14 octobre 2019

Lawrence Casserley Yoko Miura & J-M Van Schouwburg/Assif Tsahar William Parker & Hamid Drake/ Birgit Ulher & Benoît Cancoin/ Daniel Kordick Ken Ikeda & Edward Lucas/ Santi Costanzo/ John Wolf Brennan/ Giovanni Maier Boris Janje & Cene Resnik


Sverdrup Balance : Isla Decepción Setola di Maiale SM3970
Lawrence Casserley signal processing instrument -
Yoko Miura piano - J-M Van Schouwburg voice



Recorded by Michel Rutsaert on the 26 october 2018 in Brussels in live concert at Cellule 133A (tracks 1 & 9) and in studio at Pianos Maene (tracks 2 to 8), Brussels.
The music of Sverdrup Balance is a merging of streams and currents as they flow down mountains, through gorges, valleys and estuaries, across oceans, around and between islands and beneath the surface of the seas, as they interact with the winds that flow above and across the surface.
Three powerful streams - Yoko Miura’s piano, Jean-Michel Van Schouwburg’s voice and Lawrence Casserley’s Signal Processing Instrument merge into a tremendous tumbling torrent that tears through the maelstrom. Each player has a unique musical personality that is clearly stated, but also submerged into our collaboration. The unity and the diversity are the essence of our interaction. The music is in constant flux, both individually and collectively, absorbing each other’s power and sensitivity - creating new flows on many levels.
The balance of all these flows lies between the freedom of the players and the undertow of the rules of engagement. We are all soloists, all accompanists and all parts of the coalescent continuum that enfolds our compound cooperation.
The Antarctic Circumpolar Current, flowing at 125 Sverdrups, is the largest oceanic current, flowing past, around and through the archipelagos and islands. The currents divert, interweave, dive from the surface to the depths and rise again unpredictably, as in our performance we are constantly shifting the perspective between ourselves.

Volcanoes, ridges, crags and ice cliffs tower above the bays and islands, and the ever pervasive current. In the centre, between Neptune’s Bellows and Mount Uritorco we catch a glimpse of the calm of the caldera; a momentary respite from the turbulent streams. This is Isla Decepción.

 

In Between The Tumbling A Stillness Assif Tsahar William Parker Hamid Drake.  Hopscotch HOP 60


Alors que les publications de son label Hopscotch  ont sensiblement ralenti l’allure, la musique d’Assif Tsahar se bonifie avec un réel bonheur. Il était très bon à l’aube des années 2000 lorsqu’il émergea dans le cercle des William Parker, Cooper Moore, Hamid Drake, Peter Kowald etc… Maintenant, c'est exceptionnel ! Je me souviens avoir écouté un superbe album intitulé Palm of Soul qui réunissait Edward Kidd Jordan avec la paire Hamid Drake – William Parker, une des plus géniales associations percussions – contrebasse à l’instar de Blackwell – Grimes, Elvin Jones et Wilbur Ware ou Haden avec Blackwell ou Higgins etc…. Voici un épisode supplémentaire de la saga Drake- Parker avec un souffleur de choix, Assif Tsahar. Assif a un style complètement coulé, moulé, roulé, tourneboulé dans la grande tradition VIVANTE afro-américaine, proche du Shepp du Live at Donaueschingen, de Magic of the Juju, de the Way Ahead etc… On y trouve une bonne dose de Rollins, un zeste d’Ayler, une articulation qui combine aisément glissandos et harmoniques,  un aplomb sans pareil dans l’expression d’un lyrisme échevelé et le ressassement mélodique en variations sans cesse repoussées, une générosité sans calcul, un timbre chaud. Avec Ivo Perelman aujourd’hui, le légendaire Joe Mc Phee, Evan Parker et Dunmall (et d’autres, bien sûr !), Assif Tsahar  fait partie de ces incontournables du saxophone ténor pour ses qualités expressives et sa détermination farouche à tirer le maximum de son biniou. Et cet album, In Between The Tumbling A Stillness associe  les nombreux éléments enthousiasmants de son « discours » - souffle au sax ténor avec tout l’allant, le funk, le swing, la puissance et toutes les ondulations rythmiques de ses deux comparses. Hamid nous fait la faveur d’y mettre un feeling second line Néo Orléanais en diable quand le souffleur évoque le grand Albert vers la minute 34 du premier morceau. Ça devient fantomatique, hanté, possédé, sincèrement « aylérien » dans le deuxième morceau… physique, mordant, un cri de rage… Donc, si vous avez un faible pour l’Archie des grands jours, Sonny Rollins au Village Vanguard avec Wilbur et Elvin, les trios d’Elvin avec Joe Farrell et Garrison, Spiritual Unity et Prophecy avec Albert et Sunny, Booker Ervin avec Richard, Jaki, Roy ou Alan Dawson, rempilez ! Commandez In Between The Tumbling A Stillness chez Hopscotch. Fantastique !!

