Sparkling Sessions Copenhagen Jac Berrocal Vincent Epplay Tzarina re-Tuned FOU Records FR CD 60
https://fourecords.com/FR-CD60.htm
Artiste visuel et sonore, cinéaste expérimental multimédia trouble-fête, Benjamin Epplay a établi une collaboration intensive avec Jac Berrocal, le légendaire trompettiste à effets underground qui sévit depuis des décennies en marge du jazz et du post-rock. Ils se sont abouchés avec deux activistes de la scène expérimentale danoise, Jakob Draminsky Hojmark et Jorgen Teller, crédités keys ou sonic snare et vocal, Le Bastard dans un Sparkling Quartet pour 5 morceaux courts en forme de bric-à-brac expérimental électrique sonique réalisés en studio, illuminée par les enluminures éthérées de Berrocal à la trompette. À cela s’ajoute une partie enregistrée en concert pour 20 minutes déjantées. C’est sans façon avec des petits textes paroles en français. Le Concert qui s’étend sur les plages 6,7,8 documente le Sparkling Sextet, soit les artistes précédents rejoints par trois autres : la/le chanteuse/eur Tanja Schlander et Randi Pontoppidan et Per Buhl Acs au synthé. Une belle kermesse païenne, transgression électroïde au croisement de la performance art, du délire situationniste. Avec la voix instrumentale et une solide dose d’écho de Berrocal dans une dégaine de Miles à la punk parmi ce pandémonium faussement hasardeux. Est-ce Randi P ou V Epplay qui parle ? On trafique des sons des voix en écho ou en boucle decrescendo, on bafouille ou vocalise … ça percole … une bien étrange réunion sonique désarçonnante. FOU Records – Jean-Marc Foussat est bien un intrépide producteur de la musique improvisée libre intransigeante, il n'en est pas moins sans œillère, ouvert à toutes les aventures. Dont acte. Et Berrocal est toujours aussi Jac !
Vox Popoli Vox Dei Iva Bittova Ivo Perelman Michael Bisio Mahakala Music
https://ivoperelman.bandcamp.com/album/vox-popoli-vox-dei
Deux cordes , une voix, un sax ténor. À la contrebasse Michel Bisio, au violon Iva Bittova, au sax ténor Ivo Perelman et la voix libératrice de la même Iva Bittova chantant, s’écriant, murmurant, contorsionnant son émission vocale de manière intime, surprenante. Cet album composé de trois longues improvisations met en valeur toutes ses possibilités vocales expressives auxquelles le chant instrumental d’Ivo Perelman répond avec une magnifique inventivité lyrique, tous deux secondés par la contrebasse attentive de Michael Bisio. Ivo et Iva, deux prénoms prédestinés à se rencontrer dans une fascinante mise en commun de sons, de mélodies effilochées, d’improvisations intrépides, de fins dialogues et de dérives poétiques. Des narratifs surgissent de leurs rencontres réitérées comme s’ils s’inventaient des histoires communes, Je ne pense pas qu’on ait jamais entendu Iva Bittova chanter en compagnie d’un souffleur flamboyant d’obédience afro-américaine aylerienne, ni Ivo Perelman jouer avec une chanteuse au moment de l’ enregistrement de Vox Popoli en 2017. Son jeu détient un lyrisme irrésistible influencé par la « saudade » brésilienne. Ceux qui ont entendu parler et chanter le portugais brésilien vont directement identifier ces saveurs en écoutant le saxophone d’Ivo Perelman. Cette qualité vocale trouve un écho empathique et lumineux dans les vocalises délirantes d’Iva Bittova, une artiste exceptionnelle capable de conquérir tous les publics par son art désarmant et universel. C’est confronté à un problème au niveau des cordes vocales et en travaillent le chant, qu’Ivo Perelman s’est convaincu de l’importance de la voix humaine ou féminine. Cette rencontre providentielle est devenue une source d’inspiration mutuelle. Vous ajoutez à cela la complicité du contrebassiste Michael Bisio avec le traitement du violon de la chanteuse et avec les interactions du duo ou de Iva/Ivo dans leurs solos de voix ou de sax ténor avec la seule contrebasse lovée au centre de l'action, vous avez un tiercé gagnant. Les trois musiciens se mettent en valeur avec une réelle spontanéité, car toute la musique est ici totalement improvisée ou si vous voulez composée instantanément. Merveilleux.
