22 août 2022

Albert Ayler Revelations 4 CD Box Fondation Maeght 1970 avec Mary Parks, Call Cobbs, Steve Tintweiss et Allen Blairman. Horace Tapscott Quintet Legacies For Our Grandchildren

Albert Ayler Revelations The Complete ORTF Fondation Maeght Recordings
Elemental Records 4CD box avec livre et photos.
https://elementalmusicrecords.bandcamp.com/album/albert-ayler-revelations

En juillet 1970, Albert Ayler n’a malheureusement plus que quelques semaines à vivre avant que son corps soit retrouvé dans l’East River à New York.
Une partie des enregistrements de ses deux derniers concerts des 25 et 27 juillet 1970 furent publiés par le label Shandar sous forme de deux LP’s 33 tours « Fondation Maeght volume 1 et volume 2 ». Ils furent fort appréciés à l’époque, car enregistrés live, ils devenaient un témoignage irremplaçable dès lors que notre héros du free-jazz nous avait quittés. Dès 1969, Ayler collabore avec sa compagne, Mary Maria Parks, une poétesse et chanteuse issue du gospel qui partage ses préoccupations religieuses et mystiques. Invité à se produire par le célèbre galeriste Aimé Maeght (proche de Joan Miro etc…) au siège de sa Fondation à St Paul de Vence les 25 et 27 juillet 1970, il réunit un « pick-up » band de musiciens engagés dans le free jazz, le batteur Allen Blairman et le contrebassiste Steve Tintweiss, ainsi que dans le gospel, le pianiste Call Cobbs, et Mary Maria qui chante, déclame des textes et joue de temps à autre du sax soprano, tout comme Ayler. On retrouve Call Cobbs dans plusieurs enregistrements d’A.A. : Swing Low Sweet Spiritual a/k/a Going Home (paru initialement en 1981 aux Pays-Bas), une plage dans Spirits Rejoice (ESP) et dans le disque Love Cry (Impulse). Quant à Mary Maria, elle collabora avec Ayler sur ses deux derniers albums studios, Music is the Healing Force of the Universe et the Last Album en écrivant toutes les compositions et en en chantant ou récitant les paroles. On entend d’ailleurs plusieurs de ses morceaux ici, parsemés de chevaux de bataille aylériens tels que Ghosts, Love Cry, Spirits, Spirits Rejoice. Parmi les compositions de Mary Parks enregistrées ici, on trouve Music is the Healing Force of the Universe, Birth of Mirth, Masonic Inborn, A Man is Like a Tree, Oh! Love of Live, Island Harvest, Again Comes the Rising Sun, Desert Blood… On trouve aussi ces mystérieuses Revelations jouées quatre fois dans le premier concert du 25 juillet en l’absence du pianiste Call Cobbs. En effet, inexplicablement, Cobbs était présent dans l’aéroport à NYC lors de l’embarquement, mais serait resté attablé à la cafétaria. Il rejoint donc le groupe uniquement pour le concert du 27 juillet dont proviennent les enregistrements publiés par Shandar qui seront ensuite réédités en un seul CD par le label Water.
