hors-pair d’instrumentiste, d’improvisateur et compositeur, de chef d’orchestre et de concepteur de projets originaux, sans parler de Bruce’s Fingers, son prolifique label (+130 albums) et de son rôle d’activiste de la scène Britannique. Ses collègues insistent sur son extraordinaire générosité quand il prenait un ou une jeune collègue sous son aile, sa profonde honnêteté intellectuelle et ses qualités humaines. Quelques soient les groupes et les projets, les personnalités et les situations, Simon H. Fell faisait toujours preuve d’une grande sensibilité intelligente et d’une adaptabilité maximale face à des esthétiques musicales différentes, voire divergentes.
Il occupait une place à part tout à fait particulière, unique même, dans la scène internationale de la musique improvisée en assumant simultanément et/ou alternativement l’acte d’improviser librement et le travail du compositeur qui dans son esprit étaient deux activités musicales qui s’imbriquent, se complètent et s’enrichissent. Dois-je rappeler que dans les cercles d’improvisateurs radicaux on cite invariablement le concept de « musique improvisée non-idiomatique » inventée par le génial guitariste Derek Bailey ? Derek Bailey avec qui Simon a souvent joué en duo ou dans le groupe Company. Avec tout le respect qu’on doit à Bailey, il faut convenir qu’il s’agit d’un terme de vulgarisation scientifique récusé par de nombreux improvisateurs de haut vol. Et comme cette musique est collective et le fruit de la collaboration et de rencontres multiples de dizaines, puis de centaines d’individus qui y ont contribué avec leur talent, leurs expériences et leurs musiques, il me semble plus intéressant de rassembler des témoignages d’acteurs différents et de confronter les narrations individuelles tout en écoutant sérieusement et avec plaisir concerts et enregistrements plutôt que d’adopter systématiquement une terminologie. Dans cette optique, je pense que Simon H. Fell était un des artistes majeurs de la scène Britannique aussi important parmi les Evan Parker, Derek Bailey, Tony Oxley, John Stevens, Eddie Prévost, Keith Rowe, Paul Rutherford, Barry Guy, Hugh Davies, Lol Coxhill, Harry Miller, Trevor Watts, Keith Tippett, Maggie Nichols, Phil Wachsmann, John Butcher, Veryan Weston etc…qui ont contribué à créer cette scène musicale… et au niveau européen des artistes comme Michel Doneda, Lê Quan Ninh, Fred Van Hove, Peter Kowald , Alex Schlippenbach, Günter Christmann, Paul Lovens, Bennink, Altena, Irene Schweizer, Brötzmann etc…
Je connais d’avance la question d’aucuns (journalistes, organisateurs, groupies) dans l’univers « continental » des musiques improvisées et du free-jazz : « Avec qui a-t-il joué régulièrement et enregistré ?». Tout de suite, le CV, le pedigree. Ma réponse : « Allez-vous faire… !! »
Chaque artiste « important » mérite d’être compris et évalué selon ses propres termes et non pas au travers d’une grille d’évaluation formatée et par ses éventuelles connections avec les autres artistes les plus réputés et les plus demandés. Quand on écoute l’album solo de Simon enregistré au Festival le Bruit de la Musique le 21 août 1975 (Confront Records), on est frappé par la puissance de son jeu à l’archet dans certaines fréquences et la projection dans l’espace sonore. Sérieusement, vous demandez à d’autres contrebassistes réputés de cette scène de reproduire ce motif mélodique et ce timbre précis avec ce volume et cette qualité sonore, tel qu’on l’entend dans l’enregistrement de ce passage que j’ai conservé dans ma mémoire, ils auraient bien été ennuyés. Un jour de l’an 2000, j’ai introduit mon ami Jacques Foschia dans le London Improvisers Orchestra, un rassemblement de musiciens extrêmement talentueux (entre autres, Butcher, Coxhill, Evan Parker, Alex Ward, Rutherford, Tomlinson, Harry Beckett, John Edwards, Steve Beresford, Mark Sanders, Steve Noble, Marcio Mattos, Veryan Weston, Charlotte Hug etc..) et quelle fut sa réaction à la pause ? « Qui est-ce, ce contrebassiste qui joue juste derrière moi ? ». « Simon H. Fell », lui répondis-je. Mon copain était complètement scié ! Jacques est un clarinettiste de formation classique et « contemporaine », spécialiste de la clarinette basse, avec un Premier Prix de soliste chez Harry Bok au Conservatoire de Rotterdam, Bok étant lui-même l’élève de Harry Sparnaay, une référence mondiale au niveau clarinette. Jacques avait rencontré Barre Phillips par son travail avec la danse et Barre était pour lui, indiscutablement, LE contrebassiste de référence en matière d’improvisation. Mais Jacques avait été complètement bluffé par le musicianship de Simon, lequel était Professeur de Contrebasse à l’Université de Cambridge, jusqu’à son départ pour le Limousin il y a une quinzaine d’années. J'ajoute qu'il trustait quelques titres universitaires (Dr Simon H Fell).
