4 octobre 2018

Christiane Bopp / Mathieu Bec & Guy Frank Pellerin/ Walter Faehndrich Christy Doran Remo Schnyder Samuel Wettstein/ Gaudenz Badrutt Ilia Belorukov Jonas Kocher/ Paul Rogers Olaf Rupp & Frank Paul Schubert/ Free Pantone Trio

Christiane Bopp Noyau de Lune. Fou Records FR CD 29.
Pochette pas encore visible sur le site car j'ai été très vite : il y a URGENCE !!

Excellente initiative de Jean Marc Foussat, preneur de son, improvisateur électronique et producteur de disque intrépide. Comme le répète souvent Joëlle Léandre, on n’entend pas assez souvent des musiciennes improvisatrices dans une scène majoritairement masculine. Mais cela s’améliore. Avec la tromboniste Christiane Bopp, la scène improvisée a gagné une musicienne très expérimentée et une véritable improvisatrice avec un sens de la forme dans l’instant le plus immédiat. Provenant du milieu des fanfares, CB a suivi les cursus du Conservatoire National Supérieur de Paris avec Premier Prix à la clé, appris la saqueboute (instrument ancien redoutable), est devenue enseignante au Conservatoire de Poitiers, a collaboré avec les meilleurs ensembles de musique ancienne (René Jacobs, Jean Tubéry, Gabriel Garrido, Centre de Musique Baroque de Versailles, Giardino Armonico, Akademia etc…) et des projets de Joëlle Léandre, Pifarely, Ducret etc… Ressentant le besoin de déconstruire et reconstruire, elle va plus  avant dans l’improvisation radicale. On l’entend avec Mat Maneri, JM Foussat, Capozzo, Maggie Nicols … Comme référence discographique indiscutable, je lui connais un duo NOVATEUR avec le clarinettiste Jean-Luc Petit, L’écorce et la salive (FOU FR-CD 19). Et le quartet Barbares avec Foussat, Makoto Sato et Petit sur le même label.
Noyau de Lune est focalisé, entre autres, sur la vocalisation, des intervalles en dents de scie, un travail fantastique sur la dynamique, une implication lyrique en phase avec ses idées instrumentales, la sculpture du son,  un côté un peu expressionniste, le mouvement rotatif de l’instrument face au micro, les multiphoniques, l’utilisation très intelligente des sourdines et un curieux doublage de son souffle en temps réel, le tout avec un contrôle supérieur de l’instrument. Elle joue aussi avec des morceaux de trombone et des sourdines détournées qu’elle percute et donne de le voix avec le tube de manière inédite. Si je peux me permettre de faire un parallèle, je pense à la personnalité d’Alan Tomlinson et parfois un peu Günter Christmann. Et donc Christiane Bopp, s’affirme comme une des plus grand.es artistes du trombone improvisé qui travaille le son avec une précision chirurgicale rare (ce qui n’est pas toujours le cas chez certains confrères). Comme cet instrument est un marqueur capital de l’improvisation libre européenne (non-idiomatique selon Derek Bailey) et que Christiane Bopp apporte une musique d’une qualité équivalente à celle des Rutherford, Christmann, Lewis, Schiaffini, Globokar, Mangelsdorff (en solo),  Malfatti, les Bauer, Yves Robert, Paul Hubweber, Mathias Muche etc… sa musique d’une grande qualité poétique, logique et sensible, est absolument indispensable à notre survie et à la bio-diversité de notre scène improvisée. Je dirais que l’invention de Rutherford est absolument inimitable et place ce musicien dans une catégorie particulière d’incomparable. Mais Christiane Bopp vient de graver un des albums-clés du trombone improvisé (solo) qui se taille une place à part face à ce qui a déjà été publié, question contenu et finesse.  Son expérience de saqueboutiste lui apporte une maîtrise peu commune : elle nuance le moindre son et est capable de jouer en sotto voce avec dynamique et énergie.  Comment introduit-elle la voix dans son jeu ? Magique ! Noyau de Lune est d’ores et déjà un enregistrement incontournable et apporte une musicalité créatrice aux côtés de références mythiques : The Gentle Harm of the Bourgeoisie (Paul Rutherford / Emanem) et Musik für Posaune und Kontrabass (Günter Christmann / C/S.). Il faut absolument la faire entendre hors des frontières de l’Hexagone de toute urgence pour édifier les masses.  Je n’entends jusqu’à présent peu de saxophonistes féminines qui émulent valablement les « mâles » de l’instrument, ma préférée étant la française Audrey Lauro. Mais question trombone, il y a Sarah Gail Brand, et surtout la magnificente Christiane Bopp.