Daniel Caux, le producteur chargé de la sélection des deux albums Shandar à la Fondation Maeght, a sélectionné des morceaux enregistrés lors du concert du 27 juillet, avec Call Cobbs au piano. Il a écarté tous les morceaux issus de la collaboration d’Ayler avec Mary Parks dont la chanteuse est compositrice à l’exception de son Music is the Healing Force Of the Universe où elle intervient vocalement. Dans une interview, Daniel Caux explique qu’il a voulu proposer les enregistrements d’Ayler qui correspondent à sa perception personnelle de l’artiste, le souffleur révolutionnaire et avant-gardiste révélé par ses albums Spiritual Unity, Spirits, Ghosts etc… déconsidérant tout à fait la musique enregistrée dans l’album Music Is the Only Force Of The Universe et composée par Mary Parks alors que ceux-ci sont intégralement joués lors du concert du 27 juillet. Dans toute l’œuvre d’Ayler, l’influence du Gospel et des fanfares de rue de la « Great Black Music » populaire est indéniablement prépondérante et celle-ci est remarquablement, organiquement intégrée aux innovations sonores et rythmiques du saxophoniste comme on le découvra dans ells et les enregistrements de "In Greenwich Village" (Impulse) et ceux de la tournée de 1966 (Berlin - Lorräch Paris - Stockholm). À l’écoute, quoi qu’on puisse penser de l’apport de Mary Parks dans ce projet, celui-ci se situe clairement dans la trajectoire esthétique d’Ayler. Et il y a une vraie musicalité au sein du groupe. Si je conçois volontiers que le style vocal de Parks, même s’il est inspiré par le gospel, doit singulièrement dérouter le public convaincu du free-jazz pour son côté désuet lorsqu’on le compare à une Jeanne Lee très innovante ou une Julie Tippetts, la chanteuse fait preuve de sensibilité et maîtrise le chant comme une véritable professionnelle. En l’absence du pianiste Call Cobbs lors du premier concert, le contrebassiste Steve Tintweiss fait preuve d’une essentielle fiabilité musicale et d’un sens de l’invention spontanée qui opère une véritable symbiose avec Ayler et sa compagne. Plusieurs contrechants du saxophoniste dans ces instants dévolus aux chants et textes de Mary Parks démontrent à l’évidence à quel point Ayler est un musicien subtil et accompli : il possède un style unique et, comme très peu, un pouvoir émotionnel admirable. Qu’on considère ces morceaux tels que Music is the Healing Force of the Universe, Birth of Mirth, Masonic Inborn, A Man is Like a Tree, Oh! Love of Live, Island Harvest, Again Comes the Rising Sun, Desert Blood, etc… comme un volet mineur de la musique qu’Ayler nous a léguée, soit ! Mais il ne faut surtout pas rayer cela de la carte. La première partie du concert du 25 juillet démontre la pertinence du travail de trois excellents instrumentistes, Ayler, Steve Tintweiss et Allen Blairman qui se décarcassent pour faire vivre leur réunion peu préméditée et la nature intrinsèque transcendantale du jeu du saxophoniste. Sa sonorité extraordinaire et unique sont non seulement ici intactes, mais aussi magnifiées par des instants magiques, comme cette version de Ghosts, assez différente des albums Spiritual Unity, Prophecy et Ghosts a/k/a Vibrations et qui ouvre le CD 2. Ayler y démontre avec une puissance et une authenticité rares, la base musicale « modale » de son jeu usant d'intervalles audacieux, traces probantes de son expérience musicale. Et insistons sur Steve Tintweiss tire son épingle du jeu par sa créativité lorsque le souffleur lui cède l’espace sonore, à l'archet et au pizzicato : ses interventions sont coordonnées par ce qu'implique la mélodie et les choix du saxophoniste au niveau modal.
Suit une version de Love Cry avec A.A. aux bagpipes et qui soudain, tel un orage, hurle au sax soprano dans une rage brötzmanniaque - ou est-ce Mary Parks ? Alternance avec un Desert Blood chanté par Mary et un solo quasi-pastoral et mélodique d’Albert Ayler dans lequel il nous livre les racines gospel de son art (+de 13 minutes) et où ses deux acolytes adaptent leurs contributions avec tact et sensibilité. On retrouve la furie Aylerienne de manière imprévisible dans les trois versions de Revelations (n° 2-3-4) : avec Ayler aux bagpipes au début, on entend Parks déchirer violemment l’espace sonore au sax soprano comme le ferait Peter Brötzmann avec de brutaux coups de langue et des harmoniques sauvages. Après quelques minutes, Ayler la rejoint au ténor avec des suraigus de Dieu le Père et du Saint Esprit ! Expressionnisme free-jazz suivi d’un court contrechant imaginaire gospel aylérien. La version suivante n°3 de Revelations commence par une improvisation mélodique au ténor suivie de près par le pizz du bassiste et ensuite par les envolées de Mary Parks au soprano. Il me semble que ces Revelations n°2 – 3 – 4 serait une suite composée par Ayler lui-même avec des passages improvisés par Mary Parks – cela ne manque pas de fantaisie – , suite interrompue par les applaudissements du public. Des riffs simplissimes s’ouvrent soudain sur une complexité mélodique arborescente, laquelle s’impose dans le Revelations n°4 en révélant toujours plus son invention mélodique naturelle. Et donc pourquoi ne pas intituler ce coffret d’Ayler, Revelations ? C’est largement mérité. Quant à l’improvisation vocale de Speaking In Tongues d’Albert et Mary qui clôture la première partie du concert du 27 juillet (fin du CD 2), elle est vraiment merveilleuse malgré son apparente simplicité.
