Moon Simon Rose & Nicolas Hein Confront Recordings core
https://confrontrecordings.bandcamp.com/album/moon
Une guitare microtonale sept cordes électrocutée en sustain affrontant les grondements graveleux et ondulants d’un sax baryton sous tension. Musiques de drones oscillants en parallèles, en tuilage venteux, parfois crépitants. Simon Rose, un souffleur British établi à Berlin, la métropole où ça joue, s’est créé un univers secret de souffles prêt à s’inscrire dans des aventures sonores inédites, bruissantes ou décapantes. Avec le guitariste Nicolas Hein, entendu avec Paul Lytton, Matthias Muche, Robert Dick, Nicolas Souchal et bien d’autres, ils déclinent patiemment toutes les options de frictions, tensions, disruptions, que le permet le trafic radical des pédales, effets électroniques et manipulations des cordes et micros face aux intonations flottantes ou mordantes du souffle rêveur suspendu par-dessus les abîmes. Cette approche linéaire d’étalement de nappes sonores, d’oscillations vaporeuses ou caustiques ou de fractures abruptes et machiniques se meut dans un allongement quasi infini de l’inspiration, de variations d’intensités, de métamorphoses instantanées. On passe du statique opaque au tournoiement ludique, strates vivantes de vibrations sonores qui se différencient, se complètent, s’agrègent, suspendues dans le vide intersidéral ou crépitantes dans l’urgence. Une collaboration fructueuse dans la recherches de sons insolites et décapants (guitare) et de souffles charnels et oniriques (sax baryton). Depuis ses débuts free avec Mark Sanders, Steve Noble et Simon H. Fell, Simon Rose a évolué vers la radicalité, entre autres aux côtés de souffleurs prodigieux comme Michel Doneda et Philippe Lemoine. Avec Nicolas Hein, il s’inscrit dans la fascination sonique extrême tout en gardant sa dimension terrienne et lyrique, créant un contraste du meilleur effet.
Constellation Ensemble Dove Morde La Taranta FMR CD670-423
https://muzicplus.bandcamp.com/album/dove-morde-la-taranta-constellation-ensemble
Constellation Ensemble est un orchestre à géométrie variable de neuf musiciens qui s’unissent tous ensemble pour Dove Morde la Taranta qui donne son titre à l’album en 1° et pour Terzo Mare en n°8, s’égaient ensuite en sous-groupes pour les six autres compositions instantanées (signées par trois ou quatre d’entre eux) de cet album intéressant au niveau des formes et sincèrement collectif. Pas de « soliste », mais bin des constructions spontanées de pièces où chacun s’exprime égalitairement avec un sens de l’écoute et une dose d’invention. Un collectif sous-jacent : OSIMU. Quatre souffleurs : Alice Tanganeli : clarinette, Pino Colonna : sax ténor, ciaramella et chalumeau, Emiliano Marrochi : trompette, Carlo Mascolo : No – input trombone. Organetto diatonico de Donatello Pisano, Piano et synthé de Marco Oliveri. Le contrabotto de Sandro Perdighe est une sorte d’instruments à cordes tendues entre un bidon métallique et un manche fixé au bidon style gaffophone de Gaston Lagaffe. Et puis, Vito Basile à la basse électrique et Sem Devigus à la batterie complètent l’édifice. Bien qu’il y ait sans doute un niveau inégal dans le savoir-faire instrumental au sein de cette constellation, il y a surtoutune profonde cohérence collaborative et un taux de réussite dans les improvisations collectives+. Cela est dû à un beau sens de l’écoute et à l’auto discipline de chaque musicien dans leurs interventions individuelles avec un maximum de lisibilité et de coordination des efforts. L’individu est au service de la dimension orchestrale. Et si l’un deux est une solide pointure, l’accordéoniste diatonique Donatello Pisanello, il s’efforce avec succès à insérer discrètement des couleurs sonores et des interventions qui enrichissent l’ensemble. Comme dans ce duo avec le contrabotto de Sandro Perdighe. Et on dira cela aussi du trompettiste, de la clarinettiste ou du tromboniste, mais tous œuvrent pour donner du sens à chacun des morceaux sublimant leurs moyens dans l’inspiration collective transmise à chacun. Le n°8 , Il Terzo Mare, est une superbe improvisation collective, nuancée, chatoyante et contrastée. Cet orchestre est natif de la région d’Altamura - Monopoli dans les Pouilles où l’œuvre été enregistrée. Dans ces provinces italiennes, pullulent des musiciennes – musiciens free qui ont le feeling de collaborer, investiguer, se réunir, travailler localement pour le plaisir. En voici un document probant.