Non seulement contrebassiste d’exception, mais aussi le compositeur - chef d’orchestre le plus ambitieux de tout le jazz contemporain d’avant-garde en grand orchestre : Compilations II, III et IV, ses œuvres complexes pour grand orchestre, nécessitaient au moins une quinzaine de jours de répétition et une intense coordination. Sa Composition n° 30 - Compilations III par exemple rassemblait plusieurs dizaines de musiciens et musiciennes dont une douzaine d’improvisateurs parmi lesquels quatre guitaristes noise, le RNCM Big Band et un ensemble de musique de chambre. SHF avait repris le concept de Xenochronicity cher à Frank Zappa : ses compositions mélangeaient ou imbriquaient différents styles d’époques différentes jusqu’au point où certaines d’entre elles s’intitulaient Harrison’s Blocks, Lydian Panels, Stockhausen Mancini Head (cfr Composition N°62 Compilation IV quasi-concerto for clarinet(s), improvisers, jazz ensemble, chamber orchestra & electronics). D’une très grande intégrité morale et artistique, Simon H.Fell s’ingéniait à trouver les fonds pour défrayer les répétitions et le concert et à faire travailler ses orchestres dans les meilleures conditions. Jusqu’à présent dans cette scène, on n’a jamais vu d’autre improvisateur – compositeur qui réunit à ce point le jazz contemporain et la musique savante d’une manière aussi précise, audacieuse, délirante et extrême. D’ailleurs, il avait coutume de déclarer qu’il aimait jouer dans les extrêmes opposés. Il suffit de relever ses différents groupes pour s’en rendre compte. Attaché à son enseignement musical et à la scène locale des Midlands (Leeds, Sheffield), Simon privilégiait ses groupes avec des musiciens du cru dont il avait le pouvoir de tirer le meilleur grâce à l’inspiration que son énergie et son engagement total et inconditionnel suscitaient, plutôt que de ricocher dans la sphère internationale de « l’élite » de la musique improvisée européenne pour pouvoir tourner dans les festivals et concerts importants et se constituer un « CV » et des connections. Donc, S.H.F. a « seulement » enregistré un seul CD en duo avec Derek Bailey (The Complete 15th August 2001 / Confront) et au sein de la Company du même Bailey. On compte deux autres CD’s avec Carlos Zingaro et Marcio Mattos au violoncelle. Mark Sanders et Steve Noble furent les batteurs du Simon Fell Quartet ou Quintet et de nombreux autres projets et concerts.
Chacun de ses groupes cultivait une approche extrême et irrévocable dans une esthétique donnée : noise excessif (Descension), free-jazz expressionniste survitaminé (HWF), trio minimaliste à la limite du silence (IST), quartet jazz contemporain « à la Braxton » (SFQ), groupe d’improvisation à cordes (ZFP) ou encore le trio Badland.
Chacun de ses groupes cultivait une approche extrême et irrévocable dans une esthétique donnée : noise excessif (Descension), free-jazz expressionniste survitaminé (HWF), trio minimaliste à la limite du silence (IST), quartet jazz contemporain « à la Braxton » (SFQ), groupe d’improvisation à cordes (ZFP) ou encore le trio Badland.