Pour ceux qui connaissent mal Albert Ayler et voudraient acquérir ses albums les plus remarquables – incontournables, rien de tel que les publications en CD du label ESP (Spiritual Unity, Hilversum Sessions avec Don Cherry, Spirits Rejoice, Prophecy, ou encore New York Ear and Eye Control). Chez Impulse , Love Cry avec Don Ayler, Milford Graves, Alan Silva et Call Cobbs. Et bien sûr , il ne faut pas rater la réédition améliorée par le label Ezz-thetics de ces mêmes enregistrements chez ESP. Spirits évidemment avec Sunny Murray, la trilogie Ghosts, Copenhagen Tapes et les Hilversum Sessions de la tournée européenne de 1964 avec Don Cherry, Gary Peacock et Sunny Murray. Mais aussi les concerts de Berlin, Stockholm, Lörrach et Paris de la tournée de 1966 avec son frère Don Ayler à la trompette, le violoniste hollandais Michael Sampson, le bassiste Bill Folwell et le batteur Beaver Harris, même s’il y a redondance dans le matériel enregistré sur ce double CD. En fait, ce coffret Revelations est un outil formidable pour aller au plus profond du cheminement d’Albert Ayler et la compréhension de son travail. Les CD 3 et 4 contiennent l’entièreté du concert du 27 juillet avec Call Cobbs où on peut encore entendre parmi d’autres merveilles les versions N° 5 et 6 de ces mystérieuses Revelations. La participation du pianiste accentue l’aspect modal du jeu d’Ayler qui entonne Truth is Marching In pour commencer cette deuxième concert, une pièce du répertoire du quintet avec Don Ayler et qui ouvrait le vinyle Shandar – Fondation Maeght volume 2 avec ses suraigus vitaminés en final du morceau.
L’ensemble de ce deuxième concert se focalise sur le saxophoniste lui-même avec une belle prédominance de sa facette gospel, déchirée à de nombreuses reprises par l’urgence émotionnelle de son jeu free explosif. Pour les auditeurs du jazz free, c’est donc une facette reconnue des arts musicaux afro-américains, le gospel et son interprétation vivante au saxophone accompagnée par un pianiste du cru (Call Cobbs rhapsodiant à souhait) intégrée naturellement dans le feeling et la pratique de la musique libre, laissant la place à l’émotion et à l’affirmation culturelle du peuple noir américain avec ses espérances, sa foi dans un monde meilleur et ses contradictions. Mary Parks intervient encore dans Again Comes the Rising Sun (parlé puis chanté), A Man is Like A Tree et Music is the Healing Force of the Universe parmi les chevaux de bataille de la saga aylérienne : Zion Hill, In Heart Only, Spirits Rejoice, Spirits, Spiritual Reunion et ce morceau presque Rock n' Roll, Holy Family qui figurait dans le volume 1 Shandar, à la fois enthousiaste et rageur. Il suffit d’écouter les Revelations n°5 et N°6. Le n°5 dure plus de vingt minutes : Albert Ayler ressasse des fragments de riffs gospel en les écrasant de tout son souffle, puis s’élance dans ces suraigus ponctués de honk grognons qui n’appartiennent qu’à lui et ses sifflements stratosphériques qu’il maîtrise à la perfection et avec lesquels il se lâche comme très peu seraient capables de le faire. Sa sonorité a toujours cette chaleur phénoménale et ce feeling mélodique même dans les phases de jeux les plus « extrêmes » et déchirantes. La longue version de Spirits du CD 4 qui figure après la fabuleuse "Mayonnaise" de Spirits Rejoice est très enlevée et un des points culminants du concert, même avec un Cal Cobbs enjoué et sautillant. Délirant ! Albert s'écarte du thème avec ses harmoniques fantômatiques et sifflées dans l'aigu et revient dessus pour à chaque fois pour le transformer. Thanks God For Women : thème bastringue et chanté (improvisé !) à la gloire des femmes ! On réalise alors quel véritable showman sincère il était, complètement ancré dans la musique et la réalité vécue de son peuple...