Saxa Petra Mathieu Bec & Guy Frank Pellerin Setola di Maiale 


Pierres, ustensiles et percussions & souffle, bec et colonne d’air. Une approche sonore fascinante du duo phare de la free-music : saxophone et batterie. Mathieu Bec et Guy-Frank Pellerin. Travail et jeux dans la marge de l’instrument et une identité sonore particulière et originale qui se distinguent par leurs sonorités de leurs meilleurs confrères sans qu’on songe à établir une comparaison. On songe à Lê Quan Ninh et Michel Doneda, Roger Turner et Urs Leimgruber, John Butcher et Gino Robair ou Mark Sanders. Enregistré le 27 février 2018 dans la froideur de l’Église St Sylvestre de Puéchabon (Hérault) avec la résonance réverbérante des murs de pierres, des voûtes et des dalles du sol… Frottements, grattages, crissements, vibrations des objets sur les surfaces, multiplicité des frappes en cycles croisés sur peaux et pierres (lithophones > Lithophages), harmoniques perçantes, jeu infra, effets de souffle dans le tube, étirement du son, fluctuation des fréquences, vocalisations, doigtés croisés, multiphoniques, saturation dans le bec, chant de la peau sous le grattoir, pulsations sauvages, bruit/musique, interpénétration des timbres et agrégats sonores volatiles, au bord du silence. On n’en finit pas de dénombrer et d’identifier les occurrences du son, du lyrisme et de l’émotion sous-jacente, sentir la réflexion profonde enchaînée au geste spontané. De légers chocs des cailloux résonnants et cristallins font mugir la peau du tambour comme une voix de l’au-delà. L’intimité des sons est toute proche. Musique du corps qui veille sur le qui-vive, mouvements induits par l’écoute immédiate. Petit à petit, d’une des dix pièces – poèmes à l’autre, se construit un dialogue qui précise la qualité et le détail de leurs interactions après que leurs premières improvisations aient mis au jour les strates de leurs sons multiples respectifs. On plonge ici dans le mystère de l’improvisation. Comme certains albums de Phil Minton, d’Urs Leimgruber, de Günter Christmann, de Christiane Bopp, de Jacques Demierre, etc.. nous nous situons au cœur de la fabrique de la musique libre retournée à l’état de nature indomptée. Cela fonctionne plus loin qu’un duo. Ces deux-là font esprit et corps l’un à l’autre. À écouter d’urgence. Je l’ai fait aujourd’hui via https://mathieubec.bandcamp.com/album/s-a-x-a-p-e-t-r-a et une paire d’écouteurs baladeurs faute d’avoir une copie compact. Une belle merveille ! 

Âme Sèche Walter Faehndrich Christy Doran Remo Schnyder Samuel Wettstein Leo Records CD LR 827


