Sirius : Acoustic Main Suite Plus the Inner One. Sirius : Yaw Tembe & Monsieur Trinité Clean Feed CF454CD
Enregistré dans un lieu particulièrement réverbérant, si pas carrément échoïque, le Panteão Nacional à Lisbonne par le duo Sirius composé du trompettiste Yaw Tembe et du percussionniste Monsieur Trinité, Acoustic Main Suite Plus the Inner One tient la gageure d’incorporer cette acoustique particulière et (extrêmement) réverbérante (du béton, du marbre, de la pierre et du béton !) qui fait ainsi partie intégrante de la musique du duo. Côté trompette, on songe à Bill Dixon et le percussionniste agite, frotte ou frappe précautionneusement et avec une belle parcimonie les éléments métalliques ou ses peaux en tenant compte du feedback échoïque. Celui-ci génère une aura sonore, un souffle, des échos et tout le plaisir du jeu consiste à les doser et jouer sur la durée des sons et la vitesse de ceux-ci dans cette atmosphère de réverbération caverneuse. Le trompettiste s’arrête de jouer un instant, mais l’écho le prolonge, allonge sa durée, la boucle mystérieusement. Les vocalisations dans le tube sont altérées, elles flottent comme un effet électronique. Or, il s’agit d’une musique exclusivement acoustique. La prise de son en est d’ailleurs particulièrement soignée. Yaw Tembe distille les motifs mélodiques de la Suite en prenant des pauses ou parfois fait éclater la colonne d’air en suscitant des harmoniques extrêmes. C’est un trompettiste remarquable dans ces aigus particuliers et j’ai beaucoup de plaisir à l’écouter. Ses effets de souffle impressionnants acquièrent tout leur sens quand la surface des murs en renvoie leur image complètement déformée. Extatique. Monsieur Trinité propose une belle utilisation d’éléments de percussion dans ce contexte, complétant magistralement le souffle « cotoneux » et en suspension de son camarade. Dans deux pièces on entend la voix de Tembe citer un texte de Robert K.G. Temple, The Sirius Mistery et ses propres notes sur Sirius. Démarche originale dans un lieu finalement peu propice à la musique instrumentale (pour la voix cela pourrait se révéler fantastique !). Voici comment rendre intéressante, fascinante même, cette orientation musicale appelée free-jazz. Improviser librement est une discipline qui tient compte avant tout des circonstances de lieu et de temps et des caractéristiques acoustiques et sonores d’un espace et de tous les affects qui en émanent. Les deux musiciens ont poussé ce point de vue et cette nécessité à un magnifique point de non retour ! Yaw Tembe : à suivre !!
Derek Bailey & Company Klinker : Derek Bailey Simon H.Fell Will Gaines Mark Wastell Confront Records Confront core series / core 04 double cd.
Cette édition de Company, l’orchestre à géométrie variable de Derek Bailey fut sans doute une des dernières éditions et aussi, curieusement un groupe régulier baptisé Cavannaconor par le harpiste Rhodri Davies, lequel est absent pour ce concert (24/08/2000). Et quel concert (il y en eut d'autres avec ce Company là) !! Première bonne nouvelle : Derek Bailey , alors arrivé au crépuscule de sa carrière (il nous a quitté en 2005), ne fait pas que se rejouer ! Il y a des passages où j'entends des choses surprenantes que je n'ai jamais entendues ailleurs et j'ai écouté de fond en comble ses albums vinyles depuis les seventies de manière continue et de nombreux cd's. Mais Klinker : pourquoi le Klinker ?