Albert Ayler, artiste qu'on voudrait sérieux, avait un réel sens de l'humour et un pouvoir de transcender tout ce qu'il jouait même les choses les plus "banales" comme le faisaient Louis Armstrong ou Billie Holiday. Au crédit du groupe, il n’y eut quasi aucune répétition, comme l’expliquent chacun d’eux dans les interviews publiées dans le copieux livret, lui-même un document incontournable de l’historiographie aylerienne. Les « accompagnateurs » se sont simplement surpassés en réagissant sur le tas au fur et à mesure que défilaient les 28 morceaux pour un total de 3h et demie de musique. Pour information, Allen Blairman qui joue ici avec souplesse et un sens fluctuant du tempo très sûr, a séjourné plusieurs années en Allemagne et enregistré avec Karl Berger et Masahiko Satoh (With Silence/ Enja), Berger et Peter Kowald (We Are You/Calig), Mal Waldron, Manfred Schoof et Steve Lacy (Hard Talk /Enja), Albert Mangelsdorff (Spontaneous/ Enja). C’est dire si cet allumé du free avait du talent ! Il faut faire remarquer que la position des micros de la batterie n’est pas idéale : la prise de sons est signée Claude Jauvert, responsable de nombreux albums BYG et de la prise de son des Second Act of A de Cecil Taylor à la Fondation Maeght publiés aussi par Shandar, enregistrements qui ne brillent pas par leur clarté et leur dynamique. Quant à Steve Tintweiss, il a travaillé et enregistré avec l’exigeant et créatif pianiste Burton Greene (ESP, CBS), et joua aussi avec Sam Rivers.
Elemental Records est le label de Zev Feldman et Jeff Lederer, Feldman étant le producteur scrupuleux et super professionnel du label Resonance Records (inédits de Bill Evans (live),Chet Baker, Sonny Rollins avec Han Bennink, et intégrale des enreg. d'Eric Dolphy pour Alan Douglas). Quant à Elemental, le label a aussi des albums live de inédits de Jimmy Giuffre avec Joe Chambers, Dexter Gordon, Barney Wilen, Woody Shaw et Bill Evans amoureusement réalisés à son catalogue. Il s'agit donc d'une publication digne de confiance et tout à fait estimable. Et le copieux livret est très sérieusement documenté avec des photos inédites, les circonstances exactes de ces deux concerts et plusieurs interviews dont celles de Sonny Rollins, Don Cherry, Archie Shepp, Joe Lovano, Steve Tintweiss, Allen Blairman, David S Ware, Thurston Moore et Carlos Santana. Notes de Ben Young, le concepteur du projet Holy Ghost qui reprend des inédits d'Ayler sur 9 CD's avec un livre passionnant et une boîte et des fac similés luxueux. D'autres concerts "privés" ont été enregistrés la même semaine dans un camping voisin et se trouvent dans le pesant coffret Holy Ghost avec une qualité sonore approximative
Bref, mon opinion est que cette boîte est tout à fait cohérente (plus que le légendaire Holy Ghostcité un peu plus haut du label Revenant) et si vous aimez Albert Ayler, vous n’allez pas perdre votre temps. Il y a là bien des Révélations alors que nous croyons avoir fait le tour de cet artiste inclassable et extrêmement sincère, même en s’exprimant de manière « populaire ». Du Albert Ayler pur jus !

Ce texte est aussi dédié à mon ami KRIS VANDERSTRAETEN, dessinateur en black and white , Aylerophile notoire, percussionniste free inspiré et réalisateur d'affiches et de pochettes inoubliables.