13 miniatures improvisées sans titre dans une combinaison instrumentale peu commune : violon alto (viola en anglais) et voix : Walter Faehndrich, guitare  électrique : Christy Doran, saxophone : Remo Schnyder, synthétiseur : Samuel Wettstein. Pas de note de pochette et la couleur de celle-ci est uniformément grise avec le titre en capitales en jaune : ÂME SÈCHE. Pour un amateur de free-jazz et/ou de free-music, l’expression de la Soul semblera mise de côté pour se concentrer sur un travail cérébral (Dry ?) des phrases et des sons d’une vivacité sautillante et pointilliste ( 1 ). Coordonner un synthé, une guitare électrique, un saxophone et un violon alto en improvisant simultanément demande une écoute mutuelle de tous les instants et de l'ouverture ; l’usage de multiples techniques de jeu / sonores alternatives et « étendues » favorise une symbiose naturelle. Le violoniste le guitariste et l’électronicien évoluent avec un jeu retenu, détaillé et dans ce contexte, le saxophoniste semble souffler à peine pour établir l’équilibre nécessaire pour jouer à égalité avec ses partenaires, cette musique étant égalitaire, la fonction de chaque instrument (soliste vs orchestre) étant interchangeable. Au long des différentes improvisations, on découvre un renouvellement du paysage, des interactions, des sonorités, etc… alors que les musiciens se focalisent sur un type de son très pointu. Par exemple, l’archet de l’alto frôle les cordes et les doigtés sur la touche maîtrisent des harmoniques d’une grande finesse, en deçà de la projection « normale » de l’instrument, sons fantômatiques qui s’échappent comme des fumeroles par-dessus les braises. Une frénésie contenue qui n’éclate jamais et qui se métamorphose constamment. Je souligne le fait que plusieurs musiciens suisses dont les contrebassistes Daniel Studer et Peter K Frey, la pianiste Gabriela Friedli s’obstinent à fournir à Leo Records des enregistrements de musique improvisée d’une haute tenue alors que ce label poursuit une stratégie de publication tous azymuts assez surprenante et parfois très éloignée de sa raison sociale initiale. Je rappelle la parution inespérée  des Zurich Concerts/ Leo CD LR 750-751 pour les 15 ans du duo de Contrebasses de Peter K Frey et Daniel Studer (avec Butcher, Hemingway, Hans Koch, Jacques Demierre, Magda Mayas, A Zimmerlin etc..), de RAW/Leo CD LR 766 par le String Trio d’Harald Kimmig - Alfred Zimmerlin – Daniel Studer avec John Butcher en invité et areas/ Leo CD LR 828 du Gabriela Friedli Trio (avec Studer). Raw du String Trio et John Butcher étant sans aucun doute l’album le plus passionnant depuis des lunes impliquant le saxophoniste et une réussite musicale qui éclipse par sa créativité énormément de choses publiées récemment, même par certains de mes musiciens préférés. Âme Sèche est une tentative méritoire et plus que satisfaisante d’improvisateurs exigeants et expérimentés qui, même si elle n’atteint pas le niveau magnificence de RAW, parvient à imposer à l’auditeur l’intransigeance et l’inspiration ludique des Klangfarbmelodien et force le respect du connaisseur –praticien. 

Rotonda Gaudenz Badrutt Ilia Belorukov Jonas Kocher intonema

Label russe publié par le saxophoniste alto Ilia Belorukovintonema présente des enregistrements d’improvisation radicale sans concession où les artistes s’essayent à transgresser et faire reculer les limites et les formes acceptées il y a peu, mettant en jeu des concepts fort peu convenus / remettant en question l’acquis d’avant-hier soir. À cet égard Rotonda, enregistrée dans la Rotonde de la librairie Maïakowski en 2014, est à la fois exemplaire pour la démarche intransigeante et la pertinence des affects que ces trois aventuriers libèrent du néant. Le silence plane et occulte les sons de l’espace avant qu’un timbre inconnu se mette à poindre dans le no man’s land. Le saxophone préparé d’Ilia Belorukov ? Les sources sonores acoustiques et l’échantillonneur en temps réel de Gaudenz Badrutt ? L’accordéon mystérieux de Jonas Kocher ? On écoute les yeux fermés sans se soucier d’où proviennent les sons et comment ils sont obtenus. On se laisse captiver par la subjectivité des trois complices. Des drones aigus meurent dans un murmure de réverbération. Le grognement des anches libres dans le soufflet relâché et distendu. Tout semble extrêmement monotone, mais une diversité sonore finit par s’imposer par des touches soudaines et brèves qui en disent plus long qu’une tirade … l’imprévisibilité est assumée et les agrégats de sons fascinent. Quelle précision ! Ces 47:50 paraissent ardues, étirées, suspendues dans un temps arrêté, devant une porte fermée imaginaire. Et pourtant, une ouverture béante se fait jour et la lumière pénètre insensiblement à travers laquelle on voit léviter les grains de poussière. Le nom du poète Maiakowski évoque en nous le désespoir de la révolution russe qui déboucha sur le capitalisme d’état le plus autoritaire qu’on imagine. Le poète suicidé était lucide et cette qualité profonde transparaît avec une belle évidence tout au long de cette performance. Elle ne sanctifie pas directement l’acte de jouer, elle le resitue au-delà de son immédiateté, dans un temps autre, celui qui s’écoule lorsque la réflexion s’approfondit et que l’écoute de l’espace qui nous entoure nous envahit. Et quand une résonance infime parvient à la conscience, les doigts pressent subrepticement un cluster qui geint en un éclair fracturant le silence… On y trouve l’unisson, des strates, l’euphonie statique et, quand vient l’instant de la disruption, on s’écarquille. Prendre le temps d’écouter pour que … vive un moment, un seul ! Dans la lignée des lower caseréductionniste et pas que… , une musique vraiment très aboutie. 