Gozd Forest Vid Drasler Tom Jackson Daniel Thompson Sazas Jazz Cerkno ZJC CD 009
https://jazzcerkno.bandcamp.com/album/gozd-forest
Le clarinettiste Tom Jackson et le guitariste Daniel Thompson ont déjà une longue histoire commune avec des collègues comme l’altiste Benedict Taylor, le guitariste Dirk Serries, le trompettiste Roland Ramanan, et un premier album en trio avec le percussionniste Vid Drasler, Nauportus (Creative Sources). Cette dernière collaboration trouve sa continuité dans cette Forêt imaginaire. Les étonnantes micro-frappes du petit bout des baguettes touchant à peine les peaux (bongos ?) offrant un maximum d’espace pour le souffleur et le jeu discret du guitariste dans deux logues improvisations , The First Leaf & the Second Leaf Avec les années, Tom Jackson s’est forgé une voix singulière, une sorte de lyrisme à fleur de peau nostalgique et désenchanté en inclinant ses notes un peu au-dessus ou en dessous de la justesse exacte. Il imprime des lueurs languissantes. C’est pour l’introduction du premier morceau, parce que leurs improvisations virent volontiers à 180° avec les grands écarts contrastés de Daniel Thompson à la six cordes qui propulsent Jackson dans des aigus surpris et sautillants corroborés par les frappes décentrées du batteur. Silence …. Et puis le clarinettiste trace des boucles en solitaire suivi par Drasler qui se révèle petit à petit comme un vrai percussionniste free d’une point de vue conceptuel. Ça manque un peu de folie ( je me réfère à cet égard à Lovens Lytton Muir Turner qui sont vraiment dingues), mais son jeu est très subtil, précis et original. Vid Drasler convient parfaitement pour cette musique de chambre free improvisée qui permet à chacun de jouer égalitairement collectivement pour-que-l’auditeur-n’en-perde-pas-une goutte. Beaucoup de nuances, jeu parfois minimaliste qui respire et exhale l’écoute mutuelle et une grande sincérité. Peut-être aurait-il fallu couper (éditer) pour resserrer le narratif. Mais essayer de jouer ensemble de cette manière est une démarche de recherche dans le temps et la durée, contre le temps et dans l’instant. Et si c’est pour aboutir à ces aigus chatoyants à la clarinette et ce gauchissement subtil du souffle à la fois tendre et élégiaque et soudain en zig-zag. Et ces cisailles de clusters décalés à la guitare qui finissent par chauffer l’atmosphère. Depuis que je suis Daniel Thompson, je deviens enchanté par sa maîtrise de la complexité et son sens du collectif qui sait aussi se distinguer par cette déraison excentrique toute British, laquelle fait sursauter les baguettes de Vid Drasler sur les peaux. Un beau concert de décembre 2023.
The Giving Tree Moving On Ernesto Rodrigues Fred Lonberg-Holm Flak João Madeira José Oliveira Creative Sources CS784CD
https://ernestorodrigues.bandcamp.com/album/the-giving-tree-moving-on
Cela fait des mois que ce remarquable enregistrement stationne sur ma pile de CD’s à chroniquer et à côté de fichiers digitaux rassemblés dans des « playlists » Itunes qui n’attendent qu’à être ingurgitées, réécoutées, disséquées et décrites en quelques lignes de ma part. En fait, avec les albums enregistrés par Ernesto Rodrigues et ses acolytes d’un jour ou de tous les jours pour son label Creative Sources, on a sérieusement l’embarras du choix : c’est sûrement la production d’enregistrements de musiques improvisées libres la plus dense et la plus documentée qui soit. On est arrivé ici au n° 784 avec cette session du 13 mars 2023 et on aborde déjà l’année 2025 avec le n° 849 : le génial cd Double Whispers in the Moonlight du trio de base Nuno Torres, Ernesto et Guilherme Rodrigues, et le n° 854 : Meari Instant Waves avec Ernesto, Jung Jaekim au saxophone et Alvaro Rosso à la contrebasse que je n’ai pas encore écouté. Ces dernières années, je pense avoir eu entre les mains de nombreuses perles, de magnifiques improvisations auxquelles Ernesto, son fils Guilherme et leurs proches amis portugais participent ou des artistes étrangers comme l’incontournable violoncelliste chicagoan Fred Lonberg-Holm. Ces dernières années certains de leurs projets ont rassemblés des artistes tels que Gunther Sommer, Alex von Schlippenbach, Carlos Zingaro, Axel Dörner, Frank Gratkowski, Michael Griener, Floros Floridis, Ute Wassermann, Alexander Frabgenheim, Eva-Maria Houben, Simon Rose en s’écartant souvent fortement de leur trajectoire « réductionniste » « minimaliste » « bruitiste » révélée au début du label en 1999-2000. Ces enregistrements sont très souvent des réussites cohérentes où s’affirment toujours les caractéristiques de l’univers des Rodrigues et consorts en symbiose avec celles de leurs invités. Mais ce qui rend leur travail et leur démarche esthétique essentiel va bien au-delà du fait de s’aligner avec des improvisateurs à la notoriété aussi indiscutable que les Alex, Gunther, Fred, Carlos, Ute etc… . En suivant le travail d’Ernesto son fils Guilherme et ses camarades, Carlos Santos l’électronicien réalisateur exclusif des pochettes CS, les bassistes João Madeira, Alvaro Rosso, Hernani Faustino, le violoncelliste Miguel Mira, les guitaristes Abdul Moi-Même et Flak, les souffleurs Nuno Torres et Bruno Parrinha, le percussionniste José Oliveira etc… se découpe une ligne de force, un projet collectif auxquels se sont joints de nombreux musiciennes et musiciens. Par exemple avec leur Variable Geometry Orchestra ou l’ensemble IKB. Au fil des années, ce noyau d’artistes s’est étendu à une communauté active au Portugal et au-delà des frontières en bonifiant et optimisant son niveau musical et créatif avec la plus grande exigence esthétique et musicale. Aussi le label Creative Sources a servi la cause de nombreux improvisateurs dans toute l’Europe en publiant des centaines d’enregistrements parmi les plus aventureux. On peut facilement imaginer le travail colossal que représente la production de huit cent cinquante compacts en l’espace de 25 ans et toute la générosité et le dévouement insufflés avec un sourire et une simplicité désarmantes. Ernesto et ses proches sont des artistes de la stature des John Stevens et John Russell autant pour leur talent intrinsèque que pour leur intense travail COLLECTIF au plus grand bénéfice de la scène improvisée, œuvre d’une valeur inestimable bien au-delà leur contribution artistique individuelle. D’ailleurs, le premier CD CS001, Multiples avec Ernesto, Guilherme et José Oliveira était dédicacé à John Stevens, ce qui veut tout dire.