Le Klinker Club fut durant approximativement vingt-cinq ans le club d’improvisation londonien le plus dingue sous la direction du cinéaste expérimental – poète – guitariste – violoniste - percussionniste – performer le plus allumé de la planète, Hugh « Gasmask » Metcalfe. Compagnon du poète sonore Bob Cobbing, de la danseuse ( !) Jennifer Pike et Lol Coxhill au sein du groupe Birdyak, ainsi que de Phil Wachsmann dans le délirant Bugger All Stars (Bead records lp's toujours disponibles), ... et frontman improbable du Tony Oxley Quartet ou Quintet. Un incroyable personnage qui poussait la provocation et le délire toujours plus loin (F...Off Batman, Cross Dressed Quartet ... la folie !! Ici, c’est l’accordéoniste Matt Scott qui se colle à la présentation et à l’organisation, car je n’entends pas une seule intervention vocale del chefo supremo (sans doute absent !), seulement les annonces enjouées de son fidèle lieutenant. L’autre lieutenant, Dylan Bates (violoniste, auteur-compositeur, chanteur et frère cadet de Django Bates, aussi déjanté que le boss), était responsable des magnifiques graphismes des flyers colorés du Klinker. On n’a jamais vu un club aussi dingue où parfois la désorganisation était suscitée pour « inspirer » les artistes, à l'époque dans cette arrière salle du Sussex Pub à Hackney. Le club a transhumé dans les pubs et lieux les plus improbables (dodgy) dont une sacristie d'église abandonnée ! Cela va sans le dire : plusieurs improvisateurs de renom évitaient de s’y produire. Le Klinker Club revit, récemment à Bethnal Green, tous les 17 du mois, un jour de nombre entier. Tout sérieux qu‘ils paraissent, Rhodri Davies et le violoncelliste Mark Wastell, les deux chefs de file du London New Silence à l’aube des 2000, sont des british pur jus, toujours un peu excentriques et des fans de Hugh « Gasmask ». Et donc, avec le contrebassiste Simon H. Fell, ils formaient (et forment toujours IST), un trio d’avant-garde qui révolutionna le petit monde de l’improvisation (TMM Berlin 2001) et enregistra un paquet de cd’s et un vinyle (Anagrams To Avoid/ siwa) aussi intéressants les uns que les autres. Mais avec Derek Bailey, c’est encore une autre affaire : le guitariste avait invité le danseur de « tap-dance » ou claquettes (en français) Will Gaines (1928-2014) qui eut son heure de gloire dans la scène be-bop british et avec Duke Ellington. Cette étrange édition de Company a enregistré le dernier (double) album de Company pour Incus à Marseille l’année précédente avec R Davies (Incus CD 44/45 épuisé).
Vous connaissez sans doute sommairement le déroulement de Company : on assemble les musiciens en duos, trios, quartets ou en tutti et on essaye, développe ou célèbre ces combinaisons instrumentales et de personnalités en cherchant des éléments neufs, des correspondances imprévues, en sublimant le connu vers l’insoupçonné. Un approfondissement de la pratique sur le terrain qu'on améliore au fil des séquences et des sets. Les Company Weeks permettaient à une dizaine de musiciens d’étendre le procédé ad infinitum au long de soirées entières jusqu’à plus soif. Mais comme le révèle judicieusement les enregistrements que le fidèle Tim Fletcher réalisa cette soirée là : une seule soirée avec de tels musiciens se suffit à elle-même. L’ambiance et la prise de son (pas trop technique, mais très présente), les «annoucements » (de DB et de WG), la chaleur du public, leurs rires, la musique endiablée et d’une grande fraîcheur, les claquettes (Will Gaines a alors 72 ans !), tout concorde à rendre cet album absolument irrésistible. Je préfère les albums anciens de Derek, à ceux de la fin de sa carrière, où la guitare était trop saturée à mon goût et certains collaborateurs trop « téléphonés » (intérêt musical relatif !), mais celui-ci se situe clairement dans le top sur plusieurs morceaux.
1er CD Deux trios DB/SF/MW (guitare – contrebasse – violoncelle), engageants, rageurs et même décoiffants, évoquent un pugilat de sales gosses qui se roulent par terre en s'agrippant par tous les côtés à la fois. Une bonne entrée en matière. Trois courts duos Gaines-Bailey claquettes et guitare. Le jeu Derek a une dimension rythmique remarquable. Les frappes, frottements, cliquetis des semelles de Will Gaines simulent un jeu de batterie polyrythmique multiswing sur le quel le guitariste surfe d’aise. Le troisième intitulé : you should see me when I’m making money, se termine tout-à-coup sur un saut final sonore du danseur. Vraiment joyeux. Will Gaines ne se prive pas de déconner à la grande joie du public avec un jive et un aplomb digne d’un jazzman à l’ancienne de haut lignage et Derek Bailey nous donne à entendre de belles trouvailles qui font de lui un improvisateur exceptionnel. Le break ! ? Ensuite : Duo SF/MW faisant vibrer, frapper, pleurer, murmurer, chuinter les cordes dans toutes les dimensions. On est très loin du trio IST et du New Silence, mais quelle musique. En quartet dynamique pour finir le cd - avant le deuxième break. Il fait soif visiblement, on est en plein mois d’août.