Three Stories about Rain Sunlight and The Hidden Soil Paul Rogers Olaf Rupp Frank Paul Schubert Relative Pitch RPR 1074

Un bon point pour commencer, ces trois musiciens improvisateurs initient chacun une nouvelle relation d’interaction prometteuse. Deuxième raison valable : enfin ! Il ne s’agit pas encore d’un des sempiternels trios saxophone-basse-batterie qui se suivent et se … ressemblent un peu trop. Avec la guitare multiforme chercheuse d’Olaf Rupp, la contrebasse à sept cordes de Paul Rogers a le champ libre pour ioniser le champ sonore et le saxophone soprano de Frank Paul Schubert peut éclore sa corolle lyrique sans devoir forcer son souffle, comme s’il y avait une batterie pétaradante. En sus, j’informe ou je rappelle que Paul Rogers a développé un travail intense en trio avec une formation identique en compagnie du guitariste Phil Gibbs et du saxophoniste Paul Dunmall (souvent au soprano) durant des dizaines de concerts et de sessions publiées par Duns Limited Editions et FMR, parfois avec un quatrième larron aussi allumé qu’eux. Ce trio, le Moksha Trio en fait, est une des choses les plus déraisonnables que j’ai jamais entendue – début des années 2000). Récemment, Frank Paul Schubert a enregistré trois albums avec Dunmall et culminé avec lui dans la stratosphère dans Sign of the Times (FMR) chroniqué ici-même il y a peu. Il a en commun avec Dunmall une articulation mordante et une sacrée énergie. Olaf Rupp est, sans doute, le guitariste le plus apprécié à Berlin et en Allemagne. Son esthétique n’est pas toujours aisément situable car il joue acoustique avec une floraison de doigtés fascinants et sa palette à la six cordes amplifiée (avec ou sans effets) est si étendue qu’on peine parfois à le reconnaître d’un disque à l’autre. Toutefois, son étonnante précision, son sens de l’ouverture et du dosage, sa virtuosité, sa capacité d’envoyer la purée sans assourdir ses comparses en font un compagnon de choix dans des aventures diversifiées. Trois improvisations complètement libres, Rain (31 :36), Curry (17 :34), Yeast (19 :44) voient les trois improvisateurs jouer avec entrain, énergie et subtilité dévoilant au fil des secondes et des minutes de nombreuses possibilités sonores et interactives en faisant évoluer sans répit et avec une belle constance au niveau de l’écoute les dynamiques individuelles, les propositions, cadences, alternant échanges frénétiques, dissonances acides,  fragilités élégiaques, vagues de timbres compressés, frictions d’accords écartelés, drones électrisées, arco multiphonique, tremblements partagés. La sonorité très spéciale des sept cordes animées par les vibrations des cordes sympathiques de la contrebasse Alain Leduc de Paul Rogers  confère un air de mystère et évoque parfois une vièle du Pamir ou d’Azerbaijan ou encore un Marin Marais sous acide. F-P Schubert fait éclater sa sonorité, mordant l’air agité qui sort du tube comme une nuée de vers luisants dans la nuit. Bassiste sérieux jusqu’au bout des angles, Rogers n’hésite pas à transgresser complètement le pourquoi des choses en transformant son instrument en cithare désaxée d’une autre ère, celle des rêves éveillés. Il transmet le virus de la folie à son collègue guitariste. Olaf Rupp libère immédiatement alors l’ordonnancement des intervalles et des frettes. Celles-ci semblent alors se dilater, s’évanouir, se métamorphosant en archiluth imaginaire, le manche gondolant, les gammes élastiques, en hexaphonique impromptu. À cet instant, le souffle du soprano s’allège et s’élève diaphane dans les airs.
On nage entièrement dans l’univers ludique revendiqué par Derek Bailey. Si on conviendra peut être que cette deuxième longue improvisation recèle des longueurs, c’est le prix à payer pour parvenir à cet état de transe émotionnelle qui méduse notre perception. Une séquence unique en son genre (et qui évoque à merveille la folie du Moksha Trio précité). Plutôt qu’une réussite formelle, cette session incarne brillamment une des vertus intrinsèques de l’improvisation qui s’assume : chercher et trouver de nouveaux territoires, où une part d’inouï et de merveilleux justifie les audaces, lesquelles sont rendues possibles et opérantes par la grâce d’une compétence musicale et instrumentale jamais prise en défaut. 