Alors cet Arbre « Donnant » qui bouge (en avant) décliné en huit parties fait songer au rêve de John Stevens tel qu’il l’a narré à Victor Schonfield. « Nous avions un saule dans le fond du jardin et j’observais cet arbre, les oiseaux et l’herbe en pensant « Bon, nous (les musiciens du Spontaneous Music Ensemble) pourrions être comme cela ». Nous pourrions être tout proche de la nature, si nous apprenions comment interagir. ». J’entends ici se développer une musique sauvage, d’une grande finesse avec une multiplicité d’attributs sonores, de textures, d’actions instrumentales, vibrations, filetages, grincements, éclats, de magnifiques nuances qui se joignent, se défont, s’évanouissent ou surgissent tout de go, s’agrègent étrangement, accélèrent leur ou sont concassées inexorablement. L’écoute mutuelle est à la hauteur de l’esprit d’à-propos et de leurs intuitions instantanées. Une réussite musicale au niveau des meilleurs albums publiés par CS chroniqués dans ces lignes depuis des années.
Rhapsodic Topologies Udo Schindler Nikolaus Neuser Georg Karger FMR FMRCD646-1222
Trio sans batterie : Udo Schindler clarinettes et cornet, Nikolaus Neuser trompette et Georg Karger contrebasse. 4 Rhapsodic Topologies en forme de trilogues concertés, éclatés, chercheurs, lyriques, étagées en durée longue (22 :26), medium (11 :40) ou courtes ( 6 :50 et 6 :40). Nikolaus Neuser est un trompettiste doué, chercheur – trouveur ès techniques alternatives qui se retrouve parfois confronté avec le cocasse cornet d’Udo Schindler, le commanditaire de cette session concert 21 mai 2022 à la Galerie arToxin de Munich. Udo vocalise dans l’embouchure et le pavillon comme au bon vieux temps. Cela ajoute une couleur bienvenue en forme de bonne humeur qui complète agréablement les effets de souffles et spirales ésotériques de Neuser. Veillant au grain, le contrebassiste Georg Karger décoche les bons traits dans l’entre-deux assurant un lien, un liant dans cette formule en trio réussi(e). D’un morceau à l’autre, on l’entend dans plusieurs registres tout comme ses deux collègues enrichissant la palette de ce trio pas comme les autres. Cette réunion se déroule en se bonifiant au fil de chaque morceau et d’une improvisation à l’autre. Ludique à souhait, parfois lyrique ou dérapage sonore garanti. Au fur et à mesure que je suis les enregistrements d’Udo Schindler avec ses nombreux comparses, je constate que la musique se ramifie, progresse et les échanges deviennent plus fins, plus subtils et plus requérants pour une oreille exercée. Recommandable.
Remarque : vu que Udo Schindler a beaucoup documenté son travail avec un très grand nombre de parutions, je n’ai pas pu trouver de lien pour cet album.
Consacré aux musiques improvisées (libre, radicale,totale, free-jazz), aux productions d'enregistrements indépendants, aux idées et idéaux qui s'inscrivent dans la pratique vivante de ces musiques à l'écart des idéologies. Nouveautés et parutions datées pour souligner qu'il s'agit pour beaucoup du travail d'une vie. Orynx est le 1er album de voix solo de J-M Van Schouwburg (1996 - 2005). https://orynx.bandcamp.com
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27 décembre 2024
Jac Berrocal Vincent Epplay Jorgen Teller Jakob Draminsky Hojmark / Iva Bittova Ivo Perelman et Michael Bisio/Vid Drasler Tom Jackson Daniel Thompson/ Ernesto Rodrigues Fred Lonberg-Holm Flak João Madeira José Oliveira/ Udo Schindler Nikolaus Neuser Georg Karger
Free Improvising Singer and improvised music writer.
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Bonne lecture Good read ! don't hesitate to post commentaries and suggestions or interesting news to this......