2ème CD : WG/MW : le public parle mais les claquettes virevoltent et au bout d’un moment Wastell trace un tempo… Deux duos DB/SF consécutifs car le guitariste aimait beaucoup jouer avec le contrebassiste. Même après avoir écouté Derek Bailey assidûment durant plusieurs décennies, on trouve encore matière à rêver, à se surprendre. Des coups de plectre cisaillent sans pitié des tuilages d'accords / clusters émettant simultanément grands écarts d'intervalles et harmoniques extrêmes. Mais d'autres passages offrent de lents glissandi et des sursauts pointillistes hyper détaillés. On passe instantanément de détails étirés en douceur à la rage frénétique. Une métamorphose continue et permanente. 2ème Quartet final, enthousiasmant : Will Gaines délivre allègrement son boniment de jazz performer alors que les trois autres grattent, frottent, s’évertuent à faire sauter toute référence tonale. WG cite des grands artistes qu'il a eu le bonheur de rencontrer à Londres : Ronnie Scott, Tony Oxley, John Stevens... and Derek Bailey. Ses claquettes font parfois songer aux pulsations multiples de Milford Graves : idéal pour la free-music !! Les quatre s’oublient, exultent. Inoubliable, sûrement pour les spectateurs.
C’est sans nul doute le plus beau souvenir que me laisse Derek Bailey à la fin de sa carrière (avec ce magnifique album solo publié par Rectangle en Digital Download thanks to Quentin Rollet et Noël Akchoté) et le plus joyeux Company qu'il est donné d'écouter. L'atmosphère de concert est absolument fantastique, la prise de son de Tim Fletcher rendant grâce à la vie émotionnelle partagée avec le public et le lieu. Oolyakoo !
Dans les courbes Xavier Camarasa et Jean-Marc Foussat FOU Records FR-CD26
D’une Couleur Rouge Tendre Henri Roger & Jean Marc Foussat
Jean – Marc Foussat a développé un travail intéressant et pluridimensionnel avec le VCS3 et l’AKS, appareils « vintage » datant des premières années septante. Projetant le son en stéréo, il crée des contrepoints mouvants, des paysages sonores en constante métamorphose utilisant aussi la voix, des appeaux et des sons recyclés qui peuvent culminer dans une intensité paroxystique ou frôler le murmure. Il a publié plusieurs albums de rencontre avec des improvisateurs acoustiques (Jean-Luc Petit, Fred Marty, Joe McPhee, João Camoes , etc…). Comme improvisateur électronique, J-M F se révèle imaginatif, intense, dense, un coloriste varié avec une palette très diversifiée. Si sa pratique musicale se rapproche plus de la musique électro, post rock, etc… en remplissant le champ sonore, il est un inconditionnel de l’improvisation libre acoustique ayant travaillé bénévolement à enregistrer une quantité impressionnante d’albums d’impro libre radicale pour une kyrielle de musiciens dont certains ne sont pas les moindres praticiens de cette musique réputée exigeante et difficile. Derek Bailey, Evan Parker, Lazro, George Lewis, Léandre, Annick Nozati, etc… À mon avis, il existe une contradiction entre son activité sonore projetée par deux haut-parleurs qui diffusent ses sonorités très variées, contrastées et continues dans l’espace et l’approche acoustique d’un improvisateur libre « radical » jouant du violon, du trombone, ou un autre instrument acoustique, car celui-ci occupe un point précis du champ sonore duquel il rayonne. L’auditeur identifie inconsciemment ce point. Pas question de bouger face au micro où de déplacer celui-ci Sa dynamique liée au silence et d’une plus grande ampleur. Là où un instrumentiste acoustique peut fragmenter son discours en y introduisant des doses de silence qui vont de l’infime à l’omniprésent, l’électronicien produit des sons continus qui peuvent s’enfler au point de recouvrir des détails de son collègue. Leurs caractéristiques respectives sont divergentes et cette divergence peut créer un problème d’équilibre et de partage du champ sonore entre les musiciens, surtout pour une musique où chaque instrumentiste est sur un pied d’égalité dans un contexte de liberté totale. Chacun sait que la liberté des uns commence où finit celle des autres. Cela dit, J-MF et le pianiste Xavier Camarasa trouvent un véritable terrain d’entente. C’est une véritable connivence qui s’établit au point dans certains passages ils font corps l’un à l’autre. Les affres déchirants des paysages post-urbains synthétiques délivrent un souffle voisin du flux, du toucher et des ondes du pianiste Xavier Camarasa. Ailleurs, J-M F crée spécialement des sons qui répondent exactement aux frappes assourdies des marteaux sur les cordes. Cette symbiose est vraiment remarquable.