Electric Green Birgit Ulher & Benoît Cancoin blumlein records

For the recording on May 22 2018, at kapelle 6 in Hamburg Ohlsdorf , Andrew Levine and M/S Ribbon pair (AEA R88 mk2) plus top mounted omni (DPA 4060) and two United Minorities browny microphones as spts, all fed into a Metric Halo ULN-8 3D at 24 bit & 96 kHz and recorded with Cockos Reaper. SRC by iZotope and bit rate reduction by Ditherbox Spatialize. Benoît Cancoin, contrebasse et Birgit Ulher, trumpet, radio, speaker, objects. Ha ! Les sourdines improbables de Birgit Ulher. Sept pièces improvisées dont l’écoute via le compact disc se trouve contextualisée par des techniques d’enregistrement spécifiques. Ces deux musiciens travaillent essentiellement le son, les textures, le mouvement des fréquences, un dosage minutieux du jeu (frottements pour l’un, souffles bruissant dans l’embouchure, grésillements radio, …) pour créer un univers hanté, où un seul  fragment vibratoire instrumental est soumis à de nombreuses variations infimes, minimes, délicates… anodines mais réelles car clairement perçues. Une philosophie radicale du son musical, du détail sonore minuscule, des articulations de timbres rares qui explosent comme des bulles de savon dans l’espace. Une chose est sollicitée ici : l’écoute. Murmures, bourdonnement, drones, apparente insignifiance insigne du signifiant. Le rythme est contenu entre un fragment de silence avant l’instant précis d’un son rare tiré du tube pressuré et/ou la corde tendue et frictionnée  et son éclatement, sa vibration, le geste de la joueuse / du joueur. Quand on presse le débit les deux voix s’agrègent… la tension décolle ou subitement disparaît.

 KILT electroacoustic improvisations Daniel Kordick / Ken Ikeda / Edward Lucas earshots recordings EAR006

Ken Ikeda, artiste sonore électronique japonais installé à Londres depuis plusieurs années, promène sa silhouette dans la scène locale en inscrivant sa marque et suscitant un réel intérêt. On le découvre aujourdhui aux côtés dEddie Prévost (The Whole Moon Rests in a Dewdrop on the Grass. Matchless Records MR CD 99). Tout naturellement, il forme un trio avec Daniel Kordik et Edward Lucas, responsables du présent label earshots. Earshots vient de publier un superbe vinyle solo d’Eddie Prévost, Matching Mix,  et s’affirme comme un label pointu. Kordik est crédité vostok synthesizer, Ikeda DX synthesizer et Lucas joue discrètement du trombone avec un mimétisme subtil et empathique vis-à-vis de ses deux collègues. Ceux-ci forment un couple très complémentaire, dont la très grande palette sonore contraste avec un goût prononcé pour un jeu épuré et ultra-précis. Leur amplification n’envahit pas le champ sonore, mais le fragmente comme un scalpel ultra sensible. Sur ce binôme, le souffle du tromboniste sintègre comme s’il était devenu un instrument électroniqueIl parvient même à se faire passer pour un drone électro-acoustique par la magie de sa voix hululant dans lembouchure sans dévier d’un comma de la note initiale. Sans doute, une des meilleures initiatives électroniques entendues ces dernières années (on pense à Richard Scott, par exemple). Avec eux, le temps se fractionne, sursaute, disparaît ou s’immobilise. Un bel album sans concession.