Descension réunissait l’explosif et abrasif guitariste noise Stefan Jaworzyn, le batteur Tony Irving et le saxophoniste Charles Wharf avec qui il a travaillé au début de sa carrière. Ils ont fait la première partie de Sonic Youth en 1996. Irving et Jaworzyn formaient le groupe noise Ascension et enregistrèrent plusieurs albums sur leur label Shock, lequel publia Live March 1995, unique CD de Descension et un des meilleurs albums solo de Lol Coxhill. Pour la petite histoire, un 45 tours sortit sous le titre My Middle Name is Funk (Amanita et Father Yod). Derek Bailey et Incus sortirent un duo particulièrement violent, hargneux et bruyant de Jaworzyn (In a Sentimental Wood Incus Cd 25) avec le saxophoniste Alan Wilkinson, le compère de Simon dans le trio HWF. Un titre de ce disque disait «David Murray Dons A Cunning Alan Wilkinson Disguise And Blags His Way Onto A Bill At The Termite Club…”. Un autre, «Excerpts From A Typical Hard Bop Blowing Session ».
HWF se composait du batteur Paul Hession, de Simon H. Fell à la contrebasse et d’Alan Wilkinson aux sax baryton et alto et sillonna grand nombre de lieux dédiés à la free-music et au rock alternatif en Grande Bretagne, dont le légendaire Termite Club à Leeds, leur Q.G. Avec ce trio, leur free-jazz viscéral toucha des publics disséminés dans la marge des clubs et Bailey, encore, publia aussi un album live de HWF avec le guitariste Joe Morris, Registered Firm, un de leurs nombreux albums enregistrés au Termite Club (Incus 33CD). Un autre de ceux-ci s’intitulait « the Horrors of Darmstadt » (sic ! Shock SX25CD), tout un programme. La musique de HWF était une véritable foire d’empoigne : déchaîné, le sax jouait au maximum d’intensité, vociférant en faisant exploser la colonne d’air de son baryton, et éclater le timbre de son alto, les suraigus mordant le plafond. Le batteur jonglait avec les rafales de roulements et de frappes tous azimuts. Les murs de la salle semblaient trembler. C’est à ce moment qu’on réalisait l’énergie sidérante du contrebassiste, arcbouté sur son instrument, se créant un passage dans cette jungle sonore, secondé par une table sur roulettes d’où il extrayait des accessoires, baguettes, objets ou des archets dans un mouvement constant et frénétique, les lunettes rondes retenues par un élastique. Le chevalet devait déguster ! Avec Paul Rogers et John Edwards, il était un des bassistes les plus physiques qu’il m’a été donné d’entendre de visu. C’est bien simple, Two Falls and A Submission, leur dernier album fait référence à l’univers du catch et de la lutte où tous les coups sont permis (Bo’Weawil Recordings). Paul Hession : "quand je discute de free-music, j’aime faire des analogies …. la lutte. La lutte semble particulièrement apte à décrire la musique de HWF car elle tend à être très ludique avec un style proche de la lutte (« grappling style »). » Grappling fait songer au mot français s’agripper et eux le faisaient de toutes les manières possibles.