Où j’applaudis franchement, c’est à l’écoute du duo D’une Couleur Rouge Tendre avec l’excellent pianiste Henri Roger. Tout le duo de 34 minutes (cfr soundcloud)est basé sur le contraste entre le jeu concentré polymodal du pianiste et les dérives oniriques de l’électronicien. La relation sonore entre chaque artiste est distante et tangentielle, mais l’intensité et la fulgurance de chaque improvisateur se rejoignent dans la puissance et l’absence de concession de leurs démarches perspectives. Un même feu les habite, une quête de l’impossible. Chapeau !
La particularité du saxophoniste Georg Wissel de Cologne est de jouer du (prepared) alto-sax, et ici,de la clarinette. Il fourre une bouteille en plastique ou un emballage plastifié chiffonné dans le pavillon de son saxophone et essaye de souffler, vocaliser, bruisser dans l’anche et la colonne d’air. Assez radical. Il fait cela depuis tellement longtemps que c’est devenu une seconde nature. Le tandem énergétique Achim Tang (contrebasse) et Simon Camatta (batterie) l’emmène dans des improvisations échevelées. Je me serais attendu que Simon prépare sa batterie ou la transforme – à l’instar d’un Paul Lytton avec qui Georg Wissel partage un excellent duo – mais son jeu dynamique, diversifié et sa constante attention font merveille. Quarante-quatre minutes d’intenses explorations dans la géographie du trio enregistrées au légendaire Loft de Cologne le 19 février 2017. Le contrebassiste n’hésite pas à prendre les devant : une séquence où il se lance dans l’exploration boisée des cordes à l’archet est remarquablement secondée par le jeu convulsif des deux autres. Une écoute intense, une énergie jamais prise en défaut, des équilibres instables, des sifflements d’anche curieux, des timbres rares, des atmosphères incertaines comme dans cette deuxième plage bruissante où il devient abscons de vouloir distinguer qui joue quoi tant l’aspect ludique et émotionnel de découvrir des (nouveaux) sons nous font oublier le temps, la vitesse, la limite note/bruit. Georg Wissel joue pourtant les notes (très) aiguës du registre normal de la clarinette sans solliciter une technique alternative. Wissel Tang et Camatta pousse l’esprit de recherche en outrant la norme avec une belle conviction et une réelle connivence. Il s'agit de leur deuxième album, le premier, Movements (Creative Sources CS 301 CD) avait été enregistré le 24 janvier 2014 dans le même Loft et se révélait comme une très bonne entrée en matière à l'intérieur de cet univers sonore grouillant et mouvant, éclaté et tendu, tout en se référant à des phrasés et une pratique plus proche du jazz libre que dans le présent opus. Avec Indes, les musiciens poussent le bouchon nettement plus loin vers une recherche sonore à la fois introspective et à l'écart des modèles existants. Dans Movements, le souffleur Wissell aiguillonne et entraîne ses deux acolytes vers la liberté totale. Avec Indes, on assiste à une complete communion du trio dans cette quête de sons inouïs et inexorablement enchevêtrés, quête rendue possiblee par des procédés et modes de jeux entièrement en dehors de la pratique instrumentale conventionnelle. Excellent trio d’improvisation radicale basé sur le triangle sax-basse-batterie (la formule passe partout), architecture qu'ils transforment, déforment, déchiquètent, triturent, insaisissables.
Tell No Lies Edoardo Maraffa Gabriele Di Giulio Nicolà Guazzaloca Luca Bernard Andrea Grillini Fonterossa.