Santi Costanzo Autocracy of Deception Vol. 1 Setola di Maiale
Javais reçu cet album de guitare ’’solitaire ’’ il y a de nombreux mois et layant écouté et apprécié, il n’était pas rentré dans ma sélection à chroniquer  pour la simple raison qu’il sortait de mon objectif autour de l’improvisation libre. Santi Costanzo s’est crédité prepared and unprepared guitar live electronics. Comme on peut l’entendre sur le premier morceau Improv 1 The Painters Wife, Santi est un solide guitariste avec une belle technique digitale et un sens de la cadence impeccable. Son album présente successivement et alternativement des morceaux intitulés Improv numérotés de 1 à 4 et sous titrés the Painters Wife, Eternal Absence, Burning Like City  et Abstraction numérotés de 1 à 7  et sous-titrés Diver Asphyxia, Untitled, The Professional Dummies , etc… Les Improv sont des improvisations sur des structures mélodico – rythmiques originales et vraiment fouillées. Les Abstractions font état de recherches sonores intéressantes et elles sont nommées ainsi parce quelles évitent le contenu mélodique tout comme lart abstrait évite la figuration. Certaines Abstractions font usage de l électronique  et de multiples effets et transforment les fréquences disponibles sur une guitare et tous ses mécanismes comme un objet producteur de sons. Toujours est-il que son travail est vraiment intéressant et excellemment joué avec de linspiration même si ce nest pas vraiment ludique ou enjoué, ni très improvisé selon mes critères. Les afficionados de guitare électrique pure et intense vont se régaler. L’art de Santi Costanzo se situe à un niveau nettement supérieur que celui de nombre de performers guitaristes que j’ai été amené à devoir supporter en me demandant comment c’était possible qu’ils se fassent engager, dans des lieux ou des événements où ma candidature de chanteur improvisateur n’a aucune chance.  Plusieurs bons points, donc.

John Wolf Brennan Nevergreens solo piano Leo Records
Pianiste de  Jazz irlando-suisse atypique à mi-chemin entre compositions à programme et improvisations libres, John Wolf Brennan est une valeur sûre du catalogue Leo Records tout comme son collègue Simon Nabatov et n’est pas à son coup d’essai en matière de récital de piano en solo : la pochette intérieure du digipack nous montre neuf autres pochettes de ses neufs autres albums solos. Pianiste irlandais installé en Suisse, JWB travaille en profondeur un matériau mélodique à consonance folklorique et modale en instrumentiste consommé. Il exploite avec talent des successions d’arpèges et de doigtés qu’il saupoudre ou même pervertit par de savants décalages ou bien se lance sans embûche dans des cadences complexes et trépidantes. On l’entend aussi au mélodica, à l’arcopiano, au pizzicatopiano, ou au préparé. Une musique très bien faite qui en vingt compositions traverse un paysage – univers du piano intéressant, illustre une démarche réfléchie et démontre un talent indéniable. En ce qui me concerne, je préfère écouter Fred Van Hove, Alex von Schlippenbach, Veryan Weston, Matthew Shipp, Paul Bley, Nicola Guazzaloca etc…  Un excellent pianiste.

Jaz. Drevo – cycles and lullabies Giovanni Maier Boris Janje Cene Resnik Palomar Records 5
Trio violoncelle Giovanni Maier, contrebasse Boris Janje et saxophone ténor Cene Resnik. Enregistrement de Iztok Zupan, un soutien inconditionnel du nouveau jazz et des musiques improvisées en Slovénie et ailleurs, comme photographe, ingénieur du son et producteur du label Klopotek. Et avec quelquun comme Zupan, jai la puce à loreille pour ainsi dire. Et cet album est une belle surprise dinventivité et de cohérence raffinée. Deux cordes souvent jouées à l archet créent une trame subtile dans la quelle sinsère les volutes racées du saxophoniste dont le son se marie parfaitement avec le timbre des cordes frottées. Six  improvisations avec un caractère mélodique affirmé, des envies microtonales assumées et des entrelacs polytonaux autour des huit à dix minutes. Musique lumineuse, poétique et camériste qui prend le temps d’inscrire ses marques avant de s’aventurer dans des tuilages dont les accents staccato se télescopent irrationnellement. Chaque nouveau morceau apporte des éléments complémentaires, des audaces ludiques, des timbres plus éclatés, une articulation plus volatile au niveau du jeu, une approche plus improvisée, des valses hésitations propices à l’invention sonore. Notre intérêt s’aiguise et l’écoute en devient de plus en plus  animée, ravie : notre éventuelle distraction se dissipe et les traces sonores s’impriment dans notre sympathie, notre mémoire. Le lyrisme véritable s’installe.  Ils en profitent pour surnager entre timbres étirés et allusions balkaniques imaginaires, sans forcer le trait dans un climat d’apesanteur. Un travail original et méritant, à la fois suave et clair obscur.

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