A Blink of an Eye to the Nature of Things Free Pantone Trio : Manuel Guimaraes Rui Sousa Joao Valinho + Noel Taylor (deux plages) FMR.

Association libre d’un pianiste, Manuel Guimaraes, d’un bassiste, Rui Sousa et d’un batteur, João Valinho, tous trois Lisboètes. Présence fluide d’un clarinettiste, Noel Taylor. Un canevas imaginaire sert de fil conducteur à des improvisations  mélodiques collectives élaborées en rythmes libres. Le batteur manie ses fûts et cymbales avec une belle sensibilité, le pianiste marie secrètement les tonalités, le bassiste électrique alterne les registres. Le matériau tournoie d’une main à l’autre, notes et cadences se partageant et s’échangeant d’une main à l’autre. Le souffle ductile du clarinettiste Noel Taylor vient se loger avec goût dans leurs évolutions durant deux plages. Suivant leurs notes de pochette, le trio décrit sa musique comme une expérience trans-idiomatique avec un caractère expérimental cherchant à explorer quelques approches musicales et des sub-genres depuis le free-jazz jusqu’au classique contemporain. L’improvisation est le vecteur de communication qui les unifie, utilisant le background (substrat) d’écoute actif et passif  en suivant et en générant des notes avec un sens unique et aggrégeant pour que se déroule une forme de composition spontanée en temps réel. Tout est ici entièrement improvisé et sans overdub. Le groupe navigue avec talent à la limite du jazz libre contemporain en se concentrant sur l’écoute mutuelle sans franchir  celle du domaine « non-idiomatique » de l’improvisation libre radicale. On explore essentiellement les notes et leur relations polytonales laissant de côté l’aspect sonore, timbres et textures. Par exemple, le batteur adapte avec souplesse des figures récurrentes qu'il désagrège avec naturel. Musicalement, les trois membres du Free Pantone Trio n’ont pas spécialement un style personnel distinctif original particulier, mais leur savoir-faire musical et instrumental indiscutable, la lisibilité équilibrée de leurs propos créent un style collectif de conversation à trois spécifique, celui du Free Pantone Trio. L’avant-dernière improvisation est une belle conclusion énergique et volatile des précédentes explorations. Le dernier morceau, spiralé sur un ostinato accomplit une belle lévitation et s’étale en questions réponses suivies d’échappées. Cette musique fluide, aérienne, basée sur l’écoute, ravira un public sensible qui veut découvrir la musique libre, sans référence ni parti-pris, car celle-ci est bien rendue avec talent et évite l’excès de virtuosité pour exprimer une réelle émotion. La seule remarque, et elle se veut positive, on entend ici que la guitare basse électrique n’est pas un instrument aisé quand il est mis en avant en respectant l’éthique musicale de ce trio. La musique improvisée est en permanence faite de choix dans l’instant, lequel se renouvelle au point d’user le parcours musical, l’art de l’improvisateur le pousse à maintenir le processus en vie et à le transcender. C’est ce qu’essaie de faire ici le Free Pantone Trio avec une concentration palpable. 

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