À cet extrême, semblent s’opposer au niveau esthétique deux autres groupes phares de Simon : IST avec le violoncelliste Mark Wastell et le harpiste Rhodri Davies et SFQ, pour Simon Fell Quartet ou Quintet, avec le clarinettiste Alex Ward et alternativement, les batteurs Mark Sanders ou Steve Noble auxquels se sont joints le pianiste Alex McGuire, la tromboniste Sarah Gail Brand ou le guitariste Richard Comte. IST se concentrait sur des sonorités très fines, bruissements à la limite du silence, minimaliste – réductionniste. Un des groupes majeurs de cette tendance vers l’an 2000 qui a enregistré au moins six albums. Par contre, la musique de SFQ est composée en étendant de manière organique le swing inhérent au jazz avec des changements constants de rythmique et d’intensité, des lignes mélodiques entre le sériel et le dodécaphonique avec des harmonies complexes et des incursions dans le sonore "improvisé". Un esprit assez proche du Braxton des années 70/80. Trois albums vraiment remarquables enregistrés soigneusement en studio. Thirteen Rectangles version 2 (Bruce’sFingers) avec Steve Noble, Alex Ward, Sarah Gail Brand et Alex Maguire. On retrouve le même SFQ dans Simon H Fell – SFQ – Four Compositions , un double cd Red Toucan, jouant ses compositions Three Quintets N° 50, N°40.5d et N°62b. L’autre cd de ce double album est consacré à un SFQ – Liverpool Quartet jouant la Composition N°70 avec Alex Ward, Guy Llewellyn au french horn et Mark Sanders et toujours Simon H Fell à la contrebasse. Tout récemment, Bruce’s Fingers a publié SFQ Seven Compositions (Limoges) avec Richard Comte, guitare, Alex Ward, SHF et Mark Sanders. Ce filon jazz avant-garde composé n’a rien à envier au Quintet de Gerry Hemingway par exemple.
IST a été fondé vers 1995 alors que Mark Wastell débutait dans la scène improvisée au violoncelle. Le harpiste gallois Rhodri Davies était alors un jeune musicien que Simon avait rencontré dans un conservatoire. Rhodri était alors intéressé par la composition contemporaine d’avant-garde et une démarche sonore radicale bruissante. Le trio débuta dans les clubs britanniques. Un enregistrement inédit de 1995 au Club Room, un de leurs premiers concerts, vient d’être publié par le label SCÄTTER en digital. Après un vinyle intéressant pour le label Siwa, Anagrams to Avoid, et un CDr sur Confront, le label naissant de Wastell, Consequences of Times and Places, IST enregistra Ghost Notes, avec quelques improvisations et une série de compositions « pour improvisateurs » signées Carl Bergstrøm Nielsen, R.Davies, Stace Constantinou, Phil Durrant, Mark Wastell, Guto Pryderi Puw sur le label de Simon, Bruce’s Fingers. Ce trio se développa et s’agrégea dans un nouveau mouvement international au sein de la scène improvisée qu’on qualifiera de réductionniste, mais aussi lower case etc… : Phil Durrant, Jim Denley, Axel Dörner, Burkhard Beins, Nikos Veliotis, Radu Malfatti, Keith Rowe, Birgit Uhler, Jean-Luc Guyonnet etc… En 2001, au festival Total Music Meeting de Berlin, un événement insigne de la scène improvisée européenne, la performance de IST coupa le public en deux camps avec sa musique faite de silences, de glissandi fragiles, de chocs et d’étouffements du son (Berlin /Confront). Comme Simon H Fell était le contrebassiste préféré de Derek Bailey, il advint que le trio IST fut amené à jouer avec Derek Bailey et le danseur de claquettes Will Gaines tant à Londres qu' à New York et Marseille où ils enregistrèrent Company in Marseille, un passionnant double CD Incus. Confront Core Series a publié Derek Bailey & Company : Klinker, déjà sold-out, un concert en 2000 au Klinker, le club du plus provocateur des improvisateurs, Hugh Metcalfe. À cette époque, Davies et Wastell jouaient trois ou quatre fois par semaine dans les clubs Londoniens en rencontrant un nombre extraordinaire de collègues, créant ainsi un réseau étendu d’amitiés et de solidarités, une des caractéristiques de la scène britannique. Simon n’hésitait pas à les rejoindre depuis Cambridge, pour que leur trio se développe, tout comme le faisait encore Derek Bailey à cette époque en jouant dans des pubs. En fait, cette association avec le trio IST était sans doute un des rares groupes fixes de Bailey, qui ne croyait plus que dans des rencontres itinérantes et fugaces. Confront Recordings vient d’ajouter à son catalogue un Virtual Company avec Fell et Wastell (Davies absent pour cause de tempête de neiges) improvisant avec des fragments d’enregistrements en solo de Bailey et Gaines, préparés par Simon sous le titre (re) Composition 81 (for Mark) . Le Cd étant actuellement en commande, je ne peux vous en dire plus.