Cup and Ring Larry Stabbins & Mark Sanders Discus 191CD.
https://discusmusic.bandcamp.com/album/cup-ring-191cd-2025
Il s’agit du deuxième album du saxophoniste ténor & soprano Larry Stabbins en duo avec un percussionniste à cinquante ans d’intervalle après son LP séminal Fire Without Bricks (Bead Records) avec Roy Ashbury, lui-même un collaborateur de la première heure de John Russell. Un point commun entre Fire Without Bricks et Cup and Ring : la pochette de chacun des albums est illustrées par des artefacts préhistoriques datant de -3000 avant J-C. Des figurines d’argile trouvées dans l’Eye Temple de Tel Brak en Syrie au recto et des gravures rupestres scandinaves au verso pour l’album Bead 4 publié en 1977. Des marques de tasses et d’anneaux sur des roches de Kilmartin Glen en Écosse.
La différence : dans Fire Without Bricks, Larry se concentrait sur ses deux instruments habituels les sax ténor et soprano, mais c’est avec d’autres instruments à anche qu’il parcourt ces six Cups et ces cinq Rings : flûte alto, concert flute, sax alto et clarinette basse, sans doute la première fois qu’il enregistre avec d’autres instruments. Chacune des onze morceaux cultivent une ambiance, une thématique, un matériau mélodique différents face au drumming free superbement expressif, lisible et coordonné de Mark Sanders, le quel joue aussi de l’archet avec ses cymbales en vibrant la surface d’un gong accompagnant une mélopée mélancolique et éthérée à la flûte. Sa clarinette basse se fait tumultueuse et mordante, voire hargneuse et en un bref instant son sax alto évoque Ornette. Il s’agit donc d’un magnifique duo où de multiples approches sonores et pulsatoires sont envisagées avec une inspiration lyrique et un vécu transcendants, renouvelant l’intérêt de l’auditeur. La maîtrise des percussions est phénoménale… Un bel album à écouter sur la terrasse un soir d’été ou au coin du feu.
La cloche qui résonne Vincent Martial avec Marc Siffert Camille Émaille Bertrand Fraysse Jean-François Oliver Fabien Nicol et Elsa Jauffret. Mazeto Square 570 569-5
https://vincentmartial.com/la-cloche-qui-resonne
https://www.mazeto-square.com/product-page/la-cloche-qui-r%C3%A9sonne-cd
Voilà un bien inhabituel projet animé par un compositeur doublé luthier créateur d’instruments hybrides, Vincent Martial. Flûtiste, il a mis au point un instrumentarium expérimental fait de tubes où vibrent l’air, de résonnateurs et où intervient la robotique et une étonnante innovation. Les images publiées sur son site sont très impressionnantes. On peut essayer de le décrire, mais il vaut mieux assister à une performance scénique plutôt que d’en imaginer leurs configurations défiant la norme des instruments connus et nécessitant une logistique poussée vu la multiplicité des tubes, tuyaux, mécanismes disposés sur une large scène. Incroyable ! pour parvenir à réaliser ces machines à sons improbables, il faut y croire et oser, car cela représente le travail de toute une vie et un défi matériel ardu à surmonter. Déjà, sans avoir écouté déjà, je salue l’originalité et l’audace. Les autres musiciens participants sont des instrumentistes « normaux ». Dans ce projet, ils sont tenus d’explorer les possibilités des instruments de Vincent Martial en en interprétant – créant leur fonctionnement personnel afin de jouer les compositions avec leur sensibilité et leur imagination personnelle. Au fil des 17 compositions, la musique flotte, s’étale, vibre, remue, résonne suspendue dans le silence ou sifflant, grinçant, produisant toutes les manières percussives : toute un gamme de cloches et objets métalliques tintinabulants, friselis cuivrés, frappes sourdes, scintillements de cymbales ou crotales, battements africains circulaires, bruits de moteurs ou harmoniques soufflées comme un ou des bagpipe(s) détraqué(s), drones organiques, harmoniques..., cordes pincées de guingois, vibrations inconnues. Le résultat ser évèle d'une grande richesse sonore et une kyrielle d'idées et de formes diverses toutes autant achevées les unes que les autres en allant du soigné méticuleux au sauvage.. Sans nul doute, une brillante réussite dans le domaine trop galvaudé de la musique expérimentale tout court, fascinante, atavique, déroutante et bien curieuse. Le champ des sonorités possibles est très large vu les registres étendus des machineries en présence.
Consacré aux musiques improvisées (libre, radicale,totale, free-jazz), aux productions d'enregistrements indépendants, aux idées et idéaux qui s'inscrivent dans la pratique vivante de ces musiques à l'écart des idéologies. Nouveautés et parutions datées pour souligner qu'il s'agit pour beaucoup du travail d'une vie. Orynx est le 1er album de voix solo de J-M Van Schouwburg (1996 - 2005). https://orynx.bandcamp.com