Tell No Lies ! Ne racontez pas d’histoire ! Je suis sensé limiter mon champ d’investigation journalistique à la musique improvisée libre. Mais le jazz à la sauce Bolognaise a le parfum de la réelle authenticité. Les précités, Edoardo Marraffa, ici au sax sopranino, Gabriele Di Giulio au sax ténor, le pianiste Nicolà Guazzaloca, compositeur des six excellents morceaux interprétés ici, le contrebassiste Luca Bernard et le batteur Andrea Grillini font partie de la communauté d’improvisateurs de Bologne, un des plus soudées, accueillantes et engagées de la péninsule organisées autour de lieux – laboratoires tels que la Scuola Popolare Ivan Illich (tout un programme !) ou le Centro di Ricerca Musicale Teatro San Leonardo où cet opus enthousiasmant a été enregistré les 30 et 31mars 2016. On pense bien sûr à l’intense jazz modal Blue Note risqué du milieu des années soixante mâtiné de free parfaitement intégré à l’esprit des compositions et à Don Pullen avec Mingus. L’une d’elles, Kronstadt (tiens tiens !) est interprétée deux fois et l’alternate take clôture ce bel album incendiaire. Edoardo Marraffa et Nicolà Guazzaloca joue régulièrement en duo et Edoardo est un phénomène original du sax ténor avec une sonorité franchement aylérienne sans que ce soit une caricature ou une pâle copie. Un client sérieux ! Ici il laisse son camarade Gabriele Di Giulio développer des improvisations dans le droit fil des compositions (son plus proche de Trane et Joe H.) et détonne littéralement au sax sopranino, instrument très difficile qu’il s’est vraiment décarcassé à maîtriser. J’apprécie donc, surtout quand il glisse entre les notes en faisant chanter le timbre. Par rapport au jazz moderne contemporain de conservatoire ou aca de jazz professoral des filières institutionnelles, il y a un emportement, une physicalité, une émotion entière, une polyrythmie au bord de l’explosion qui ravit l’auditeur, même blasé. Bref, c’est du vécu. Avant de se lancer dans l’improvisation totale avec Marraffa, Trevor-Briscoe, Szilard Mezei et Marcello Magliocchi, Nicolà Guazzaloca avait travaillé dans le jazz professionnel italien et on sait que plusieurs pianistes italiens sont vraiment au niveau des « grands » : Pieranunzi, Bollani, D’Andrea, Bonafede etc… C’est aussi le cas de Nicolà Guazzaloca dont l’intransigeance musicale et le sens profond du partage et de l’amitié électrisent les troupes. Une belle réussite goûteuse, risquée, vivante.
Entrée des Puits de Grêle Quentin Rollet / Jean-Marc Foussat / Christian Rollet BIS-007-U / FR-CD 30 http://www.bisou-records.com/produit/quentin-rollet-jean-marc-foussat-christian-rollet/
Rencontre hybride du tandem Rollet père et fils, respectivement batterie (Christian) et sax sopranino et alto (Quentin + synthétiseur et voix), avec l’électronicien vintage Jean-Marc Foussat (synthi AKS et voix), crédité aussi recording, mixing, editing, mastering. Excellent drumming du batteur du légendaire groupe « Workshop de Lyon » et très remarquable jeu du saxophoniste Quentin Rollet. Jouer du sax sopranino n’est pas une tâche aisée (justesse difficile, contrôle, dynamique) et le musicien s’en sort fort bien avec une sonorité originale qui attrape l’oreille de l’auditeur, des sons détaillés, une démarche à la fois pensée et poétique. Les deux instrumentistes se renvoient la balle sans jouer au ping-pong et contournent, détournent, commentent, fendent les flots, contiennent, surnagent, s’envolent autour, à travers, au-dessus des maléfices, boucles folles, moteurs lâchés, hoquets bancals, ivresse de l’espace, ronronnements, sifflements de l’inconnu, nappes invasives, déchirures dans l’espace-temps, flottements percussifs du synthi AKS. Trois improvisations de 11, 27 et 9 minutes. Une collaboration fructueuse pour enfin apprécier le travail particulier toujours en évolution de Jean-Marc Foussat dont le niveau de qualité atteint ici une très respectable vitesse de croisière. Dans le troisième morceau, le synthé multiplie les voix folles saturant les séquences en piétinant les boucles en cadence soutenue alors que le sax alto déboule, emporté par les ricochets du batteur, phrase oblique, accélère et s’emporte dans le suraigu vocalisé, les coups de langue furieux, la transe. Ces neuf minutes s’évaporent sans faiblir. Un beau final ! Comment marier l’électro déjanté aventureux avec le free-jazz sanguin assumé ! Idéal pour convertir à la furia du free intégral (intègre) les masses acquises au tout électronique. À voir en live et sur scène ou dans un appartement (avec les voisins en vacances !)
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Bonne lecture Good read ! don't hesitate to post commentaries and suggestions or interesting news to this......