Un autre important collaborateur de Simon H Fell est le compositeur et pianiste Chris Burn avec qui il enregistra The Middle Distance (another timbre) avec un autre pianiste, Philip Thomas, lequel avait déjà enregistré l’album Comprovisations pour B.F.. Le point de vue de SHF était que la composition et l’improvisation sont complémentaires et que l’un pouvait très bien fonctionner avec l’autre, donc rien d'étonnant qu’un album d’un collègue intitulé Comprovisations soit publié sur Bruce's Fingers. Ce magnifique album the Middle Distance est aussi un très bel exemple du travail de Simon à la contrebasse. Inspiré par Chris Burn et son piano préparé, il venait de publier Continuous Fragment en duo avec ce dernier, album court, mais dense d’inventions millimétrées au plus profond des murmures de la caisse de résonance du grand piano et de la touche de la contrebasse. On l’entend aussi dans Densités 2008 au sein de l’Ensemble de Chris Burn avec John Butcher, Lê Quan Ninh et Christof Kurzmann. Et comment ne pas évoquer le dynamique trio Badland avec Simon Rose, Simon H Fell et Steve Noble (The Society of Spectacle / Emanem et Axis of Cavity /Bruce’s Fingers) à la fois souple, énergique et subtil ? Lorsque les deux Simon commencèrent à jouer ensemble, le saxophoniste Simon Rose, alors au sax soprano, n’était encore qu’un débutant. Mais Simon H.Fell avait le pouvoir de deviner le talent et le potentiel d’un nouveau venu et la volonté de continuer une relation musicale au fil des années et même des décennies. Aujourd’hui, Simon Rose est un solide improvisateur basé à Berlin et spécialiste du sax baryton. Et bien sûr, il faut aussi mentionner un autre contrebassiste installé à Londres depuis des décennies, le Brésilien Marcio Mattos avec qui Simon prendra soin de jouer, sans doute parce que Marcio est un des plus remarquables violoncellistes de la scène improvisée. S’ensuivit le ZFP Quartet avec le violoniste Carlos Zingaro, Marcio Mattos au violoncelle, Simon Fell et le percussionniste Mark Sanders (Music for strings, percussion and electronics et Ulrichsberg München Muzik – Bruce’s Fingers). C’est d’ailleurs avec Mattos au violoncelle et Sanders que Simon a participé à l'enregistrement dans les deux premiers albums du trompettiste londonien Roland Ramanan (Shaken et Cesura / Emanem), donnant ainsi un coup de main à son pote du London Improvisers Orchestra, un projet musical et humain qui était très cher à son cœur.
Je n’hésite pas à déclarer que Simon H Fell était une des personnalités les plus importantes et les plus qualifiées musicalement de la scène européenne improvisée – jazz d’avant-garde. Il y a bien sûr des contrebassistes de très grande valeur, mais je ne vois pas qui a autant de conviction, de réflexion, de capacités orchestrales et d'écriture et un label aussi pointu et généreux. Et le jazz là-dedans ? Depuis son adolescence, Simon prêtait main forte à des jazzmen locaux d'East Anglia, tout comme il le faisait dans le classique. Pour se convaincre de ses racines "jazz, il suffit d’écouter le projet SFS, The Ragging of Time (Composition N°79) où en compagnie d’Alex Ward, du trompettiste Percy Pursglove, du clarinettiste Shabaka Hutchings, Richard Comte et Paul Hession, il resitue le jazz moderne et le swing dans une ambiance et des méthodes plus actuelles pas trop éloignées de Charles Mingus (BF 127). Ou cet album atypique de 1996 du trio Something Else avec Hession à la batterie et le souffleur de Sheffield, Mick Beck où on peut entendre son "drive" tendu et puissant à la contrebasse (Playing with Tunes - BF 20).
Alors, Simon H. Fell, que puis-je dire d’autre que tu nous manqueras toujours.
https://www.youtube.com/watch?v=oEe2QgfzBv8&feature=youtu.be
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