PS : Pour acquérir ce coffret Ayler , il faut passer par un vendeur basé en U.E. comme Souffle Continu à Paris ou Open Door - Peter Schegel qui me l'a livré pour moins de 50 euros hors frais d'envoi. En le commandant via les USA , vous vous exposez à des taxes douanières coûteuses de l'ordre d'une trentaine d'euros.

Horace Tapscott Quintet Legacies for Our Grandchildren Dark Tree DT (RS) 116.
http://www.darktree-records.com/horace-tapscott-quintet-%E2%80%93-legacies-for-our-grandchildren-%E2%80%93-live-in-hollywood-1995-%E2%80%93-dtrs16
Le label Dark Tree documente systématiquement des enregistrements d’archives du pianiste Horace Tapscott et du tandem John Carter et Bobby Bradford, mais aussi Robert Miranda et Vinny Golia. Après avoir publié deux enregistrements avec des groupes plus larges (comme Horace Tapscott with the Pan Afrikan Peoples Arkestra and the Great Voice Of UGMAA – Why Don’t You Listen? DT (RS) 11), voici que Dark Tree propose un excellent quintet qui a très souvent joué à Los Angeles. Excellement capté dans le légendaire Catalina’s Bar and Grill, Cahuenga Blvd à L.A., un lieu qui accueillit régulièrement des concerts de Christian Mc Bride, David Sanchez, Buddy Colette, John Scofield, etc … , le quintet de Tapscott réunit son groupe régulier. Le saxophoniste Michael Sessions, le tromboniste Thurman Green, le contrebassiste Roberto Miranda et le batteur Fritz Wise entourent le leader dans une formation soudée, puissante et cohérente autour des compositions bien charpentées du leader et un Motherless Child chanté par Dwight Trible, lequel chante aussi dans Close To Freedom et Little Africa dans une manière nourrie de la tradition du gospel. C’est donc de l’excellent jazz moderne avec une sérieuse pointe de Coltrane imprégnée de blues dans le chef du saxophoniste Michael Sessions. S’il tient les cadences rythmiques ave une fermeté implacable mais swinguante, Fritz Wise a le don de se mettre en orbite lorsque Sessions prend un solo de sax ténor passionné dans Breakfast at Bongo’s. Plusieurs morceaux dépassent la marque des douze minutes en raison des solos individuels mais les arrangements sinueux et dynamiques sont exécutés au cordeau. Très remarquables interventions du leader au piano, un styliste vraiment original au feeling proche d’un Jaki Byard. Il joue « presque » free à la limite du swing avec une belle manière percussive. Le contrebassiste a un jeu idéal et fait complètement corps avec la musique du pianiste. Dans les trois derniers morceaux, le groupe se focalise sur l’efficacité en resserrant l’interprétation de Close to Freedom (8:24), The Theme (5:36) ) et Little Africa (8 :58), mettant en valeur la construction des compositions de Tapscott et ses improvisations folles mais calibrées au piano. The Theme, justement : signé Miles Davis et morceau final des sets du trompettiste dans les années 50, c’est l’occasion d’un chassé-croisé entre le pianiste et le batteur. Le final, Little Africa est laissé pour la bonne bouche, une synthèse – comprimé de ce que ce quintet a à nous offrir, avec la magnifique et survoltée partie vocale de Dwight Trible qui en transcende toute l’essence. Tapscott étant un vétéran, il est fort à parier que si cette musique avait pu être jouée et enregistrée pour Blue Note dans les années soixante, cet album live serait aujourd’hui une véritable référence. Leur message musical s’adresse avant tout à la communauté afro-américaine, fortement représentée dans le public de cette soirée plutôt qu’aux critiques de jazz ou aux afficionados branchés. Pianiste singulier, Horace Tapscott fait partie de ce lignage de pianistes uniques du jazz moderne comme Herbie Nicols, Sal Mosca, Randy Weston, Jaki Byard et Burton Greene. Donc, un superbe album d’une musique ressentie et vécue par un vrai groupe régulier de la Great Black Music la plus authentique.

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